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  • Day 76

    Tourisme (ir)responsable

    March 25, 2018 in Thailand ⋅ 🌙 20 °C

    Voyager est un privilège que nous ne prenons pas à la légère. Vous voyez, avec le chapeau de touriste vient à nos yeux une grande part de responsabilité envers le pays qu'on visite, son milieu, ses gens et sa culture. Des responsabilités que plusieurs ignorent ou décident d'ignorer parce que le but des vacances, après tout, c'est de se sauver de toutes ces responsabilités qu'on a déjà à la maison...

    À Kanchanaburi, nous avons réalisé d'une façon assez brutale merci à quel point beaucoup de gens voyagent en mettant de côté leur compas moral et cette notion de responsabilité.

    Le petit coin paisible et charmant avec lequel nous sommes tombés en amour dès les premières heures de notre arrivée s'est avéré être un endroit où il est possible d'observer un des effets les plus pervers (c'est vraiment le cas de le dire) du tourisme en Thaïlande : la prostitution.

    Le tourisme sexuel est un problème bien connu dans le pays et, à Kanchanaburi, il était très visible. Chaque soir, la petite rue dans laquelle on aimait tant se promener le jour changeait complètement de visage. Ses bars et restaurants se remplissaient de touristes seuls sur le seuil de la retraite (ou de la centaine dans quelques cas) et les marchands de fruits et légumes faisaient place aux « filles de bar », de jeunes Thaïlandaises (souvent trop jeunes) prêtes à offrir leurs services en échange d'argent.

    En début de soirée, on aurait pu croire naïvement que c'était de simples clients qui venaient boire un verre en regardant un match de soccer à la télévision avec, à la table d'à côté, un groupe d'amies revenant d'une journée de travail. Toutefois, pas plus tard que vers les 20 heures, la scène perdait toute ambiguïté et on voyait clairement de quel genre de soirée il s'agissait.

    Ne vous inquiétez pas, nous n'avons rien vu de plus que des mains de vieil homme faire leur chemin dans le bas du dos d'une jeune fille. C'était déjà trop, mais à voir les affiches qui rapellaient aux gens que la nudité est interdite, nous étions soulagés que ce ne soit que ça.

    Puisque nous ne sommes pas des consommateurs de cette industrie du sexe, nous aurions pu simplement fermer les yeux en nous disant qu'il n'y a rien qu'on puisse y faire. Nous aurions pu, aussi, étrangler tous ces hommes, comme nous le criait notre petite voix à l’intérieur... mais nous savons très bien que ça n'améliorerait en rien la situation.

    Que faire alors?

    Nous en avons longuement discuté. Le sujet a fait partie de nos conversations toute la durée de notre séjour et nous en sommes venus à une solution qui nous convenait tous les deux : redoubler d'efforts afin d'encourager les femmes qui gagnaient leur vie autrement qu'en vendant leur corps.

    C'est ainsi que nous sommes allés rendre visite à une dame qui vendait des livres seconde main, avons acheté d'une artisane qui créait de magnifiques bracelets de cuir recyclé, nous sommes procuré un porte-monnaie dans la boutique d'une autre jeune femme et avons acheté notre nourriture dans des stands de rue tenus par des femmes.

    Nous ne sommes pas des consommateurs de cette industrie du sexe, mais nous sommes des consommateurs convaincus qu'ils peuvent, en choisissant comment et où consommer, faire une différence, aussi minime soit-elle.

    Cette philosophie, nous tentons de l’adopter dans tous les domaines. Nous sommes bien loin d’avoir une note parfaite en la matière (on a visité quelques endroits qui n’ont pas la cote du point de vue environnemental et voyagé à moto pendant un mois), mais nous essayons de faire notre part envers un tourisme plus responsable. Les principales habitudes sur lesquelles nous travaillons fort en tant que voyageurs et citoyens de cette belle planète :

    1. Loger, manger et acheter chez des entrepreneurs locaux plutôt que des grandes chaînes.

    2. Visiter autant d'endroits éloignés que de grands centres touristiques.

    3. Prioriser les transports en commun, la
    marche et le vélo (depuis qu'on a vendu Ironman, on est beaucoup plus efficaces sur ce point).

    4. Traîner nos sacs et nos gourdes réutilisables partout pour éviter leurs équivalents en plastique / réutiliser les versions en plastique au moins une fois quand nous ne pouvons pas les éviter (pas toujours évident d’expliquer qu’on ne veut pas de sac dans une langue qu’on ne parle pas ou de trouver des fontaines d’eau potable).

    5. Éviter les attractions qui ont pour tête d’affiche les animaux sans en faire la protection ou la réhabilitation (ex.: randonnées à dos d’éléphant, nager avec les dauphins).

    6. Nous informer et nous éduquer au sujet des endroits que nous visitons pour mieux en comprendre l'histoire, les gens, la culture et les enjeux.

    Ce n'est rien de sorcier, mais c'est parfois facile à oublier lorsqu'on est en vacances. Toutefois, si chaque voyageur en fait un peu, ce sera déjà mieux!

    PS. Si vous avez des trucs et suggestions pour nous, on les veut!
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