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  • Day 186

    Au pays des montagnes domestiquées

    September 12, 2019 in China ⋅ ⛅ 21 °C

    En Chine, on gravit les montagnes comme on va au centre commercial : muni de son "téléphone intelligent". En effet, vous pourrez toujours acheter un pique-nique, des vêtements, un sac, des bâtons ou même des chaussures de randonnée jusqu'au dernier moment, dans un des magasins au pied des montagnes, mais sans téléphone ni moyen de paiement, vous n'irez nulle part !

    Mon approche puis mon ascencion du "Hua Shan" a en effet consisté à prendre : un metro, un train rapide, puis une fois arrivée dans le parc "naturel", une navette, un bus puis un téléphérique avant de commencer à proprement parler la montée. Et, n'ayant toujours pas réussi à installer "WeChat" sur mon telephone (le WhatsApp chinois, qui est aussi l'un des principaux sinon parfois l'un des seuls moyens de paiement possibles), plusieurs achats de tickets étaient compliqués !
    A noter aussi que parmi les nombreuses barrières et files à franchir pour ces étapes - et qui donnent l'impression d'être à Disneyland - j'ai du, en plus de faire scanner mes billets par plusieurs personnes, fournir mes empreintes digitales. Le gouvernement chinois saura donc, entre autres, que je suis entrée dans le parc à 10h43...
    Quelques minutes plus tard, d'autres employés sont chargés de réguler le flux des passagers du téléphérique puis d'indiquer le début du chemin. Au moins, la "randonnée" est créatrice d'emplois !

    Jai trouvé l'aller si compliqué qu'au retour je remplace le téléphérique, le bus, la navette, le train et le métro par... une longue descente par des escaliers puis par un bus. C'est long mais au moins je n'ai plus qu'un seul moyen de transport à utiliser. Je me sens ainsi un peu plus actrice du trajet que consommatrice de toute une gamme de solutions de transports publics.

    Sur le site, puisque c'est tout de même pour lui que l'on vient, ce ne sont que des marches, avec... beaucoup de monde dessus ! Les aménageurs se sont même amusés a créer des marches très pentues, presque verticales, pour susciter je suppose quelques frissons d'aventure sur ce site bétonné. Il faut se mettre dans une file pour les emprunter et ensuite c'est... festival de photos souvenirs ! Pour ma part, pas question de refaire la queue... Je trace plutôt et me faufile entre les gens pour admirer les superbes vues depuis plusieurs sommets, pour les quelques heures dont je dispose avant de rentrer à Xi'an.
    Même lorsque je crois avoir trouvé un bon coin pour ma pause pique nique, des touristes viennent toutes les quelques minutes se placer entre la vue et moi pour des selfies. La "randonnée" fait aussi passer par plusieurs restaus et échoppes et est ponctuée par de nombreux temples (dans lesquels, malheureusement à cause de ma tête fe non Chinoise, on me défend d'entrer... 🙁), reposoirs, bancs, toilettes... On trouve même une carte de tous les WC de la montagne ! Bon en l'occurrence je ne m'en plains pas, comme j'en visite la plupart (encore un peu malade...). Mais franchement, ils auraient pu économiser quantité de barrières et de panneaux "attention", que l'on retrouve aussi toutes les 10 marches...

    Bilan/débat ? Cette "domestication" ouvre sans doute la montagne au plus grand nombre, mais sans non plus la rendre accessible à tous les portes-monnaies... La sortie à la journee m'a coûté 346 yens, soit 45€ (30€ de transports, 15€ d'entrée dans le parc) ce qui pour la Chine est assez conséquent et peut aussi sembler excessif aux yeux d'un Francais qui voulait simplement "marcher en montagne"... Alors, barder la montagne d'infrastructures pour la rendre accessible, sécurisée, confortable, une bonne idée ? Et à quel prix, à quel coût ?
    Tout en gardant en tête le contexte : les montagnes sont avant tout ici des lieux de pèlerinage (bouddhistes ou taoïstes) qui attirent donc des visiteurs de tout âge et de toute condition... Vos avis? Pour ma part vous l'aurez compris, je reste sceptique. Même si les paysages étaient très beaux, je ne me suis pas sentie un seul instant en nature et ai vécu cette journée plus comme une observation sociologique participante que comme une véritable randonnée ... Fausse rando ou pas, les plus de 1600 mètres de descente en escaliers m'ont laissé de mémorables courbatures... La transition entre vélo et marche est toujours aussi délicate.

    PS : Pensée à Pilou Pilou, un Montpelliérain féru de rando rencontré au Laos, mais que l'artificialisation des montagnes et le contrôle digital permanent ont fait fuir la Chine !
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