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  • Day 36

    Potosi

    September 27, 2016 in Bolivia ⋅ ☀️ 15 °C

    Prochaine destination, Potosi, à seulement 150km de Sucre, mais à 4 000m d'altitude.
    Cette ville est célèbre pour son Cerro Rico, une montagne de minerai d'argent, encore largement exploitée de nos jours.

    Au XVIe siècle la ville et sa région prospérèrent de manière significative suite à la découverte des plus importants gisements d’argent du monde. Potosi devient le principal fournisseur d’argent de l’Espagne à l’époque coloniale. Mais les conditions de travail ne sont pas glorieuses, les espagnols ayant détournés le principe de la mita. Il s'agissait, dans l'Empire Inca, d'un système rotatif de travail obligatoire, principalement pour des projets d'intérêt général. Pour les espagnols c'est un bon moyen de s'assurer une main d'oeuvre gratuite et permanente. Ils obligent le travail dans la mine sur une période de 3 à 6 mois. Pas besoin de payer le mineur car il décède généralement avant la fin de son service !
    Vers 1800 les ouvriers se mirent à travailler en coopérative, aujourd’hui chacun est à son compte. Les mineurs exploitent les mines de façon artisanale et dangereuse pour trouver un peu de plomb, de zinc et d’argent.

    Un mois avant notre visite un fait marquant a bouleversé le pays. Pendant plusieurs jours des mineurs ont bloqué un axe routier important pour demander une réforme du droit du travail et le droit de se réunir en syndicats. La grève prend un tournant dramatique quand des mineurs enlèvent, séquestrent et battent à mort le ministre adjoint de l'intérieur venu pour ouvrir le dialogue.

    On a longtemps hésité à faire ou non la visite des mines pour des raisons étiques. Et puis on est rentré dans le bureau de l'agence Big Deals, tenu par des anciens mineurs. Ils nous parlent franchement des conditions de travail, et de comment se passe la visite. Une partie du ticket d'entrée et reversée à une association d'aide aux familles de mineurs, pour acheter des produits de premières nécessités. Toutes les personnes de cette agence (sauf la secrétaire) sont des anciens mineurs qui ne peuvent plus travailler pour des raisons de santé. Ils ont tous leur propre histoire avec la mine qu'ils partagent avec passion. La première personne qui nous accueille à commencer à travailler quand il était enfant, aujourd'hui il a de grave problèmes pulmonaires. Rien n'est mis en place en terme de santé, pas de centre de soins spécifiques, rien. On fait la visite un samedi, jour où peu de mineurs travaillent. La visite commence par le marché où ils viennent petit déjeuner et acheter ce dont ils ont besoin pour travailler : de la coca (car une fois dans la mine ils ne prennent aucune pause repas), et de la dynamite. On est assez surpris du prix de leurs "outils" de travail, qui représentent quasiment 1/3 de ce qu'ils gagnent. C'est pourquoi les agences incitent à acheter quelques bâtons de dynamites, pour les donner pendant la visite. On a aussi été surpris par les salaires, bien supérieurs au salaire moyen en Bolivie. Mais ce n'est pas vrai pour tous les mineurs, car comme chacun travaille à son compte ils se "partagent" l'exploitation du Cerro. Certains coins sont plus ou moins riches en fonction du type de minerais qui s'y trouve.
    On visite ensuite un des centres où les minerais sont traités. Enfin direction la mine. On y reste quasiment une heure, ce qui est largement suffisant pour nous! À l'intérieur c'est un véritable labyrinthe, il y a des galeries partout, en haut, en bas et dans toutes les directions. Il y a peu près 80 entrées différentes. Avant de prendre une direction notre guide écoute longuement d'où proviennent les bruits. On rencontre deux mineurs, qui sont contents de nous voir car ils savent qu'on ne vient pas les mains vides. Cela tombe bien un des mineurs avait besoin d'un bâton de dynamite pour continuer. On discute très brièvement avec eux, mais on ne s'éternise pas pour les laisser travailler tranquillement. On poursuit la visite quand on entend un des mineurs crier, puis quelques minutes après la détonation de la dynamite. Ils crient pour prévenir les autres, puis font péter le bâton. Ils ont environ deux minutes après avoir allumé la mèche pour se mettre à l'abri. Ils sont super rapides à l'intérieur, nous on avance lentement en se cognant un peu partout, eux sont comme des ninjas, et passent d'une galerie à une autre avec une agilité surprenante. Avant de sortir on va voir El Tio, le protecteur de la mine, à qui les mineurs font des offrandes de tout type. On goûte leur alcool à 98°C qu'ils boivent durant les offrandes. Étonnamment cet alcool n'est pas si mauvais que ça. Quand la visite prend fin, je suis contente de voir la lumière du jour et la sortie de la mine, et nous ne sommes resté qu'une heure ! Nous n'avons pas croisé d'enfants travaillant dans la mine ce jour là, mais ils estiment qu'il y a 800 enfants sur les 14 000 mineurs.

    On visite ensuite la Casa de la Moneda, construit 1572 par la couronne espagnole. Toute les chaînes de production industrielles, des mines à la Frappe royale, ont été conservées. La visite est vraiment très intéressante, et on peut apprécier
    les avancés technologiques et mécaniques.
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