Barbados
Hastings

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Travelers at this place
    • Day 86

      Transat, partie 3

      January 24 in Barbados ⋅ 🌬 27 °C

      19 janvier 3h36
      Le vent s'est stabilisé toute la journée autour de 22 noeuds environ pour repartir en soirée. Après avoir aperçu des voiles au loin, je contacte le bateau à la radio sur le canal d'urgence. Comme on porte à 25 milles max avec notre vhf, on peut discuter sur le canal d'urgence sans risquer de gêner quiconque. C'est un bateau allemand, le ... qui navigue comme nous en direction de Barbade. Ils nous disent qu'ils ont des fichiers météos qui arrivent pour 19h, ils nous rappellent à ce moment là.
      Ils nous racontent alors que ça fait ressoufler fort dans la nuit pour baisser au matin et ça jusqu'à dimanche où ça sera un peu la guerre, pour se calmer lundi, on est actuellement jeudi quand on discute. Autrement dit régime full vitesse, voiles réduites et bateau pas confort pendant 3j. Une chose est sûr, on va bien avancer et on peut commencer à espérer une arrivée en 15j de transat.
      Ce qui est dur c'est qu'Elsa ne réagit pas bien du tout aux conditions rudes, son stress la gagne et elle le transmet très fort. Faire équipe avec elle pour la cuisine et dans la chambre est fatiguant, il faut aller dans son sens en permanence, la rassurer ou l'écouter pour les choix de nourriture. Pire, quand on est à plusieurs, la voir craquer au bout d'un jour quand on sait qu'on va s'en prendre 5 comme celui ci, ça fait mal et ça cristallise nos pensées sur ça. Quand on est tous les deux, elle me parle de sa peur du bateau, de le piloter, de la vitesse, ... Et la peur c'est la pire des ennemies, elle s'immisce petit à petit dans ma tête et vient faire valdinguer mes certitudes une à une. Après tout c'est vrai, qu'est ce que j'en sais que le bateau se porte bien, que y'a pas de risque de casse ? Et ces questions résonnent en moi en même temps que le bateau vibre pendant ses grosses prises de vitesse, m'empêchant encore plus de dormir.
      Au final, en étant couché à 20h30 et avec un quart à 3h00, je pense que j'aurais dormi 3h en tout, pas mal mais va falloir mieux faire pour tenir les prochains jours.

      Quand j'arrive en quart, Elouan est à la barre tout sourire et je tarde pas à sourire avec lui. Y'a du gros vent et des grosses vagues, mais c'est aussi là où je prends le plus de plaisir. Le bateau fuse et barrer a réellement un intérêt, c'est dans ces moments qu'on se sent le plus vivant. Quand à 4h du matin, dans la lumière du peu d'étoiles encore visibles, je me couche sur la barre pour compenser l'influence de chacune des vagues. C'est dans cette posture qu'on atteint les records de vitesse du bateau, le bateau surf dans le creux de la vague en accélérant fortement, j'ai eu l'occasion de voir 12,6 noeuds au speedo, belle bête. Je discute avec Elouan le reste du quart, puis avec Gervais quand il se lève et on se marre bien. Ça m'a vraiment fait du bien ce moment ensemble après le petit stress qui au final n'avait pas lieu d'être avec Elsa. On a pris nos dispositions pour que le bateau ne reçoive pas trop d'efforts, qu'on garde une certaine stabilité et qu'on avance, c'est le must.

      20 janvier 6h10
      Au réveil en regardant le téléphone satellite pour voir si Nils nous a répondu, le téléphone ne détecte plus notre carte SIM. Autrement dit, on ne peut plus contacter personne pour le moment. Je tente plusieurs fois de l'enlever, de la remettre, de sécher l'intérieur au cas où il y aurait eu de l'humidité, mais rien n'y fait et il refuse toujours de lire la carte. C'est particulièrement problématique pour nos chères familles, on leur a assuré des nouvelles fréquentes et de pouvoir nous suivre à l'AIS. L'AIS ne donne pas d'infos fiables, et le téléphone fonctionne plus. Bombard lors de son aventure où il se rend naufragé pour prouver qu'on peut vivre en buvant eau de mer et eau contenue dans le poisson explique qu'il ne prend pas de poste émetteur justement pour cette raison. En cas de casse, il ne veut pas que sa famille panique ou qu'on vienne le chercher. Il reste encore 5j au minimum de voyage, j'espère que nos familles ne stresseront pas trop. Mes chers parents, de mon côté tout va bien actuellement, on fait de la voile et plus seulement de la bronzette au soleil et ça me fait le plus grand bien.
      J'essaye de contacter à la radio le bateau des allemands, ils nous avaient dit de les appeler s'il y avait quoi que ce soit. Malheureusement ils sont hors de notre portée, on ne peut pas faire grand chose si ce n'est d'attendre d'arriver et espérer.

      Je me mets à potasser un bouquin de météo afin de perfectionner mon approche de la voile, surtout sur le long terme. Gerv a "la bible", un bouquin presque de physique théorique appliquée à la météo et à la stratégie marine. Il ressemble dans sa forme à un bouquin de prépa, ça à l'air franhement indigeste. Je me penche en premier sur un résumé d'une centaine de page. Ça reprend les fondements des mouvements fluides de la planète, à différentes échelles, tout en expliquant les phénomènes avec des graphs. C'est top parce que ça fixe mes idées sur des concepts que je connaissais mais que j'avais pas assez en mot.

      Dans l'aprem j'avais mis une traîne histoire de dire et on avait pris les paris avec Paulo et Gerv sur la rapidité avec laquelle ça allait mordre. J'ai dis 2h, Paulo 1/2 journée et Gerv l'americanos 4j. La traîne a mordu en 4h, j'ai eu le zen le plus fin dans l'histoire. Je la remonte illico avant que la nuit tombe, c'est notre plus grande prise à vue de nez, une magnifique dorade coryphéne de 1,05m. Le plan de jeu de société se meut en Damona Poissonniers and Co, deux à l'evidage, un pour lever des filets, un autre pour couper des steaks et un pour tout nettoyer, l'organisation est allemande. Au repas, on se marre bien avec notre dorade au chorizo en discutant des prénoms de nos futurs enfants. Pour Gervais ça sera Gwenen et il a pas son mot à dire dessus.

      21 janvier 2:12
      Réveil 1h, je sors la tête de la descente pour checker un peu et j'me fais fouetter par la pluie. Retour dans la cabine pour s'habiller en conséquence, une fois tout vêtu de plastisque, je retourne voir Youen sur le pont. Il me dit qu'il vient d'essuyer un grain avec 37 noeuds. Autrement dit c'est pratiquement le maximum de ce qu'on a subi depuis le début de notre aventure. Le bateau est toujours voilé pour supporter la baston, il tient et manoeuvre bien dans le gros vent. La pluie passe, le nuage aussi, le vent retombe à 15 nœuds. C'est la dance de l'anémomètre qui accompagne notre zone de navigation. Les différences de températures entre l'air et l'eau (28,7°c actuellement, ça fait longtemps que j'me suis pas baigné, ça manque), créent des courants ascendants, à force, des nuages s'accumulent quand le taux d'humidité dépasse 100%. Le phénomène s'auto alimente, les courants de vent en altitude déplace tout, de l'air froid plus dense que l'air chaud qui monte le remplace, créant des vents violents. Lorsque le nuage est bien formé, il peut devenir instable et donc de générer de la pluie, voir des orages si il y a un trop grand déséquilibre électrique. On passe donc de passage de vent assez léger d'environ 15-16 noeuds, à des passages à 30, 32 voir 37 nœuds. Et quand y'a 37 noeuds et wes vagues de 4m de haut, il est nécessaire qu'il y ait quelq'un à la barre, autrement le pilote auto fait de son mieux mais peut ne pas gérer l'accélération et le surf dans la vague et nous envoyer dans le décor. Le phénomène est hyper visuel, suffit de regarder ce qu'il se passe derrière nous (comme le vent vient de l'arrière eheh), on voit les gros nuages gorgés d'eau (bien sombres) arriver sur notre fiffe. Autrement dit, on veille au grain.

      Aujourd'hui j'me suis rendu compte d'à quel point j'étais habitué à cette vie, on est depuis 4j dans les plus grosses conditions depuis le début du voyage mis tout est bien réglé et notre vie est devenue normale. Pratiquement pas de voile pendant la journée de mon côté, tout est carrément banal. On y réfléchit avec Paulo et on se demande si on aura le même effet en arrivant à Mindelo après 7j, ou alors on sera blasé. Cette après midi on a fait que jouer aux jeux de sociétés, on a fait un gâteau, écouté des podcasts sans pendre en compte que le bateau fait des +20 -20° en latéral dans les vagues les plus grosses qu'on n'ait jamais vu. On s'habitue à tout. Parfois en regardant les vagues on se dit que si les gens qui nous suivent se rendaient compte de leur taille, ça serait la panique permanente. Gervais nous dit que Viviane voudrait qu'il rentre illico. Ce matin c'était le plus impressionnant, des murs. On a pas de possibilité de les mesurer et le bateau flotte donc elles sont s'abattent pas sur nous, on reste toujours au dessus. Mais la vitesse du bateau double parfois tellement on surf, le nez tombe après le sommet, la sensation de glisse est magnifique. Seulement quand t'es à la barre et que tu regardes derrière toi, que la ligne d'horizon monte soudainement de 5m et qu'elle est maintenant plus grande que toi alors que t'es debout sur un bateau, y'a un leger pincement au coeur à chaque fois.

      On a croisé un cargo, ça faisait 3j sans contact, on a sauté sur l'occasion pour les appeler sur le canal d'urgence. Pour info tout le monde reste en veille sur le canal 16, donc y'a de grande chance que la personne en face entende notre message. On leur a expliqué qu'on avait plus de communication et ils ont accepté d'envoyer un SMS à Nils, j'espere tellement qu'il a reçu et qu'il va pouvoir transmettre l'info que tout va bien à tout le monde. On lui a fait répéter le numéro 4x pour être bien certain, il avait mal entendu au départ. C'est toujours agréable d'avoir un petit contact avec un humain qu'on connait pas. C'est seulement quelques mots mais ça nous rappelle que le monde vie autour de nous et qu'on est pas seulement en train de sillonner un océan infini. On a oublié de lui demander des infos météos, pas grave, normalement le principal est passé.

      Mon quart est assez pépère, un peu mouillé de temps en temps mais le vent ne souffle pas fort, j'alterne entre pilote automatique et barre lorsque ça forcit un chouille. Elsa monte pour assurer ses deux heures de veille et au moment de prendre la barre, le grain qui arrivait doucement dans notre dos depuis 30min éclate. On se prend une trombe d'eau dans la gueule comme c'est pas permis, ça faisait longtemps que j'avais pas pris autant d'un coup et en si peu de temps, c'est tropical. J'avais un sur-pantalon de pluie et un k-way un peu léger, mon caleçon est trempé en moins de 3min. Elsa n'a aucune visibilité et panique rapidement, je lui reprends la barre pour éviter une quelconque catastrophe. Dans ces cas là, faut naviguer à la sensation pour contrer les vagues et aux instruments pour comprendre où on va. Heureusement on touche assez peu de vent et le bateau reste assez maniable bien qu'on ne voit plus rien tellement il pleut.
      Lorsque la pluie passe au bout de 10-15min, je découvre qu'il y a une déchirure dans l'une des coutures de la trinquette, ça fait un peu chier mais c'est pas trop grave. Juste il faut l'affaler pour éviter que ça s'aggrave. On réveil le Gerv et on file à l'avant avec nos gilets et nos longes, en 15-20min, la voile est affalée et ferlée et le génois tangonné. Efficace donc.
      Je vais me coucher après avoir enfilé un caleçon sec et mis toutes mes affaires à sécher.

      22 janvier - 00h05
      Ce qu'il est rude ce quart, à peine eu le temps de profiter de 2h de dodo qu'il faut se réveiller, mauvaise gestion du sommeil, j'aurais dû faire une sieste cette aprem. La houle est plus petite mais sa période est plus courte, ce qui fait que le bateau a plus de mal à prendre les vagues, ça roule beaucoup ce soir. Le vent a sacrement perdu en intensité, moi qui ai tapé le nouveau record de vitesse avec 38,6 noeuds ce matin, je m'ennuie un peu à la barre avec du roulis et 20 noeuds, l'impression que le bateau se traîne. Avec l'expérience je prends plaisir à déceler chaque grain, à anticiper de mettre une veste pour la pluie, reduire un peu la surface de voile avec l'enrouleur de génois en prévision de l'augmentation du vent.

      Autrement aujourd'hui c'était lecture et jeux avec les copains, je sens une certaine envie du groupe d'arriver, ça regarde de plus en plus la tablette pour savoir si on a grapillé des milles. Il nous reste environ 500 milles, soit moins d'un quart du trajet, avec la vitesse des 3j précédents on y est en 3j. Ça serait cool d'arriver en 15j, après les 3 premiers jours de presque pétole, ça ferait une belle moyenne sur la suite de la traversée.

      J'ai passé quelques heures privilégiées avec Gervais parce que c'est rare de se retrouver à deux et de pouvoir parler tranquillou dans notre cloître, ça m'a fait beaucoup de bien. Après ça on s'est fait un magnifique coucher de soleil en musique, top

      23 janvier 1h00
      Il fait de plus en plus chaud, on a pas de thermomètre à l'extérieur mais dès que le soleil nous tape, ça devient vite un supplice. 45min d'exposition et zou on rentre se cacher à l'abri à l'intérieur, sauf qu'il fait étouffant à l'intérieur. Faut choisir entre brûler ou cuire, pas simple. En plus de cela on ne fait que voir la température du capteur dans l'eau augmentée, 29,1°C mais malheureusement on va trop vite pour se mettre à l'eau. Le risque qu'on lache est trop grand, alors on s'abstient.

      Les copains étaient en train de faire des jeux de sociétés quand le soleil à commencer à aller se coucher derrière les nuages, celui ci était particulièrement beau. D'énormes cumulonimbus empêchait à la totalité de la lumière de passé, mais cela faisait que seulement un faisceau jaune divin se propageait dans notre direction. Aux alentours du bateau quelques hauts nuages d'altitudes chopait les rayons et prenaient une teinte rose et la mer à son tour a pris la teinte des nuages. Un superbe tableau qui se dessinait à 360°, tout en pastel et pour couronner le tout, 2 oiseaux blancs aux becs rouges avec une longue queue fine qui se faisaient la cour autour des voiles. Bombard avait un livre de naufragé avec lui qui lui expliquait que les oiseaux comme les miens ne volaient ensemble qu'autour des îles. Il pensait alors être tiré d'affaire dans quques jours. En l'occurrence ça s'avérait complètement faux et ça lui aura donné de l'espoir pour rien pendant beaucoup trop de temps, participant à le briser psychologiquement. Pour ma part, sachant que j'arrive dans quelques jours, je le prends comme un signe de proximité avec la Barbade.

      Pendant ce quart, Gervais est resté avec moi tout du long, on a énormément papoté. Surtout de bande dessinée, on a refait le film de ce qu'on lisait étant petit, de nos premières lectures jusqu'aujourd'hui. On retraçait notre genèse et ça nous a sacrement donné envie de tout relire. Tout ça est parti de Picsou, Mr Big capitaliste avec ses valeurs de grands patrons qui est prêt à réduire sa famille en esclavage pour accumuler quelques nouvelles ressources. Et pourtant on se rappelle avec émotion de chacune des histoires qu'on a lu, elles sont tellement bien ancrées dans mon esprit que je peux savoir la fin d'une histoire que j'ai lu il y a 15 ans en lisant les 2 premières pages. C'est rare ce pouvoir quand même, de nos jours je peux mater 30min d'un film avant de me souvenir que je l'ai déjà vu, et pourtant je ne me souviens plus de la fin et je me fait surprendre tout pareil. Gerv me raconte les premiers abonnements qu'il a eu, carrément marqué par J'aime Lire. Moi c'était Spirou et Sciences et Vies Junior. Lui est plus Tintin, moi Astérix avec la main sur le coeur pour ceux de Goscinny. J'lui parle ensuite de Sfar et il est carrément choqué de connaître quand je lui remémore Sardine de l'espace et soudainement on a qu'une envie c'est de réussir à dénicher des Sardine de l'espace pour la suite de notre aventure. Peut être qu'on a besoin de régressif, en tout cas nos discussions se perdent autour de là où on vivait petits, du collège et de tout autre débat autour de l'enfance.
      Le temps de ces quatres heures, j'ai retrouvé mon imagination de petiot, j'avais l'impression de percevoir de nouvelles bêtes dans chacun des nuages qui nous passaient dessus à toute vitesse.

      Elouan nous a rejoint vers 00h pour les dernières minutes tandis que Paulo dormait pépère alors que sur le papier, il était sensé s'occuper du bateau.

      23 janvier 20h00
      Le fait de savoir qu'on arrive bientôt fait que j'y pense à fond. Je suis complètement habitué à ce rythme de vie et cela pourrait durer encore plusieurs semaines que ça me ferait plaisir. Seulement le côté objectif change quand on est plus train loin de la côte, ce n'est plus seulement faire de la voile mais rejoindre la Barbade. Actuellement il reste moins de 200 milles, d'ici 30h à 48h on devrait y être, voir moins si le vent se réveille. Je dis se réveille parce qu'il a chuté depuis ce matin. Avec les vagues qui elles n'ont pas chuté, on a perdu en stabilité et en vitesse, le bateau branquebale allés qu'il y a quand même 15 nœuds de vent. Après avoir passé une semaine à 25 noeuds, on a sérieusement l'impression de se traîner le fiak.

      Grosses lectures aujourd'hui pour changer, je commence à piquer la liseuse de You pour lire des Fred Vargas qu'on a pas en papier. Les temps glaciaires c'est terminé aussi, il était super celui ci. Youen parallèle lisait Sous les vents de Neptune, on discutait des deux en même temps c'était un vrai régal. J'ai enchaîné avec la suite de mon bouquin sur la météo et j'me suis pris une petite baffe de "on est quand même sacrement con" d'être parti sans avoir accès à aucune donnée météo alors que toutes les puissances du monde se plie en quatre avec les ordis les plus puissants pour essayer de modéliser le climat de la meilleure façon possible et qu'ils offrent en accès libre leurs données. Donc oui on ne réussi pas à avoir de fichiers météo grib avec notre téléphone satellite, mais il existe d'autres moyens de recevoir en pleine mer. Certes on pourra pas l'esquiver parce qu'elle ira forcément plus vite que nous, mais on verrait les signes avant coureurs, on pourrait adapter les voiles avant la bagarre, voir d'évier notre route pour se la prendre à un endroit plus calme. Bref le trajet était certes pas bien risqué mais on est quand même con.

      En fin d'aprem il nous tombe de la pluie dessus, pas vraiment un grain parce que pas accompagné des phénomènes de vent habituels, il pleut juste. Comme on est tous en permanence en slip, on sort tous pour vivre ça, douche gratis, on en profite ! Gervais You Paul et moi on se retrouve à se savonner sous le petit filet de pluie, c'est fort agréable. Quelques dauphins font leur apparition, ça faisait des lustres qu'on en avait pas vu, toujours bien agréable d'etre avec du vivant. Quand soudain, on aperçoit sur tribord un aileron qui sort de la surface de l'eau. Ca ressemble à rien qu'on a déjà vu, pas un mammifère, pas un cétacé, l'aileron est flexible et est énorme, il ressemble aux voiles d'asis qui montent sur elles mêmes en biais. On crit tous à l'espadon alors qu'on en a aucune idée, faut dire qu'il se fait appeler "Le voilier" pour une raison. On devient tout fou pendant 30s et on se rend compte que nos deux traines sont à poste, grosse panique pour moi parce qu'on est dans de beaux draps s'il décide de mordre à notre énorme hameçon. Rien ne se passe, la pluie cesse en degageant un beau ciel parsemé de quelques nuages, mais bien clair. La journée nous aura délivrer sa dose de spécificité en 10 min top chrono, la classe.

      24 janvier 17h
      J'me fais réveillé par du gros boucan, en slip j'entrevois Gervais sur le pont, j'me dis que la situation est gérée par le capitaine. 15min plus tard, j'entends le moteur, forcément signe qu'il y a anguille sous roche. J'enfile une veste de quart, pas de falsard et je sors dans le cockpit. La situation a l'air assez calme mais Gervais et Elsa s'agitent rapidement pour réduire la toile, ils viennent de se prendre un grain de 2min de 45 noeuds. Décidément, ces grains sont terrifiants et difficile de jauger leur puissance de loin. Le vent est passé de 19 à 45 noeuds en 30s, bateau surtoilé avec un seul ris et presque tout le génois. Je les aide à prendre un second ris après avoir enfilé un gilet de sauvetage, ils avaient déjà roulé le génois. La manip se fait rapidement, sans risque, seul problème, le premier ris a pété. Juste un bout à remplacer donc pas bien grave mais très impressionnant, Elsa est un peu sous le choc. La tension redescend rapidement, on discute un peu et je retourne me coucher sans comprendre comment les 3 autres ont pu rester dans leur couchette.

      Levé à 7h en même temps que le soleil ce matin pour la deuxième partie de mon quart. Magnifique spectacle encore une fois, pas mal de nuages qui reflètent tous des éclats d'or. Encore une apparition divine. Je descelle carrément la création d'un vent avec un gros paquet d'air froid qui passe sous un paquet d'air chaud et humide, le nuage se fait déformer petit à petit et le soleil vient de refléter dans ces gouttelettes. J'aperçois des bribes d'arc en ciel, juste quelques rayons par ci par là, sans avoir du tout un arc de cercle. Super localisés aux endroits où j'imagine qu'il pleut. Pour compléter cela, 3 foutbassants se pointent avec leur envergure magnifique. Encore d'apres le livre de survie de bombard, 3 oiseaux volants ensemble c'est signe de moins de 200 milles des côtes, j'le prends aux mots cette fois-ci sachant qu'on est bientôt arrivé. Ils volent en stationnaire beaucoup mieux que notre drone malgré, ils ont jamais besoin de battre des ailes et ils viennent frôler la surface des eaux en plein virage. L'eau passe à quelques centimètres de leurs ailes pendant que l'un d'eux vole dans le soleil, comme l'américain de Porco Rosso. C'est peut être un moyen de pas se faire voir se leurs proies. Je les siffle un petit coup et l'un d'entre eux tourne sa tête vers moi puis fait un petit tour du bateau, j'me sens plus que privilégié.

      Dernières heures de la transat, j'profite au max de la pleine mer, je vais pas la retrouver avant plusieurs mois. Au revoir cet infini de nuances de bleu.
      Aucun nuages à l'horizon, thermostat de l'eau à 29,2°C et un joli vent constant qui nous pousse vers l'île à bonne allure, voilà les conditions qu'on a. Plus que 60 milles avant d'arriver à la Barbade, 75 jusqu'au mouillage de l'autre côté, on devrait y être pour 3-4h du matin.

      27 janvier 10h36
      Pour notre arrivée, je devais être en quart à 3h mais avec l'excitation, je me réveille pour minuit après avoir aidé les copains vers 22h pour qu'on finisse le voyage ensemble. Petit à petit chacune des lumières se fait de plus en plus nette et on distingue les reliefs. On entre dans la baie où on va mouiller aux alentours de 2h et on éteint la navigation sur la tablette 15min plus tard, résultat 14j14h. On est encore trop excité pour dormir alors avec Gervais on met nos guirlandes de pavillons sur le bateau pour faire joli, on range un peu tandis que Elouan et Elsa gonflent l'annexe pour le lendemain. Je vais me coucher dans un bateau qui ne bouge presque plus, le léger roulis est plus berçant qu'autre chose, je m'endors en 3 pensées seulement.
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