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  • Day 89

    京都 - 稲荷伏見、清水寺、高台寺

    November 26, 2016 in Japan ⋅ ☁️ 12 °C

    Le samedi matin donc, on s'est rendus au sanctuaire Inari-Fushimi, dont les célèbres portiques rouges (qui se nomment "torii" - et non "tori" parce que ça signifie "poulet" et que c'est pas exactement ce qu'on veut dire) trônent fièrement sur l'écran de veille du Coolpix L-2000 v1.5 noir parce que c'est trop hipster et que chez Nikon on a le sens du marketing. Alors, dans la tradition shintô ces "torii" ce sont des portails qui séparent le territoire sacré du profane, parce que toujours dans la tradition shintô, hommes, esprits et divinités cohabitent dans le même monde (d'ailleurs j'ai toujours trouvé que Grand-Mère Feuillage résumait plutôt bien l'idée générale à Pocahontas quand elle lui dit "touuus les esprits du monde veillent sur toi, ils vivent dans la terre, l'eau, le ciel, et si tu les écoutes, ils te guideront ! Voilà, Kwé Kwé Natura !") du coup les "torii" te signalent que tu entres sur un territoire où réside un ou plusieurs esprits. Et tu les trouves un peu partout, que ce soit au milieu d'une forêt de montagne où tu n'es arrivé que parce que tu as lu ta carte -qui datait probablement de l'époque Meiji- à l'envers une fois sur deux, ou bien en plein coeur de la capitale entre le QG de Square Enix et la Tokyo Skytree. M'enfin, là..dans le cas du sanctuaire Inari-Fushimi, qui soit dit en passant est le plus grand du Japon, la déesse du riz devait vraiment tenir à ce que les manants du coin ne se retrouvent pas sur son domaine par hasard, là, comme ça, un beau jour de juin, en allant jouer à la pétanque. Parce que bon. On parle quand même de plus de dix mille "torii". Faudrait vraiment le faire exprès. Bon. Bah même avec ça, c'est pas ce qu'on a vu en premier en arrivant. Pour être exact, on a plutôt senti avant de voir, parce que la ruelle par laquelle on accède au sanctuaire est occupée de jour comme de nuit par une multitude de petits vendeurs de dango, de takoyaki, d'okonomiyaki, de taiyaki, de nikuman, de patate douce, de maïs sucré réchauffé au feu de bois, de tofu soyeux, de spécialités au thé vert matcha... J'avais une furieuse envie de taiyaki depuis deux jours alors à la vue de tous ces stands, je n'ai même pas essayé de me raisonner et ni une ni deux, j'ai foncé vers les vendeurs en clamant devant mes condisciples que j'avais besoin de pratiquer mon japonais, là, sur l'instant. Une fois mes obsessions gustatives satisfaites, nous avons poursuivi l'ascension vers le sanctuaire en traversant la zone merchandising également très animée vers 10h du matin. Comme toujours à l'intérieur du sanctuaire, il y avait beaucoup beaucoup de monde. On a du renoncer à en faire le tour en entier, ce qui nous aurait fait une jolie balade de deux heures sur un pan de la montagne, tout simplement parce qu'on était attendus au magasin de kimonos à midi et qu'au Japon, quand on te donne une heure, crois-moi, tu ne veux pas arriver en retard. Ni en avance d'ailleurs, sinon ils ont l'impression que c'est eux qui sont en retard et ça les gêne. (mais la fois où je suis arrivée deux minutes en retard à un cours d'Otsuka-sensei, ses yeux lançaient des éclairs et elle m'a dit "OSOI DESU YO !" ce qui, de toute évidence, n'appelle aucune contestation) Une fois au magasin de kimonos, garçons et filles ont été séparés, chacun a pu choisir son habit depuis la couleur de la ceinture aux motifs des "zori" (les sandales traditionnelles), une dame s'est occupée de mes cheveux, d'ailleurs elle a bien galéré face à tant de noeuds aussi complexes que récalcitrants et après avoir bataillé 2 minutes, a décidé qu'il valait mieux les camoufler plutôt que d'essayer de les défaire (heureusement que je fais pas ça tous les jours, c'est plus des cheveux que j'aurais) Puis une autre dame m'a aidée à enfiler mon kimono, parce qu'avec les 5 couches qu'il y a sous la ceinture, ça devient vite compliqué c't affaire. D'ailleurs tenir la conversation avec cette dame était assez facile vu que, à l'instar de la quasi-totalité des Japonais, elle ne cessait de chercher une occasion de me dire que je parlais fort bien la langue du pays, par politesse j'imagine. Parce que, quand même, parfois ça n'avait aucun sens. Par exemple : -You speak Japanese ? -Maa.., sukoshi dake desu kedo..(eh bien, juste un peu) -Ohhhhh totemo jôzu desu ne !!! (ooohhhhh vous êtes vraiment douée !!!) ... Certes, certes, ma foi, il est vrai que je viens d'aligner quatre mots m'voyez. Bon. Ah oui, et du coup après avoir rassemblé tout le monde et pris des photos de nous posant sans complexes sous une ombrelle pour illustrer le site internet de la boutique, les dames nous ont indiqué la direction du temple Kyomizu-dera (ça veut dire temple de l'eau pure) afin qu'on puisse aller se la péter correctement avec nos nouveaux atours. Et le moins qu'on puisse dire c'est que ça a plutôt bien fonctionné, même un peu trop au final puisque tous les Japonais se retournaient sur notre passage ou demandaient à prendre des photos avec nous, quand on n'était pas purement et simplement le sujet de leurs exclamations (ils pensaient pas qu'on serait aptes à comprendre hahaaa ! mais en fait SI) Les personnes âgées nous regardaient avec beaucoup de bienveillance et parfois nous félicitaient. On savait pas trop pourquoi alors on en a déduit que c'était pour le choix de nos kimonos. Et puis on a été abordés par des journalistes photographes qui nous ont eux-aussi pris en photo après nous avoir posé foule de questions sur notre attrait pour le Japon, ce qu'on faisait là, comment nous était venue l'envie de porter le kimono, quels avaient été les critères pour le choix, et puis à quel point c'était incroyable d'être étudiants de Sophia University (le journaliste espérait pouvoir y faire entrer sa fille) et de voyager ensemble en venant d'horizons si divers (ils faut qu'ils arrêtent de nous lancer des fleurs, on n'a encore rien fait de si exceptionnel)Read more