Kyrgyzstan
Ala-Bel’

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Travelers at this place
    • Day 363

      Finir en beauté

      July 1, 2022 in Kyrgyzstan ⋅ ⛅ 10 °C

      C'est dans des immenses plaines vertes , au milieu des sommets enneigés ou encore le long de canyons aux roches rouges déchirés par des torrents d'eau claire que notre voyage touche doucement à sa fin. La cheminée fumante d'une yourte à l'horizon, un cavalier au galop guidant son troupeau, des lacs issus de glaciers, un aigle planant à l'horizon ...Le Kirghizistan se raconte avec des images plutôt qu'avec des mots. Une routine s'installe : vélo, rivière, dodo ! De magnifiques sentiers "off-road", des lacets qui nous emmènent effleurer les nuages, des nuits sous un ciel étoilé tel que nous n'en n'avions jamais vu, Gaspard qui triche dans les montées en s'accrochant furtivement aux moissonneuses, nous sommes immergés, summergés dans une nature presque intouchée qui, à chaque tournant, arrive à nous décrocher un nouveau grand Waouuuuuu! Chaque pays à son charme : l'hospitalité des habitants, une culture époustouflante, de délicieuses traditions culinaires,... Le charme du Kirghizistan, nous l'avons indéniablement trouver dans sa nature. C'est beau, tout simplement beau!

      Mais, puisque j'aime mettre des mots sur les instants, je vous propose de découvrir, de manière décousue, quelques annectodes ayant rythmé nos coups de pédales dans ces paysages époustouflants au travers d'une balade culinaire car, c'est bien connu, un vrai cyclo a TOUJOURS faim!
      - El PIZZA: Lors d'une de nos traditionnelles "pauses biscuits" en fin d'aprèm-midi, nous apercevons 2 cyclos à l'horizon. Pour notre plus grand bonheur, il s'agit de Maël et Laurine, 2 machines à bonne humeur que nous avions déjà rencontrés à plusieurs occasions. On branche le baffle, et on attaque la côte. Le lendemain, c'est flânerie à 4 en bord de rivière. Le soir venu, alors qu'on discute menu, une envie nous prend : une pizza, mmmh, on bave déjà. Mais, pas de chance, pas de Pizzeria dans le coin. Gasp lance alors en rigolant : ”bah, on n'a qu'à se servir de leur pain plat comme base, un peu de pasta et on compose à partir de là..". Ça, c'est dit! Et ce n'est pas tombé dans l'oreille d'un sourd. Laurine et Maël mordent à l'hameçon et énumèrent la liste des ingrédients... Fini le sacro-saint "Riz-Lentilles en sac de couchage" , ce soir, ce sera Pizza sur feu de bois !
      - El pastèque: Pour une fois, ça ne monte pas (ou pas trop tout du moins), on roule à bonne allure à travers des champs. Tout le long de la route, des petits vendeurs de melons et pastèques qui nous font signe. On agite la main et on trace notre chemin.... L'un d'eux ne l'entend pas de cette oreille. Alors qu'on a passé son stand depuis quelques mètres, il nous rattrape en voiture, s'arrête à notre hauteur et insiste pour que l'on fasse demi-tour. Au fond, pourquoi pas... Il nous installe sous un arbre à l'ombre et ... Nous fait manger une pastèque! Littéralement TOUTE une pastèque. Le flux est constant. Dès qu'un morceau est terminé, on en reçoit un autre. Lorsqu'on tente de lui faire comprendre qu'on n'en peut plus, il part en un grand rire, nous tape dans le dos et...nous fourre quand même le morceau dans les mains ! Il faut voir le personnage... Grand chapeau typique Kirgiz, grand couteau à découper, forcément, ça incite le respect, on n'ose pas trop protester. Et, au cas où l'on aurait pas eu assez, devinez ce qu'il nous fourre dans nos saccoches pour les petites faim sur la route ? Une pastèque ? Et non... Deux pastèques (bien oui, il faut veiller à l'équilibre) que Gaspard aura tôt fait de troquer en bord de route contre des melons, moins encombrants. Le tout en langue des signes, la scène est cocasse.
      - El "presque craquage" du liophilisé de réserve : Sacré défi aujourd'hui, nous nous attaquons à un col à 3175m. Nous allons grimper en continu pendant 60 km pour un gain d'altitude de 2200m. La montée est bonheur : asphalte, paysages incroyables, podcasts, on fait le point tous les 10km et, à chaque fois, le moral est bon. Histoire d'éviter de trop nous charger, on compte se craquer un petit buibui pour midi sauf que, passé midi...plus de buibui! A 15km du sommet, on est cuit, il faut qu'on mange. Résultat, c'est notre repas du soir qui y passe (cette fois, on n'y échappe pas, c'est le sacro-saint Riz-Lentilles pour ma plus grande joie,humhul). Nous voilà repus et, après une sieste éclair, on est reparti. Les derniers km se font clairement au mental. Paradis au sommet...On pose notre tente entre des yourtes. Le bivouac est magique au Kirghizistan. Au côté de ce peuple à tradition nomade, on se fond facilement dans la masse et on se sent partout chez nous. Évidemment, nous sommes affamés mais, malheureusement, nos réserves sont vides ! Heureusement, on avait prévu le coup, car, oui, depuis la France, on se trimballe précieusement un repas liophilisé "au cas où". Contre toute attente, il s'en est sorti jusqu'ici mais ce soir, il n'y échappera pas, il passe à la casserole. On tente de lire les instructions devenues illisibles, on sort le réchaud et, alors que la lame du canif s'approche du paquet.... Quelqu'un "toque" à notre tente. Sauvé par le gong, c'est le voisin qui vient saluer les nouveaux venus que nous sommes et... nous inviter pour le repas. Pour couronner ma joie, il m'installe même sur son cheval. Une tape sur les fesses de celui-ci et je me laisse porter jusqu'à la yourte qui se trouve de l'autre côté de la rivière. Ne voyant pas de pont, je me demande un peu comment Gaspard et notre hôte vont s'y prendre. Quelle ne fut pas ma surprise lorsque, me retournant, j'aperçois Gaspard sur le dos de notre ami! Je n'ai pas le temps d'en rire qu'ils valsent tous les deux à l'eau. Ce soir, c'est mouton (tout le mouton, Gasp m'assure même avoir vu un œil traîner dans la marmite) bouilli, patate et vodka. Pendant que la maman cuisine, nous jouons avec les 2 petites filles de 6 et 3 ans. L'ambiance est un peu étrange. Certaines attitudes nous font comprendre que, dans ce couple, des coups se perdent parfois. On ne sait pas trop comment réagir. L'alcoolisme, la violence, des conditions de vie très rudes, c'est une autre réalité qui s'ouvre à nous. Quoi qu'il en soit, nous restons reconnaissant d'avoir pu partager un moment de leur quotidien.
      - El... suprise: Des cadeaux, cette année, on en a reçu beaucoup, mais alors là, vraiment beaucoup! Mais, c'est au Kirghizistan que nous avons reçu le plus original (et oui, le meilleur pour la fin) : Soleil, petit creux, on s'offre une petite pause melon en bord de route. On est plus au moins sur la deventure d'une maison et le prorio arrose la route (une manie par ici), du coup, on lui propose de prendre par à notre festin. Après s'être régalé, il déclare dans un anglais approximatif : "Je voudrais vous offrir une glace mais je n'en ai pas..." Sur ces bonnes paroles, il part trifouiller dans sa maison et revient avec un énorme (mais vraiment énorme) paquet de Canabis et un petit sourire en coin : "For you to relax bro! " Si on a eu la sagesse de refuser son présent, il aura quand même réussi à nous faire bien rigoler!
      - El Ice cream: Notre plus beau souvenir du Kirghizistan, 5 jours en autonomie totale dans la vallée de Arabel. Très vite, le gravier remplace le bitume. Les paysages défilent : des roches rouges , une forêt, des plaines vertes, des col enneigés ...Un accueil dans une yourte de la part d'une famille adorable à la gentillesse incomparable. Un pique-nique entouré par des chevaux. Rencontre improbable avec un Kirghiz jouant de l'accordéon en bord de rivière, seul au milieu de nulle part. Après quelques jours, le temps se gâte, le ciel se couvre. Matinée dans la brume. A la pause midi, Gasp est éreinté. On décide de monter la tente pour s'habriter du vent et des gouttes le temps d'un repas. Seulement, très vite, c'est l'écatombe. Une mini tempête éclate. La tente était montée à la va-vite et se fait à moitié emporter...On remballe dare dare, tout est trempé. L'après midi se fait clairement sous la drache. Vers 17h, comme par magie, une éclaircie fait son apparition. Le brouillard se lève et nous prenons conscience du décor magique dans lequel nous nous trouvons. On décide de s'arrêter pour faire sécher la tente . Une Lada s'arrête, 4 Kirghiz en sortent. Ils nous offrent des gâteaux et du pain traditionnel. Le seul verre de vodka passe de main en main et, après quelques courtoisies, tout le monde se met à dancer, ce qui reste le langage universel le plus efficace. Un cycliste grec arrive à contre sens et se joint à la fête. C'est un instant volé, hors du temps. Lorsque tout le monde repart, nos affaires sont séchées et on est bouillant d'encore rouler. On passe une rivière en disant : ” Bah, ne remplissons qu'une seule gourde, on ne se pose pas encore pour la nuit et il y a de l'eau partout". Erreur stratégique, la trève est de courte durée. De gros nuages arrivent vers nous à toute vitesse. C'est la course contre eux. Il faut qu'on trouve de l'eau et qu'on pose le camp. 30 minutes plus tard, on trouve une rivière...Ouf! La tente met deux minutes à être montée ,2 secondes à être au sol. L'orage éclate... Elle ne résiste pas. Une énorme tempête de grêle comme on peut s'en prendre à 3000m. On ne sait que faire. On aperçoit la fumée d'une yourte à l'horizon et on décide de courir s'y habriter. On arrive détrempé, la tente dans nos bras, comme des malheureux. 20 minutes plus tard, c'est le grand soleil! La journée du lendemain continue sur la même lancée : une éclaircie, des passages à guet, les pieds gelés, une tempête de neige, une nouvelle éclaircie qui nous permet d'apercevoir le mur final empli de lacets qui nous emmènent à 3800m. De nouveau flocons qui viennent renforcer le côté épique de l'ascension, de nouveaux rayons qui nous permettent de comtempler, essoufflés, la vue incroyable que le sommet nous offre. Le lendemain, on s'enfile goulûment 70 km de descente pour arriver au lac IzziKul. L'ambiance est tout autre: tong, bouée canard et maillot de bain, on dénote un peu avec notre combo - pantalon de pluie, doudoune, gore Tex. On se dépêche de retrouver Maël et Laurine qui nous attendent pour manger...une glace !!

      Pour Gaspard, le Kirgizistan, c'était 70% du territoire situés à plus de 2000m. Pour la dyslexique que je suis, c'etait un mot farfelu et inécrivable. Et parfois, il n'en faut pas plus pour que la magie opère. Pendant 1 ans, nous nous sommes laissé guidé par l'appel de ces sommets et par le projet fou de les atteindre à vélo. Bien au delà de la destination, cet appel nous aura emmèné à la rencontre du monde, des autres et de nous-même. Aujourd'hui, nous volons. Un avion nous ramène à toute allure vers Paris, vers la maison. Mais une chose est sûre, jamais nous n'oublierons le chemin parcouru.

      " Deux routes divergeaient dans un bois. Quant à moi, j'ai pris la moins fréquentée, et c'est cela qui changea tout " Robert Frost
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    You might also know this place by the following names:

    Ala-Bel’, Ala-Bel', Ала-Бель

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