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  • Day 340

    Ouzbékistan

    June 8, 2022 in Uzbekistan ⋅ ☀️ 32 °C

    Remonter son vélo en Inde et remonter son vélo au Kirghizistan... On est dans deux univers tellement distincts que le jeux des 7 différences n'a même pas lieu d'être. Pas de curieux, pas trop de chaleur, pas de casse ni de moustiques... Gasp nous rabiboche nos bécanes en deux temps trois mouvements et pendant ce temps là, je lui assure un flux constant de tartines au fromage (oui, oui, du FROMAGE, vous avez bien lu!). On en garderait presque un bon souvenir ! Nos vélos sont debout et on saute dessus ! On traverse la ville de Bishkek jusqu'à chez Daureen, un Coachsurfing qui nous accueille pour deux nuits. La pluie se joint au festivités d'arrivée et, sur le coup, on est tout content! Ça fait tellement longtemps qu'on n'a plus été mouillé qu'on est heureux de pouvoir parader avec nos vêtements de pluie qui rouillaient au fond des saccoches.
    Le lendemain, nous sommes rejoints par Susie et Seb. Qui c'est ceux là ? Deux joyeux cyclos francais, qui se sont élancés sur les routes un peu après nous. Nous nous étions mis en contact via FindPuigouin et, depuis novembre, on communiquait régulièrement avec eux par message pour échanger des trucs et astuces mais aussi simplement par plaisir de discuter avec des gens qui vivent plus ou moins les mêmes choses que nous. Après 7 mois, nos routes se croisent enfin! On a décidé de partager un bout de chemin et, les rencontrer pour de vrai, ce n'est que du plaisir !
    Afin d'égailler notre rencontre, Daureen nous emmène promener dans son jardin qui s'avère être... Une infinité de plaines encerclées de grands sommets enneigés. C'est incroyable, nous sommes aux portes de la capitale et pourtant, la nature est partout ! Un homme à cheval nous dépasse, tout est normal, et là, bam, on le sent... encore un pays, un de plus, dont on va tomber litteralement amoureux! Dans ce cadre idyllique, Daureen nous initie au Yoga... On est clairement pas des lumières, il nous faudra encore beaucoup d'entraînement, mais c'était un très chouette moment et une très chouette rencontre !
    On prend la route à 4... Un grand rêve qui se réalise pour nous: rouler sur du long terme avec d'autres cyclos! Et... Il ne nous faudra pas longtemps pour qu'on réalise que, comparé à eux, on est leeeeeent! (Oups, je plaide entièrement coupable). Ceci dit, la dynamique est géniale. Les bivouacs prennent des airs de colonies de vacances, les discussions vont bon train et à cela vient s'ajouter un soleil qui ne se couche plus à 18h! Fiesta jusqu'à 23h30... Ça change! Très vite, on se retrouve à la frontière Kazak. Petit pincement au cœur quand l'officier nous met le tampon de sortie Kirgiz.. on a tellement attendu d'être dans ce pays que c'est étrange de le quitter après seulement quelques jours. Mais bon, le meilleur pour la fin, nous y reviendrons dans 1 mois ... Où dans une heure! Et oui, pour les Kazak, le Pfizer, ça ne compte pas comme vaccin. Retour au Kirghizistan pour aller se faire tester. Heureusement, les Kirgiz sont là pour nous remontrer le moral, alors qu'on pique-nique comme des malheureux, ils viennent à nous et nous offrent seau de cerises et seau de fraises! Miami! Nos 4 derrières entassés dans un taxi, une infirmière nous emmène dans différents centres de tests jusqu'à en trouver un fonctionnel. BINGO, tous négatifs! Une série de selfies avec la famille de l'infirmière et on peut décoller. Et cette fois, la frontière passe comme une lettre à la poste. Un militaire nous offre même un service VIP et nous accompagne de A à Z, avec une fouille approfondie de nos saccoches en prime ( qui relevait clairement plus de la curiosité que de la suspicion, même les cartes postales de Susie et Seb sont passées à la loupe, c'est dire...) Mais bon , il pleut dehors et on ne trouve déjà plus si marrant que ça la parade des vêtement de pluie alors qu'il fouille seulement, qu'il fouille!
    Le soir, alors qu'on cherche un endroit abrité pour poser la tente, Marjeanne et son fils nous hèlent depuis le pas de leur porte et nous invite à passer la nuit. C'était tellement spontanné qu'on s'est même demandé s'ils ne tenaient pas une guesthouse mais non.. pure gentillesse, envie de rencontrer l'étranger. Ils nous installe dans la cabane du jardin puis nous invite à prendre le thé. Petit aparté sur le fameux thé en Asie Centrale : c'est la deuxième fois en quelques jours ( et cela se vérifiera encore de nombreuses fois) que les gens nous font le signe d'une tasse en nous disant "Cay". Ok, ce mot, on le maîtrise depuis la Turquie. Sauf qu'ici, le Cay est clairement un guette à pan qui débouche systématiquement sur une table remplie de pain frais, confiture maison, crudité, plov local, gâteau et bonbons, le tout arrosé, accessoiremement ... De thé. Et, quelque soit la famille, à chaque fois que je demande à la maîtresse de maison son prénom, la réponse est inlassablement : "moi, c'est maman ! "

    Après le festin, le fils invite ses copains ( vous savez, le fameux copain bilingue, celui que tout le monde a... Celui qui parle français! Qui arrive, qui lâche un joyeux : Bonjour monsieur, comment allez-vous? Et puis... Et puis c'est tout! ) Cette joyeuse bande nous initie à d'autres breuvages locaux dont on taira le nom. Le lendemain, Au moment de remonter en selle, la dernière fiole, dont on avait habilement réussi à éviter l'ouverture, est glissée dans la poche de Seb avec un clin d'oeil : c'est pour la route!
    Il pleut et nous sommes sur une grand route, inutile de se prendre la tête, on lève le pouce. Même à 4, ça marche ! On parcourt (presque à toute allure) de grandes plaines vertes désertiques. C'est un peu comme ça que j'imaginais la Mongolie. Notre chauffeur nous droppe à la frontière Ouzbek, non sans nous avoir fait testé le Besbarmak , célèbre plat national. Lorsqu'on a demandé quelle était la viande, la douce voix de Google a répondu : "viande canine". Le morceau fut dur à avaler, on croise les doigts pour une erreur de traduction !
    2 frontière en moins de 48h, check! Notre passage éclair au Kazakhstan nous a donné envie de retourner découvrir, un jour, cet immense pays dont les paysages et l'hospitalité ne nous ont pas laissé indifférents. On y passait juste pour éviter un col enneigé à la base ( paresse quand tu nous tiens...) Mais bon, pour le moment, à nous l'Ouzbékistan !
    Dans ce pays assez désertique, ce sont les villes mythiques de la route de la Soie que nous avons découvertes. Khiva, Boukhara, Samarcande... Nous allons de grandiose en grandiose. Minaret en mosaïques d'un bleu Azure, madrashah, caravansérail... C'est magnifique. Notre visite de Khiva, heureux hasard de calendrier, eut lieu le même jour que celle des présidents Ouzbek et Tadjik. La ville était emplie d'acteurs, en habits traditionnels, donnant vie aux bâtiments. En revanche, les deux snipers croisés en haut d'une tour n'était pas des figurants eux... oups! C'est fou !

    Gasp a été le plus heureux des hommes quand, en début d'aprèm, nous avons débouché sur une place où se tenait un énorme buffet présidentiel : "Les gars, je vois des touristes qui s'empiffrent, je suis sérieux, il y a des touristes qui s'empiffrent..." Ses yeux sont sortis de ses orbites et il n'a pas tardé à se joindre aux touristes en question. Lorsqu'on demandait "un petit peu", on recevait une boîte de biscuits traditionnels remplie à raz bord en échange. Littéralement nourris aux frais de la princesse. Si ce n'est pas le rêve ça !

    A Boukaka et Samarcande, plus de présidents mais... Des cyclos, des tonnes et des tonnes de cyclos. Nous en avons rencontré 4 paires différentes! Souvenir d'un dodo à la belle étoile, au centre d'un caravansérail... Le propriétaire, à la place de transformer le lieu en un hôtel de luxe, l'a transformé en lieu alternatif : expo de photos et d'artisans, cours d'échec, projection de films et , bien-sûr, accueil gratuit du voyageur via Coachsurfing. Nous sommes 6 cyclos à dormir là. Un local nous explique : traditionnellement, c'est ici que dormaient tous les voyageurs et les marchands de la route de la soie. Vous êtes tous sur la route depuis si longtemps, c'est fort que vous vous rencontriez ici. Alors que mes yeux se ferment sous le ciel étoilé, je me dis qu'il a raison... Oui, c'est fort!

    Souvenir, aussi,en vrac, d'une heure de désherbage, à la main, sous un soleil de plomb, avec une série de bonne femme au sourire plus chaud que la météo qui m'ont de suite adoptée et renommée Farita! Ici, chaque fois que nous avons aperçu des champs, ils étaient remplis de paysans, le dos courbé, qui s'affairaient manuellement.
    Souvenir enfin d'une autre "Maman", qui nous a interdit de poser la tente dans son champs, nous mimants des chiens loups. Avec sa sœur, son beau-frère et quelques voisins, elle nous escorte fiérement jusque chez elle! Ce soir, c'est Cay ( on connaît la chanson). Si parfois, communiquer avec les mains n'est pas évident, elle n'avait pas peur du mime et nous a offert de belles tranches de rire.

    L'Asie Centrale à quelque chose de magique! Ses paysages, ses habitants, un petit goût de retour dans le temps, une quiétude joyeuse et, en perspective, des cols qui offrent de beaux défis... Nous sommes tellement heureux d'être ici !
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