Nepal
Kangla Bhanjyang

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Travelers at this place
    • Day 18

      Chulu avorté (Base Camp et retour)

      March 28, 2019 in Nepal ⋅ ☀️ 0 °C

      A Yak Kharka, la nuit était rude, le froid mordant ! C'est mon premier campement à cette altitude (3900m, ce qui pour un Népalais n'est rien). Mais j'ai gardé de la marge pour la nuit suivante, en ne mettant pas toutes les couches...
      Réveillee à 4h30, j'ai songé à lire mais non, pas envisageable de sortir les mains du duvet. J'arrive à me rendormir et à tenir jusque 6h30.
      Petit dej débuté tranquillement vers 7h30. Debut de la marche à 8h45. Trop tranquillement ? Je suis surprise qu'on ne parte pas plus tôt : il y a 1 100 m à monter et pas mal de distance jusqu'au Base Camp... Mais bon, je m'en tiens aux consignes.

      Ça grimpe sec dans la neige. La marche est surtout dure pour Manu qui s'enfonce parfois beaucoup avec son lourd sac et ne semble pas très à l'aise. Derrière, je me contente de me ménager et d'éviter les trous qu'il creuse ! Petits pas, garder du souffle, ne pas stresser à cause de la légère "dizziness", surtout, avoir confiance en lui, chasser la pensée selon laquelle je me retrouve embarquée avec quelqu'un de peu expérimenté et qui semble presque plus inquiet que moi...

      À midi nous sommes à 4700 m daltitude, la vue est extraordinaire : Kanga purna et Annapurna 3 (on ne voyait que le 2 et le 4 depuis Yak kharka. Et quelle vue déjà !), Pisang Peak, Chulu east et Chulu west, phalange de 6000/7000m et plus, sous un soleil éclatant. C'est magnifique. Et drôle de se dire qu'on est presque à la hauteur du Mont Blanc.

      Vers 13 h Manu propose une pause grignotage supplémentaire car dit qu'il reste 2h/2h30 avant le base camp. J'aurais préféré continuer pour ne pas dresser le camp trop tard et me redemande pourquoi on n'est pas parti plus tôt...
      On atteint enfin ce que je crois être le BC. Nous sommes en fait encore un peu plus bas, là où ont dormi les Russes. Ils ont tout dégueulassé ! Excréments et papiers en plein milieu de la trace, restes de nourritures, bouteilles et sacs en plastiques... Manuman m'avait prévenue, il connaît leur guide et sait qu'il s'en moque de nettoyer. Il l'a déjà signalé à la Népal Mountaineering Association mais sans effet...

      Contente d'arriver, je ralentis un peu le pas, mais Manu poursuit. "Base camp is over there !". Sauf qu'il s'engage dans un endroit qui ne m'inspire pas et que vu l'heure (>15h. avec un soleil qui a bien chauffé les pentes + froid et nuit qui tombent à 18h), j'aurais préféré installer la tente là..
      Peu convaincue, je le suis mollement, à distance.
      Puis bam... je le vois glisser, s'affaisser. Il a déclenché à son passage une belle coulée. Sportif, il parvient à surnager au dessus de l'avalanche en courant vers le haut, à coup de multiples contorsions et d'appuis sur son bâton. Il lutte un peu pour sortir de la zone mais s'en sort .
      Ouf... De loin, je n'ai rien pu faire d'autre que d'assister au spectacle et me préparer mentalement à aller le déterrer (sans pelle, la seule pelle étant dans son sac) ou pire, au fait qu'il ait juste disparu, en glissant plus bas ...
      Mais heureusement, rien de tout cela. Un peu choqué et s'étant fait mal à l'épaule, il rebrousse chemin : on campera ici et pas au Base Camp...

      Installation du campement dans la neige : il faut aplanir à coup de pelle et de piolet. Fastidieux exercice, avec Manuman amoindri et moi qui dois faire des pauses et m'asseoir toutes les 5 mn : l'effort en altitude me coupe le souffle et me fait vite tourner la tête.
      On utilise des techniques "DIY" pour faire tenir la tente (Manu a oublié les sardines ! Même si je ne suis pas sûre quelles auraient été très efficaces dans la neige). On plante des bâtons, des piolets, des morceaux de bois montés jusqu'ici, ou on accroche les fils à de gros blocs de neige. Ça semble tenir. Manuman est crevé et des la tente installée, somnole.

      On discute le soir des étapes à venir, je suis assez déconfite. Car je sais bien qu'avec sa douleur à l'épaule, l'ascension est a priori compromise. Je sens aussi qu'il manquait de confiance depuis le début... On ne conclut pas et on se dit qu'on verra comment sa blessure aura évolué le lendemain.
      Après une autre nuit bien froide (mais pour moi meilleure, j'ai empilé toutes les couches ! et bien m'en a pris, car tout a gelé : camel back, lingettes nettoyantes, bouchon des bouteilles de gaz tellement ca caillait même "dedans"), on prend le chemin du Base Camp et du High camp. Le temps est parfait mais je trouve qu'on part encore trop tard. A 8h30, au bout d'une demi heure, le soleil chauffe déjà fort. A peine arrivés au niveau du BC et à la nouvelle section d'ascension vers le High camp (5300 m), je sens Manuman hésiter. Il n'avance ni franchement ni efficacement. Il me dit que nous pouvons monter mais qu'il pense que ce sera trop dangereux pour redescendre, car nous passerons trop tard. Je peine à comprendre l'argument... Pour passer moins tard il suffirait... de se lever plus tôt...
      "I think we should not go. My plan is we go back". Puis : "What do you think?".
      Stupeur. Est ce à moi de décider et d'évaluer le risque? Il y a certes beaucoup de neige mais je ne vois pas bien où est le danger, en choisissant bien les endroits par où l'on passe et en chaussant nos crampons (ce que Manu rechigne à faire... Il dit qu'il n'aime pas ça car il a tendance à se les prendre dans les pieds ! Normal pour un guide de haute montagne (??).. .
      Je me résigne. Il n'a clairement pas envie. A quoi bon insister lorsque le guide est si peu confiant et physiquement diminué ? Je ne veux pas mettre en difficulté ni forcer la main à quelqu'un d'autre que moi-même ...

      Déçue cependant, je rumine pendant la descente. Nous n'aurons fait que la moitié. Je me trompe peut être mais jai l'impression que le tout aurait été faisable avec un guide plus chevronné et une organisation mieux adaptée.
      (Au delà des hésitations de Manu, j'ai omis plusieurs "détails"/ faiblesses dans l'organisation : faible niveau d'info sur les conditions météo, imprécision sur le nombre de jours max dispos pour la course, équipement trop lourd, choix sans doute mauvais de ne pas avoir prévu au moins un porteur en plus, etc..). Autant de points à aborder avec l'agence à mon retour à Katmandou ...

      Bref. Manuman et moi nous séparons entre Julu et Humde. Il repart très lourd vers Humde avec tout notre équipement, moi légère vers Manang, avec seulement mes vêtements et un peu de nourriture (et en sandales cependant, pas très pratique dans les nombreux névés quil reste en chemin !)
      Consolation : je vais pouvoir retrouver un peu de confort et profiter du temps superbe pour faire la rando que Marie et Julien ont faite la veille : montée à l'Iced Lake, à 4600m, d'où je retrouverai la même vue surplombante qu'au pied de ce Chulu Far East jamais atteint...
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