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- Sep 6, 2024, 4:38 PM
- 🌬 25 °C
- Altitude: 7 m
- DenmarkSouth DenmarkEsbjerg KommuneHjerting55°31’26” N 8°21’19” E
Dk-j14, de Kolding à Hjerting
September 6 in Denmark ⋅ 🌬 25 °C
Leçon de géographie… vous prenez une carte, du Danemark, si possible, ça sera plus parlant pour la suite. Vous situez Kolding, vous situez Hjerting, point de départ et d’arrivée de notre trajet. Vous prenez une règle et vous tirez un trait entre les deux. Voilà grosso modo notre itinéraire du jour. Le trajet le plus court entre deux points, c’est la ligne droite. Géographie, niveau CM1. Enfin, CM1 d’avant.
Si vous avez lu les étapes précédentes, vous savez ce que je pense des longues lignes droites. Et bien la journée d’aujourd’hui n’aura apporté aucune autre eau à mon moulin. Elle n’avait d’intérêt, de toutes façons, que parce que nous rentrions à la base, le cœur un peu gros. Ben oui, quand tu passes des vacances aussi dépaysantes, en étant, sans flagornerie aucune pour celle qui partage ma vie, bien accompagné, toute fin ressemble à un glas qui sonne tristement.
L’étape du jour annonçait tout de même 80 kilomètres et 381 m de dénivelé, ce qui est, je vous l’accorde, loin d’être la montée du Galibier.
La propriétaire du Air B’n B nous avait prévenu : « c’est tout plat ». Son mari étant d’Esjberg (juste à côté de Hjerting), je me suis dit qu’elle connaissait le trajet et la topologie des lieux. Cependant, je reste assez méfiant, aux vues des expériences passées avec des autochtones nous informant des distances. Le sympathique proprio du jardin extraordinaire nous avait annoncé un supermarché à 200 mètres à peine alors qu’il était à plus d’un kilomètre (et un kilomètre en claquettes, c’est long, croyez-moi). La gérante du camping d’Horsens nous avait, quant à elle, situé la ville à 5 kilomètres du camping, nous dissuadant ainsi d’aller y faire un tour le soir (j’aimerais vous y voir, après 80 bornes, reprendre son vélo, une fois douchés, propres autant que faire se peut après 12 jours de vélo, pour refaire 10 kilomètres, de nuit) alors que le centre-ville n’était qu’à deux kilomètres. Bref, je suis dubitatif, sachant qu’un dénivelé de 381 m peut parfois révéler de belles pentes. Je fais part de mon scepticisme à mon interlocutrice en lui disant que mon application ne me parle plat d’un trajet plat. Ce à quoi elle me répond que ça monte sur les 10 premiers kilomètres et qu’ensuite, ça va.
Et elle a raison, la bougresse ! Ça commence par une bonne petite montée et ça enchaîne pendant 10 bons kilomètres, suscitant cette réaction d’une Hélène essouflée : « sacrée mise en jambe ». Il est à peine dix heures et nous sommes déjà trempés, d’autant que le soleil tape fort.
Mais après, comme prévu, c’est assez plat. Bon, je ne dis pas qu’il n’y a pas quelques petites côtes, mais rien de comparable au début et nous filons comme le vent. Pas de chemin sinueux, pas de boue qui entrave les roues. Le rendement y gagne ce que l’intérêt y perd. Et lorsque nous faisons notre pause de midi et demi, nous avons déjà avalé plus d’une cinquantaine de kilomètres, qui, parfois sur des petites routes secondaires, qui, une bonne grosse partie du temps, sur une nationale. Mais nous sommes au Danemark et les conducteurs sont toujours d’une extrême courtoisie. On est bien loin de la France. J’en veux pour preuve les feux de signalisation. Il y a une petite différence avec nos feux, c’est que lorsque le feu va passer au vert, on est prévenu brièvement par le feu orange. Du coup, les gens s’y préparent et, par exemple, les cyclistes prennent leur élan dès que ce feu orange apparaît, en toute quiétude. Ce qui implique, bien évidemment, que dans la rue perpendiculaire, personne ne force un feu orange ou brûle un rouge. Le Danois est assez discipliné. Avec un système similaire dans l’hexagone, les urgences, déjà saturées, le seraient davantage. Mais bon, tout va s’arranger : Michel Barnier est premier ministre !
Donc même si, au bord de cette nationale, l’espace dédié aux cyclistes se réduit comme peau de chagrin (merci Balzac, ça fait toujours classe d’utiliser, cette expression, ça permet de montrer qu’on est lettré, même si elle est devenue complètement surannée), on reste en confiance. Et même lorsqu’on entend à peine les voitures : il y a énormément de Tesla. Le Danois est discipliné, certes, mais à priori, ça ne le dérange pas de filer son pognon à un fou furieux, pardon ! on dit un libertarien. Le Danois trie ses plastiques durs et ses plastiques mous, mais finance en partie les délires d’un huluberlu qui veut développer le tourisme spatial. Va comprendre, comme disait l’autre !
Nous nous approchons de plus en plus de Hjerting, passant et ça a été vrai tout le long du voyage, devant les petits panneaux Til Salg (à vendre) qui fleurissent un peu partout.
J’ai l’impression que tout le Danemark est à vendre. Ma fidèle compagne a beau me dire que c’est signe de bonne santé économique, parce que les capitaux vivent, ça fait bizarre. Et puis moi et les capitaux…
Nous arrivons finalement à côté de l’église, sur le parking du petit supermarché où nous avions laissé la voiture avec un petit mot sur le pare-brise. Ouf ! Elle est là ! Et avec elle du linge propre que nous avions préparé pour le retour.
Nous filons nous doucher et changer à l’hôtel. Ils nous ont carrément alloué une petite maison. Petit sauna, et pour Hélène, en sus, une trempette plus que fugace dans la mer du Nord.
Nous aurons donc parcouru, en 12 jours, pas loin de 1000 kilomètres (soit une moyenne de 80 kilomètres par jour quand même), crevé une seule fois, et contrairement à l’an passé, pas de chute. Nous avons profité de Jules et Vincent. J’en connaissais déjà bien un, le deuxième est tout aussi exceptionnel.
Encore des vacances fantastiques, pour peu qu’on aime pédaler, dormir sous tente, prononcer des noms imprononçables, et de temps en temps, bien en baver. Il nous reste encore des mystères à éclaircir, comme ces ados croisés ce matin et qui, encore, nous ont scandé des « bonjour ». Ou toujours ces petits tricycles déposés à l’entrée des maisons…
Aucun de nous n’a vraiment envie de rentrer et j’envie ce cycliste néerlandais rencontré au sortir d’un bac, à Udbyhøj, qui faisait ses 10 000 kilomètres, entre Portugal et Norvège et rentrait chez lui. Ou ces allemands rencontrés au camping d’Horsens qui revenaient eux aussi d’une odyssée de trois mois qui les avait vus quitter Cologne, passer au Danemark, en Suède, puis la Finlande, enfin aller pédaler en Islande pour revenir. Pour eux aussi, on sentait que retour ne rimait pas avec allégresse.
Nous allons donc désormais nous tourner vers un autre projet, une nouvelle destination qu’Hélène aura la lourde responsabilité, cette fois, de choisir. On est prêt, on est ultra motivé pour recommencer. C’était… génial !Read more
Traveler Que de pression dans les bars ! Et quel chouette récit !
Traveler Un régal à lire, encore mieux qu’un vrai roman une écriture ciselée un récit qui tient en haleine.
Traveler Merci pour cette découverte du Danemark et bravo pour cette épopée ! Bisous