Cerro León

La journée commence sur les chapeaux de roues lorsqu'au bout d'une trentaine de kilomètres, la famille qui nous a pris en stop percute un ñandue (aussi appelé choique) qui a traversé la route au dernier moment. Heureusement, plus de peur que de mal et l'animal s'en est sorti indemne. C'est donc l'occasion pour moi de vous parler de la faune patagonienne que j'observe au bord de la route depuis hier. Les ñandues, ce sont des sortes d'autruches sauvages qui galoppent dans les steppes. Mais l'espèce la plus représentée est définitivement le guanaco, à ne pas confondre avec le lama où le vicuña. Contrairement aux deux autres, le guanaco est la seule espèce qui crache. De plus, même si je n'en ai pas vu pour le moment, il paraît qu'il n'est pas rare de croiser des tatoos traverser rapidement la route entre deux voitures. Enfin, le grand prédateur de la Patagonie est le puma, que je traque attentivement chaque jour dans l'espoir d'en apercevoir un. Tout cela fait qu'entre les animaux qui surgissent de nulle part, les nombreux trous qui se dévoilent au dernier moment, et les éclats sur les pare-brises provoqués par les portions non goudronnées, peu de véhicules sortent indemnes de trajets sur la Ruta 40.

Nous arrivons tout de même en fin de matinée à Perito Moreno, la ville d'où sont originaire Claudio, Verónica et leur fils Gustavo. Et avant de nous laisser, Claudio, plus connu sous le nom de "Chefcito Ratatouille" 👨‍🍳, nous ouvre spécialement pour nous les portes de son foodtruck afin de nous préparer un sandwich de lomito pour la route (qu'on mangera en fait tout de suite tellement on avait faim 😋). Nous marchons ensuite 2 kilomètres pour sortir de la ville où s'en suit une très longue attente. La circulation est inexistante à tel point que je passe plus d'une heure allongé sur la route sans croiser une voiture. L'avantage de cette position, c'est que cela m'évite d'attendre dans la terre et que je suis moins en prise au vent.

Vers 15h, on aperçoit enfin un camion soulevé un nuage de poussière au loin. On lui fait des grands signes et jackpot : il s'arrête ! Cela marque le début d'une merveilleuse après-midi passée aux côtés de Mauricio. Mauricio, c'est un chilien qui est parti à 16 ans de chez lui avec un sac et une soif d'aventure et de découverte du monde. Il est arrivé dans un garage où il a réussi à réparer un vieux camion à l'arrêt depuis plusieurs mois. Le gérant l'a alors embauché et lui a fait passer le permis. Depuis ce jour et maintenant plus de 30 ans, Mauricio sillonne les routes du continent : du Brésil au Chili, de l'Argentine à la Bolivie et de la Colombie au Pérou. Voyager avec lui, ça ne fait qu'accentuer le sentiment de LIBERTÉ indescriptible qui m'envahit sur cette route, kilomètres après kilomètres, au milieu de tout ce vide et de ces grands espaces où le puma est maître. Vous vous posez à l'avant du camion et vous observez le néant patagonien pendant des heures et des heures sans jamais vous lasser. C'est exactement le genre de trajet où vous montez fatigué dans le véhicule, vous ne fermez pas une fois l'œil de la journée, mais vous redescendez totalement apaisé comme à la sortie d'une longue sieste.

Toutefois, toutes les bonnes choses ont une fin. Nous arrivons en début de soirée à Gobernador Gregores où l'on regagne l'hosteria Cañadon León pour la nuit, une institution que les autostoppeurs de la Ruta 40 se transmettent de bouche à oreille. Et c'est vrai que cela vaut le coup lorsque l'on voit la qualité des chambres pour 10€ avec le petit déjeuner (visiblement très copieux) inclus !Read more