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  • Day 157

    札幌

    February 2, 2017 in Japan ⋅ 🌫 -6 °C

    Mais comment on a fait pour se retrouver là nous encore. Voilà. Ça, vous voyez, c'est typiquement le genre de question qui demeure toujours sans réponse à l'heure actuelle mais que Marie et moi on se pose très vite et très souvent. Surtout depuis qu'on s'est retrouvées à Hokkaido, à 1155km de notre camp de base tokyoïte. À deux. Sans plan d'attaque. Et puis sans plan tout court en fait. Le vol de Tokyo à Sapporo n'a duré qu'une heure et demie mais c'était assez apparemment pour que le pilote s'amuse un peu - on pense que c'est un stagiaire de la compagnie - parce qu'on s'est mangé de splendides virages accompagnés de turbulences dans leur expression la plus moderne pendant une bonne partie du trajet, enfin moi ça m'a rappelé à quel point j'aimais prendre l'avion. Surtout au décollage, quand tu t'arraches à l'attraction terrestre en écoutant la bande originale d'Avatar en version orchestrale et que tu as un sourire béat et, disons le, franchement stupide, collé sur la face. Et puis l'arrivée aussi, quand on t'annonce 30 minutes avant l'heure prévue qu'on amorce l'atterrissage alors qu'on est encore au dessus de l'océan, que tu te demandes s'ils sont pas un peu bourrés, qu'on traverse une mer de nuages au moment du crépuscule (ce qui est absolument magnifique, je vous le dis, là, comme ça, de but en blanc) et qu'on aperçoit la masse de neige qui recouvre les steppes à l'horizon, très loin en bas. Ah ouais !! Bon, je vous cache pas qu'en arrivant à l'aéroport de Chitose, on n'avait qu'une très vague idée de la stratégie à adopter pour rejoindre le centre de Sapporo. Du coup, on a tranquillement pris un bus qui nous a amenées au terminal de la Sapporo Station, environ une heure après. On savait pas quand est-ce qu'on devait appuyer sur le bouton pour signaler qu'on voulait descendre du coup on suivait notre propre progression sur Google Maps via le téléphone de Marie mais bon, comme internet nous trollait une fois sur deux, je vous avoue qu'on a fait ça davantage au pif qu'en réelle connaissance de cause. On a rejoint notre auberge de jeunesse à pieds (en se basant sur Google maps une fois de plus), en passant par le Wi-Fi des 7-11 disponibles tous les trois mètres vingt-cinq. Alors. 18h30 on arrive. On voit que les check-in en soirée se font après 19h. Forcément, on tente de rentrer quand même et à raison parce que n'oublions pas que nous sommes au Japon. Les gens ne vous mettront jamais dehors, même si vous incarnez le concept d'imprévu à vous tout seul. Le staff est bilingue, vraiment mais vraiment super gentil, accueillant, serviable et souriant, toujours ! L'auberge ressemble à un chalet (surtout avec les douze mètres de neige à l'extérieur, je vous cache pas que ça doit jouer un peu), tout est en bois, Marie et moi sommes dans une chambre-dortoir de filles avec trois lits superposés et un lit simple. À notre arrivée, il n'y avait qu'une Australienne qui y logeait déjà, et puis bon, depuis le temps on ne l'a jamais vue quitter son lit depuis lequel elle demeure scotchée sur son portable. Entre nous c'est un peu dommage de devoir se rendre jusqu'à Sapporo juste pour s'enrouler dans une couette. M'enfin, les gens sont fascinants à observer vous savez. À l'heure où je vous écris, elle a fait sa valise mais deux autres Chinoises viennent de s'installer. Le soir de notre arrivée, on est sorties dans l'optique d'aller dîner dans un restaurant typique. Il devait être plus ou moins 21h mais en fait on n'avait pas imaginé un seul instant que le rythme de vie à Sapporo ne serait pas obligatoirement le même qu'à Tokyo. Du coup ben, on s'est retrouvées dans une galerie marchande semi-désertique avec nos estomacs qui tempêtaient en LV2 kazakh option tamoul. Au final on a fini dans un restaurant népalais à manger des curry indiens en écoutant de la pop rock punk funk sunk jazz manouche. Indé. Ah bah là, y'a pas plus typique. En rentrant à l'auberge, on a fait la connaissance de Herman, un allemand d'origine colombienne qui a un pied-à-terre à Berne en Suisse, il a 59 ans et ça fait dix ans qu'il est backpacker à temps plein. Il a sillonné le Japon du sud au nord pendant deux mois et demi et il s'apprêtait à partir en Corée trois semaines avant de rallier le Cambodge pour y passer deux mois. Il nous a montré les photos de son dernier voyage dans une région reculée du nord de l'Inde. Et puis on a rencontré Keith et Michi. Keith est Taïwanais, on l'a rencontré alors qu'on se brossait les dents sans aucune classe à l'étage, néanmoins on pense qu'il a été séduit par notre capacité exceptionnelle à parler avec du dentifrice et une brosse à dent dans la bouche parce qu'il nous a immédiatement fait un beau debriefing de tous les trucs sympas à voir dans le coin. Et Michi c'est un Japonais dont le charme fonctionne tout à fait correctement sur moi, il voyage seul avec l'envie de découvrir davantage les diverses régions du Japon, mais comme là il en a un peu marre du froid (ben, le climat sibérien c'est... hein, bon, voilà. Des questions? Il me semble que tout est clair) (ben il fait -15° si vous voulez), il a prévu de se rendre à Okinawa lui aussi. Il a l'air assez solitaire mais il est vraiment très sympa. Après avoir constaté qu'à l'auberge ils avaient plein de Rubik's Cube, un jeu d'échecs, un scrabble, un jeu de dominos, des films en japonais, la trilogie du Seigneur des Anneaux, toute une bibliothèque de mangas en VO, une autre bibliothèque comportant notamment sur ses étagères le Trône de Fer et un autre livre dont le titre évocateur traduit littéralement donne "est-ce que c'est juste moi ou c'est de la merde ? Parce que si c'est moi, ça devient clairement de pire en pire", on a planifié quelques trucs pour le lendemain et puis on est directement montées se coucher parce qu'on était un peu déphasées. Et je vais faire un autre post. Mais pas là. Là je vais plutôt aller dormir parce qu'il paraît que c'est ce que font les gens la nuit.Read more