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  • Day 127

    Osaka, ville festive et rebelle

    August 2, 2019 in Japan ⋅ ☀️ 34 °C

    Shinkansen, 320 km/heure, arrivée à 16h on dépose les sacs dans notre guesthouse. Il est encore tôt, mais l’on se rend vite compte que notre quartier n’est pas des plus calmes. Plusieurs corps inertes jonchent le sol, mêlés aux bières et bouteilles de saké tandis que d'autres semblent en bon chemin pour les rejoindre.

    Ça nous change de la propreté et des quartiers lisses japonais. Pour fêter notre arrivée apéro typique à coups de bières japonaise, de saké et d'onigiri (boulette de riz en forme de triangle et fourré au saumon, poulet ou autre). Puis direction le quartier de Namba célèbre pour sa vie nocturne. Nous ne sommes pas déçues ! Il y a foule ce vendredi soir, ça grouille de partout. On se mêle à la cohue et se prête au jeu. Stands de gyozas, takoyakis (spécialité d’Osaka, cette boule est cuite à base de pâte, d’œuf et de poulpe), karaokés, shops de souvenirs et de nombreux bars font vivre ce quartier. On s’arrête dans l’un d’entre eux à la recherche d’une boisson très appréciée au Japon : le whisky au soda. C’est comme chez nous vous allez me dire ! Oui mais ici le soda c’est du yuzu, du ginger ale ou autre boisson plus exotique.

    Lendemain compliqué après la soirée de la veille, mais pas le temps de niaiser on est au Japon ! Mais d’abord, un café ! Une fois bien réveillées, on se balade jusqu’à trouver le fameux marché de poissons, le Kuromon Ichiba Market. C’est la ruée vers l’or des sushis ! Oursins, araignée de mer, huître géante, langoustines, saumon, thon, et autres poissons sont proposés sur les différents étals. Impossible de résister !

    Vers 15h la chaleur commence à devenir insoutenable. Ouf, on repère un onsen dans le quartier qui accepte les tatouages en plus (oui précisons que les tatouages ne sont pas très bien vus au Japon, rappelant les yakousa). Il s’agit de bain public avec des espaces séparés entre femmes et hommes. Les japonais les utilisent fréquemment pour se détendre et faire leur toilette (pas besoin de maillot de bain). On fonce se réfugier dans cette oasis. Quelle erreur. Tous les bains sont à 38 degrés au moins sauf un qui atteint à peine les 10 degrés, difficile de rester plus de 5 minutes dedans. Mais au moins on aura testé.

    Malgré cet interlude, la chaleur (plus les quelques verres de la veille) a raison de nous et nous impose une sieste dans notre chambre climatisée. Chaque jour, entre 15 et 18h les températures difficiles à supporter (entre 35 et 40) nous oblige à nous retrancher dans des endroits frais, cafés, bars, musées, boutiques. Lorsque l’on ressort, l’air est enfin respirable. On profite de l’accalmie pour aller écouter un concert de jazz. Le groupe joue des classiques du genre, mais le batteur nous offre une version musclée très originale. Même sur scène, les musiciens conservent leur masque inexpressif, perturbant pour nous qui avons l’habitude d’exprimer nos émotions (même si ce n'est toujours sincère).

    Pour finir la journée, on teste enfin le ramen japonais, mais pas de chance, il est moins savoureux que celui de Yamato (pour les bruxellois qui connaissent).

    On continue de s'interroger sur les relations entre les japonais, mais aussi sur celles qui ont avec les touristes étrangers. De plus en plus, on constate que souvent quand l’aspect financier entre en jeu, ils ont tendance à nous voir comme un porte-monnaie ambulant, n’hésitant pas à tenter d’augmenter les prix affichés sur les cartes ou juste à l’oral, à nous jeter hors du bar lorsqu’on ne consomme plus, mais à sourire dents découvertes dès qu’on met la main au porte-feuille.

    D'un autre côté , l’aspect humain est au centre de leur culture et s'inquiètent de ne jamais gêner autrui. Un article du journaliste Odaira Namihei pour le périodique Zoom Japon explique : « ces êtres éminemment sociaux comme les désigne Jean-Marie Bouissou […], sont avant tout conscients d’autrui. » Après une semaine d’observation, pour moi ce terme résumé parfaitement leur comportement.

    Interdiction de téléphoner et de manger dans les transports en commun, file bien rangée en attendant le métro ou le bus, on ne se mouche pas en public, hommes et femmes, adultes ou adolescents en habits sobres, le plus souvent chemise blanche et pantalon sombre. On se croirait parfois dans un épisode de black mirror. Nous avons bien atterri dans un tout autre monde dont les codes sont à l’opposé des nôtres. Partagée entre l’amusement et le scepticisme, j’observe avec attention mon nouvel environnement et une question émerge naturellement : sont-il heureux de cette situation ? Rester dans le contrôle à chaque instant de leur vie leur convient-il ? Ou rêvent-ils parfois de lâcher prise ? Difficile de croire qu’ils me répondront sincèrement si je leur demande. Je poserai donc la question à notre économiste/fermier/voyageur australien qui nous a invité a travailler dans sa ferme. Habitant sur l’île depuis plus de 10 ans, il saura sûrement nous éclairer.
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