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  • Day 4

    Berlin - Iouri, photos and carrots

    April 1, 2019 in Germany ⋅ ☀️ 8 °C

    De nouveau à Berlin pour 2 petits jours. On est accueilli chez Iouri rencontré il y a 2 ans à Nachtdigital et qui fait désormais partie de la famille (wesh Jojo). Il n'a plus son legging léopard et son totem lanterne à paillettes, mais il conserve toute sa bonne humeur.

    Iouri nous amène au Holzmarkt, un complexe alternatif au bord de la spree, créé par l'équipe du club Kater Blau là où se situait le Bar25, légendaire club techno fermé en 2009. Dans ce lieu, se côtoient une crèche, des appartements avec vue sur la rivière, un studio de musique, une troupe de théâtre, un restaurant, une pâtisserie, une maison d'édition, une société de production cinématographique, un caviste, un bar en plein air ou encore des installations en bois pour se poser et boire une bière au bord de l'eau. Le lieu se veut un village urbain, durable et alternatif. Le compromis idéal pour le clubbeur en fin de vie, qui dépasse la trentaine et envisage une existence rangée mais pas trop.

    Mardi, lendemain de veille, on monte sur nos vélos et on roule jusqu'au C/O Berlin. On y découvre le travail de Boris Mikhailov, photographe Ukrainien, à travers une exposition intitulée : "Before sleeping, after drinking".

    Debout dans un parc se tiennent un homme et une femme le visage et le corps marqués par la vie. Ils ont le regard troublé par l'alcool, l'homme est torse nu et tient un poisson par la queue, la femme porte un châle bleue sur la tête et une bouteille a la main. On devine la mise en scène mais l'état de dégradation des corps est telle que la misère est criante de vérité. Boris Mikhailov ne prend pas de belles photos, il documente la vie de ceux qui se sont fait écraser par le soviétisme. À mi-chemin entre anthropologisme et voyeurisme certaines images en sont mêmes dérangeantes. On comprend que le photographe a payé pour que ces pauvres gens se dénudent, exposent leurs maladies et leur misère dans un acte ultime de prostitution qui leur retire toute dignité humaine. On s'interroge alors sur le rôle de l'artiste qui devient acteur de l'humiliation pour mieux la dénoncer.

    Notons que Boris Mikhailov s'est toujours dédié aux exclus de la société, c'est l'un des chroniqueurs les plus importants de la vie post-soviétique. A 80 ans, son œuvre est désormais reconnu dans le monde entier et a été notamment exposée à New York, Londres, Berlin où encore Vienne.

    On finit la journée par un peu d'escalade dans une salle de bloc qui vibre au son de la techno minimale, impossible ici d'oublier que l'on est à Berlin.

    Le soir avec Iouri : une flûte de pan, un harmonica, une guitare, une maracas et 3 voix. La chanson "Just carrots" sortira prochainement :).
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