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  • Dag 159

    Cappadocia

    9. desember 2021, Tyrkia ⋅ ⛅ 6 °C

    Un tourbillon de souvenirs se bousculent dans nos têtes lorsqu'on se penche sur les semaines écoulées depuis notre départ d'Istanbul... Cette fois-ci, impossible de vous compter nos plus belles rencontres, tout simplement car elles sont trop nombreuses, et toutes magnifiques !

    C'est pourquoi, pour vous parler de la Turquie, nous commencerons par vous parlez des Turcs, d'une manière générale... Ici, la bienveillance est omniprésente. Une nouvelle règle de voyage s'est installée: au moins une fois par jour, nous sommes conviés à boire un "Çay", le fameux thé local dont ils raffolent. Il n'est pas rare que cette invitation quotidienne se répète 2 à 3 fois durant la journée...Autant vous dire que ces dernières semaines, on a certainement avalé plus de "Çay" que de kilomètres.

    Il semble également tout naturel de donner un coup de main, même à un inconnu, si tu en as l'opportunité (quelques exemples :
    1.Voyant qu'on cherchait un endroit pour accrocher nos vélos, un homme nous a abordé. Il avait un magasin au bout de la rue et y a installé nos vélos pour la nuit.
    2. Un homme nous aborde à la sortie d'un super marché. Après 2 minutes de bref échange, il nous dit : "J'aimerais vraiment beaucoup pouvoir vous aidez, que puis-je faire pour vous?" Malheureusement, tout allait pour le mieux!
    3. A plusieurs reprises, des automobilistes s'arrêtent sur le bord de la route, nous offrent des pommes et redémarrent en trombe.)

    En Belgique, lorsqu'on reçoit un invité chez soi, on a tendance à mettre les petits plats dans les grands. Ici, nous avons l'impression que les Turcs considèrent que, d'une manière générale, nous sommes leurs invités (puisque nous venons d'un pays étranger) et qu'il est donc de leur responsabilité de tout faire pour qu'on soit bien accueilli. On a sans hésiter adopté ce peuple et son hospitalité sans pareille et, en retour, il semble nous avoir adopté aussi. Nous avons même été renommé par notre ami Youssouf : ici, après les vrais présentations, lorsque nous sentons que nous allons passer plus de temps avec la famille, nous nous faisons appeler " Fatma" et "Ali", ce qui est plus facile à mémoriser, prononcer, et facilite l'échange.

    Chaque fois que nous sommes accueillis dans une famille, on est littéralement ensevelis sous les plats qui se présentent à nous presque sans interruption. On raffole de la cuisine turque mais on s'amuse également beaucoup de la manière de consommer les aliments : tout est servi sur une table ronde et basse. Tout le monde s'assied autour, à même le sol. Il n'y a pas d'assiettes individuelles, tout les plats son sur la table et on y trempe sa fourchette, son bout de pain ou même ses mains. Le covid n'existe pas. C'est très convivial et , après réflexion, on se dit que c'est un rapport assez sain à la nourriture: on ne mange pas parce que cela est dans notre assiette et qu'il faut finir, on mange petit à petit et on peut s'écouter et décider du moment où l'on est rassasié.

    Ces immersions dans les familles nous ont aussi permis de réaliser deux choses par rapport à nos conditions de vie de petit Belge:
    Premièrement, on ne vous apprend sans doute rien, mais nous ne le réalisions pas pleinement: notre niveau de vie est incroyablement confortable. L'eau chaude pour se doucher n'est pas présente dans tous les foyers. Pas de chauffage central, beaucoup chauffent uniquement au bois la pièce de vie (c'est très malin niveau environnement, mais il faut se motiver pour aller aux toilettes ).
    Ensuite, nous avons des passeports qui nous permettent de voyager très facilement (beaucoup de trucs nous disent ne pas pouvoir demander de visas pour rentrer dans Schengen alors que pour notre entrée sur le territoire turc, une simple présentation de nos passeports à la frontière a suffi), nous avons de bon salaire et une monnaie forte (nous avons discuté avec un Ingénieur qui nous disait avoir un salaire de l'équivalent de 400 euros. Si le coup de la vie est moins cher ici, cela ne change rien au prix du billet d'avion pour l'Argentine qu'il rêve de s'offrir un jour).
    Nous gardons en mémoire Norman, qui nous a accueilli dans son deux-pièces non isolé qui n'avait ni électricité, ni eau courante, ainsi qu'une famille travaillant à la fabrication de charbon qui nous a offert le thé : elle vivait dans une maison dont les murs étaient des bâches et le toit était fait de terre et d'herbes. La mère me faisait des grands sourires et, de son regard bienveillant, s'inquiétait car j'allais avoir froid sur la route... J'etais emmitouflée dans une doudoune RAB et elle était pied nu dans ses sandales...

    Deuxièmement, en tant que femme, je me sens incroyablement reconnaissante d'être née en Belgique, avec un papa aux talents de cuistot sans pareil qui sait également comment fonctionne une machine à laver. Je prends des pincettes ici, car nous ne voulons pas rentrer dans une démarche de jugement. Cepedant, certaines situations auxquelles nous sommes confrontées nous interpellent. Clairement, il nous semble que l'égalité homme/femme a encore un long chemin à faire. Ce sont toujours les hommes qui nous invitent, et toujours les femmes qui, sans avoir eu leur mot à dire, se mettent à notre service. Quand tu te mets à débarrasser et que ton hôte t'arrête : " laisse ça, ma femme va le faire." ou que tu remarques le coup de coude que le mari fait à sa femme pour lui faire remarquer que ton verre est vide...on ne peut pas s'empêcher d'être un peu perplexe. Attention, ce n'est pas comme ça partout. Il nous semble notamment que dans les villes, les femmes travaillent davantage et la situation est beaucoup plus équilibrée. Nous attendons avec impatience de rencontrer un turc ou une turque avec qui débattre de ce constat pour y voir plus clair, mais nous ne nous sommes pas encore sentis assez à l'aise que pour aborder cette question.

    Sinon, oh drame, la Turquie a également été témoin de nos premières crevaisons. Je dis bien "nos" car après 6000 km sans encombres, la fiesta commence... Un clou pour moi, suivi d'une visse une semaine plus tard. Se sentant mis de cote, Gasp a décidé de se joindre à la fête (avec une épine, #petitjoueur). Mais encore une fois, crever dans ce pays, c'est avoir des voitures qui s'arrêtent pour te proposer leur aide et s'assurer que tu n'as pas faim !

    Nous avons également décidé de commencer à tricher un peu et découvert à 3 reprises les joies du camion stop! Petite anecdote, les turcs enlèvent toujours leur chaussure à l'intérieur, et cette tradition s'applique aussi à l'intérieur des camions... Camions dans lesquel il y a toujours une bouilloire pour te proposer un Cay bien entendu !
    Paysage de montagne magnifique, musique sortant du baffle et soleil sur notre visage, je regarde un Gaspard tout sourire en profitant de la descente qui récompense l'ascension du col... Bonheur à l'état pure !
    Nous vivons dans un monde pleins de magie, peuplé d'individus exceptionnels : Murat, Fathi , Youssouf, Ali et sa famille nombreuse, Karim et sa famille, Hussein le Mukhtar, Mustafa et toute sa ville, Makmut et sa famille pétillante, Tahir, et Yasar, et tous ceux dont on a oublié les noms : désolée de ne pas avoir pu vous faire honneur ici en racontant plus amplement nos rencontres, nous ne voulons pas perdre lecteurs et il y a trop a raconter, mais croyez bien que nous portons en nous votre hospitalité exceptionnelle dont nous chanterons longtemps les mérites! Merci encore pour ce que vous êtes !

    Je laisse les plus courageux d'entre vous (j'ai le sentiment d'avoir été longue #oups) sur le partage de deux paroles qui nous ont émues :
    "Mes passions dans la vie? J'aime montrer aux gens qu'ils sont importants. J'adore aussi les animaux " Serkan, chauffeur de camion qui a insisté pour nous offrir le restaurant après nous avoir pris en Stop.
    "Aucun étranger n'est jamais venu à nous, c'est bien que vous soyez la, on découvre un peu du monde extérieur dans notre salon" Borek, 19 ans, fils de Karim qui nous a accueilli chez lui pour la nuit après nous avoir pris en Stop.

    La Turquie et ses habitants sont incroyables et nous gâtent tout les jours de paysages magnifiques et de véritables leçons de vie ! Après une pause de 4 jours dans la région à la beauté surréaliste des Cappadoche, nous remontons en selle demain, en direction de l'est de la Turquie, aussi connue sous le nom de "Kurdistan", nous avons hâte de découvrir ce qui nous y attend !
    Les mer