Satellite
  • Day 228

    Au revoir le Chili !

    August 20, 2020 in Chile ⋅ ☀️ 16 °C

    On dit que même les meilleures choses ont une fin.
    Le visa touriste de Flo, prolongé au maximum, arrive à échéance. De plus, on sent poindre dans nos jambes l'envie de reprendre la route, de se remettre en marche pour savourer le défilé des kilomètres. On fait un survol de nos possibilités ; c'est bien maigre. Provenant d'un pays classé à haut risque de Covid (dans le top 10 mondial), les seules frontières qui nous sont encore ouvertes sont celles de la Suisse! Tous les autres pays se protègent massivement. Bien, ce sera la Suisse donc, avec une quarantaine à l'arrivée, et de là, on avisera!
    Malgré l'envie de repartir marcher, on se sent déchiré de devoir quitter le Chili, et surtout les gens qui nous ont si bien accueillis, avec qui nous avons tant partagé! On fait nos préparatifs de départ, il faut rendre la maison et toutes les affaires qu'on nous a prêtées : c'est une excuse parfaite pour revoir tout le monde! On savoure pleinement les dernières soirées, on remplit nos sacs de paltas, de pisco et on moissonne une pleine cargaison de souvenirs...
    Vient le jour où il faut monter dans le bus (en retard), puis c'est la route jusqu'à Santiago, 6 heures durant lesquelles on se replonge dans notre séjour à Ovalle... On apprend pendant le trajet que la ville va être mise en confinement total deux jours plus tard! On s'échappe de justesse... La mise en confinement des deux grandes villes de la région 3 semaines plus tôt a provoqué un afflux de vendeurs ambulants, d'acheteurs et de commerces fuyant les quarantaines qui ont submergé la ville d'Ovalle ; il y a un monde fou dans les rues depuis quelques semaines. Le seul moyen de limiter les déplacements est d'imposer le confinement, où il faut un permis pour circuler en ville, même pour les achats essentiels... Et nous, on s'en va juste avant. On a un peu l'impression d'être des déserteurs, quand même...
    Ce bus interminable finit par arriver à Santiago, après un arrêt aux portes de la ville où on contrôle notre passeport sanitaire ainsi que la raison de notre présence dans la capitale. Le billet d'avion fait office de laissez-passer mais nous avons également un sauf-conduit de l'ambassade suisse, au cas où. Nous traversons une ville immense qui se déconfine depuis peu, les rues sont littéralement envahies de gens masqués, sensation de fourmillière oppressante, on se jette dans un taxi (assis uniquement sur la banquette arrière pour garantir la distanciation sociale) qui nous emmène jusqu'à la maison de mes parrains, Juanita et Pancho. Salutations du coude, on garde les masques dans la maison jusqu'au repas, puis on les oublie joyeusement et on trinque à notre voyage et à ce pays si chaleureux! Pancho vient nous offrir encore quelques (excellentes) bouteilles à ramener absolument ; on doit jouer au tétris pour tout caser dans nos sacs à dos!!
    Le lendemain, nous découvrons un aéroport international presque vide, seulement 3 vols sont annoncés pour la journée (dont un d'annulé) (pas le nôtre, heureusement!), il n'y a pas de file au guichet d'enregistrement où nos sacs remplis passent de justesse! On passe la frontière en se bagarrant un peu avec les douaniers pour des questions de paperasse, on déambule dans le terminal presque vide, les magasins sont fermés, grilles baissées. Finalement, on peut monter dans l'avion.
    Enfin, Flo le peut, parce que moi, j'ai de la température (38,6°C quand même...) et on me refuse l'accès à bord. La sympathique hôtesse, franchement flippée, me raccompagne en disant qu'il va falloir débarquer Flo et nos bagages. J'essaie d'argumenter que j'ai dû attendre le contrôle de température derrière une vitre en plein soleil (gros effet de serre!!), que je porte un masque noir, j'enlève la jaquette, me coule sous la climatisation, essaie de me refroidir par la pensée!! Les stewards ont un doute, ça téléphone à tout va, on me demande de ne pas bouger de mon banc, enfin de l'animation dans ce terminal vide! Pendant ce temps, Flo, déjà dans l'avion, tente de descendre sans provoquer une panique à bord. Les hôtesses de l'air ouvrent de grands yeux en apprenant qu'elle accompagne un passager qui a 38°C de fièvre! Elle doit attendre à la porte de l'avion pendant qu'on va prévenir le commandant de bord. De mon côté, les stewards me reprennent la température : 36.8°C! Quoi?! Alors, re-téléphones partout ("Mais oui, il avait 38°C il y a cinq minutes et maintenant 36°C, on fait quoi?"), ça s'agite pendant que j'attends toujours sur mon banc puis ils m'informent que, du coup, ils n'ont pas de raison valable pour me retenir. Ça soulage tout le monde, surtout nous! Le temps de récupérer ma carte d'embarquement, je rejoins Flo à la porte de l'avion, à côté de l'hôtesse qui l'informe qu'elle peut respirer à nouveau. On se coule dans nos sièges et on reprend connaissance quand l'avion finit par décoller (même pas en retard!).
    C'est alors qu'on réalise qu'on est en train de quitter le Chili, et qu'on laisse derrière nous tous ces gens rencontrés, mais on emporte avec nous, au milieu des bouteilles de pisco, tellement de souvenirs puissants et de moments précieux gravés au plus vrai de nous. Merci infiniment pour tout cela! Le Chili nous salue avec une magnifique vue de la Cordillère des Andes et ses sommets enneigés.

    L'arrivée en Europe passe par l'aéroport de Paris, qui nous marque par son intense activité, en contraste complet avec celui de Santiago. On enchaîne avec le vol pour Zürich (pas problème de température cette fois-ci!) et on se retrouve, sans trop comprendre comment, en Suisse. Alors que d'autres pays sécurisent sanitairement les frontières avec des militaires, la Suisse a opté pour un joli panneau, qui indique qui doit faire un quarantaine en entrant. Nous quittons alors l'aéroport de Zürich (tellement lustré qu'il en brille, avec ses énormes publicités pour des montres) pour nous rendre dans un petit village voisin, où nous allons faire notre quarantaine. On se perd dans le village (!), on tourne un moment, épuisés, hagards, avant de trouver le logement, très coquet. Un rapide salut à distance avec les proprios et on s'effondre dans le lit, dévorés de fatigue.
    Au programme de cette quarantaine : dormir pendant 10 jours!
    Read more