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  • Day 1

    J1 - Première journée à Istanbul

    April 18, 2022 in Turkey ⋅ ☁️ 7 °C

    Enfin la délivrance... la malédiction est rompue. Après deux annulations de vol pour le Pérou à 2 ans d'écart puis cet insupportable (parce qu'injustifié) refus d'embarquement essuyé en février dernier pour le Népal, nous comprenons que la maxime qui veut que jamais 2 merdes n'arrivent sans qu'une troisième ne suive rapidement derrière est quasiment un fondement philosophique de nos deux existences, nous nous relevons tels deux phoenix (bon, deux pigeons, on va dire) et reprenons nos bonnes vieilles habitudes de photo-voyageurs pour une petite dizaine de jours cette fois, direction Istanbul.

    FRAYEUR

    Oui, lecteur intuitif, tu l'auras bien compris : ce n'est pas sans appréhension que nous nous sommes approchés du comptoir d'enregistrement de la Turkish Airlines ce matin, le passeport tremblant, le coeur battant la chamade non pas d'émoi pour la dame assise en face de nous qui tapotait sur son clavier, mais à l'idée que le Covid ou tout autre contrainte administrative minable nous empêche une nouvelle fois de prendre place à bord.

    "Vous partez où?
    - Istanbul, lui réponds-je.
    - Ah bon, vous n'allez pas ailleurs? mon ordinateur me dit que vous allez en Egypte...
    - !!!
    - Attendez, je relance. En attendant, donnez-moi vos documents sanitaires, s'il vous plaît."

    Beaucoup d'émotions en peu de temps! L'Egypte revient encore pendant un petit moment dans la conversation, elle ne comprend pas ce qui se passe, nous changeons même de comptoir... puis elles (elles sont deux maintenant) émettent l'éventualité qu'il pourrait y avoir un souci avec nos deux prénoms identiques!!
    Après les avoir giflées sèchement l'une après l'autre, nous nous apaisons de nouveau et elles corrigent cette dernière hypothèse comme étant totalement hors de propos.

    Non, cher lecteur, tu te souviens que je carabistouille parfois (c'est un mot à la mode en cette période d'élections). Nous ne les avons évidemment pas giflées, car ç'eût été extrêmement contre-productif, comme nous le répètent les panneaux rouges postés au-dessus de chaque comptoir : "toute atteinte physique ou verbale au personnel de l'aéroport ou de vol se soldera par une amende ou un refus d'embarquement". Au moins, c'est clair.

    ISTANBUL

    Nous voilà donc partis pour Istanbul, anciennement Constantinople, anciennement Byzance. Byzance la grecque devient Constantinople en 330 après que l'empereur Constantin l'a choisie parce que son empire romain commençait à craquer au niveau des coutures, pour reprendre une expression anglaise. Trop étendue, trop difficile à gérer, donc divisée finalement en deux "sous-empires", l'un d'Occident avec Rome pour capitale et l'autre d'Orient avec Constantinople...
    ... qui tombera aux mains des Ottomans en 1453. Bon, un millénaire quand même, il avait du pif, Constantin, parce que du côté de Rome, ça s'est effondré bien avant! Apparemment, la ville avait une situation tellement privilégiée au niveau géo-politique et commerciale, sur la route de la soie, que sa chute définit pour les historiens la fin du Moyen-Age en Occident, rien que ça!

    Pardon? Oui, désolé, je vois bien que je t'ai endormi avec ce chapitre historique, lecteur patient, mais c'était juste pour faire le point, histoire de ne pas arriver comme un cheveu sur la soupe face à tant d'Histoire! c'est quand même passionnant! La seule mention des noms de Constantinople et encore plus, Byzance, est tellement évocatrice...

    Tiens, notre premier plateau-repas d'avion arrive. J'ai faim, je te laisse. Il y a des priorités. Et tant que j' y suis : je vais essayer de faire court. Essayer, j'ai dit. Après, tu peux aussi zapper. Pas de chichis entre nous. En tout cas, encore et toujours, merci de continuer de nous suivre, de me lire et supporter mes élucubrations.

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    23.15, heure locale / 22.15 heure française

    Voilà, on a bien repris nos marques depuis l'atterrissage. En grande pompe, l'atterrissage, après une dizaine de minutes à tOurner autour de l'aéroport parce que c'était le bordel en bas, aucune piste de libre. La pluie battait la carlingue, la température était annoncée à 9°C et finalement notre avion se pose sous un tonnerre d'applaudissements des voyageurs! Non mais vraiment? C'est pas juste son boulot, au type, de nous faire arriver sains et saufs!? On dirait qu'il a fait un exploit, qu'il nous a sauvés d'une mort certaine! Bref.

    Nous mettons un temps infini à sortir de l'aéroport tout neuf et au hall-cathédrale. Beaucoup d'indications en turc (! oui, bon) mais de la sorte qui te servent, cher lecteur, quand tu sais déjà les choses. Ce sont des indications-rappels, en fait, pas des nouvelles pour les gens qui arrivent. On nous annonce dans le guide une rame de métro qui relie le centre-ville, super! - mais pas encore construite - ah. Va pour le bus, qu'on trouve finalement après maints allers-retours. Il nous déposera à son terminus, une station de métro à... 6km de notre hôtel. Rien de plus près.

    Non, personne n'est parfait : lorsque j'ai réservé la chambre, j'ai choisi le vieil Istanbul, où se trouvent tous les principaux monuments. On est près de tout : Topkapi, la Sainte-Sophie, la Mosquée Bleue... mais loin des moyens de transport. Apparemment, on ne nous a pas tout dit : on ne peut pas tout avoir ici-bas.

    PEKIN EXPRESS, ENFIN

    Le car nous dépose donc à Aksaray, une plateforme vibrante et pulsante de vie où l'on convient que Mérignac va garder un moment les valises sur une place venteuse alors que je m'enfonce dans des rues grouillantes de passants pour débusquer un distributeur afin de payer notre prochain taxi.
    C'est un quartier très, très jeune, beaucoup de musique, de la circulation très dense, des véhicules effreinés passent dans les deux sens, les lumières des magasins pulsent au rythme des portables qui sonnent et des vendeurs de kébabs qui haranguent les piétons. Je n'en crois pas mes yeux : les gens courent à la Usain Bolt en traversant à 2 ou 3 mètres à peine de bus roulant à vive allure sur une avenue à 4 voies! Mon Dieu mais ils sont inconscients ou bien!
    Moi, je marche vite avec mon sac à dos vissé sur les omoplates, j'ai une mission, je dois trouver du cash, je ne vois aucune banque, va falloir que je demande aux gens, je dois faire vite, Olive m'attend, l'hôtel aussi, la nuit tombe... tu le sens venir, le symptôme "Pékin Express"?
    Aussi, lorsque je trouve ce maudit distributeur, je retire ni une ni deux des billets et repars je ne sais pour quelle raison comme un dératé dans l'entrelac de ruelles, je suis pris dans une tension aussi inutile que pressante, je me repère sans erreur, l'esprit froid et détaché (perdons-nous de l'argent à chaque seconde passée?) puis je débouche au bout de cinq minutes folles sur la place où j'ai laissé mon binôme, planté à côté des sacs. Il me voit de loin et sourit. Je prends le dernier virage sur une demi-semelle et j'arrive en hurlant "je suis le premier??" puis je saute sur le drapeau rouge imaginaire déroulé au sol et qui marque la fin de l'étape. J'ai l'impression d'avoir gagné une amulette, sinon la finale. Je suis refait.

    Le taxi nous amène finalement à une rue de notre hôtel sans avoir remis son compteur à zéro au départ; Bon, faut bien se faire avoir, sinon c'est pas drôle.

    MINI-MISERE

    Notre quartier pour 5 jours est ultra-touristique : des restaurants aux devantures éclairées de lampions colorés bordent les rues pavées. Nous tournons 5 minutes, mal dirigés par les rabatteurs des restos et nous choisissons finalement de faire confiance à notre GPS.
    Grosse déception. Notre hôtel, le "Mini Nova Old Istanbul" fait très miteux alors qu'il était très bien noté sur Booking. on a revérifié les photos, c'est bien ici, mais on n'y trouve pas notre compte. Ça sent un peu l'arnaque aux notes d'évaluation.
    Nous sommes dans une chambre au sous-sol (avec néanmoins des fenêtres) mais une insupportable odeur d'humidité, voire de moisissure. Galgon n'a pas dit son dernier mot. Nous dormirons ici ce soir mais demanderons à changer demain.

    SPECTACLE

    Nous ressortons manger et là c'est le show : chaque restaurant a son rabatteur dont nous devenons instantanément les meilleurs amis, au moins le temps de voir la carte et s'entendre dire qu'ici, pas de taxe, et que si on n'aime pas on paye pas. Bien sûr, le thé est gratuit en dessert. Et nous nous arrêtons dans l'une de ces gargottes, à l'écart desquelles le Routard nous avait bien prévenus de rester car ce sont des restos à touristes, donc de qualité très médiocre.
    Le repas est finalement correct, moi avec mon plat d'agneau aux légumes cuits dans une sorte d'amphore en terre cuite et apportée au centre d'un feu savamment entretenu par le serveur qui la casse après moults tapotements cérémonieux, provoquant une avalanche de flashes de la part des clients alentours qui veulent tous prendre le spectacle en photo. Comme moi, j'avoue, mais c'est mon plat, quand même!
    Le repas reste cher malgré tout et nous nous jurons de ne plus nous y laisser prendre... au moins jusqu'à demain.

    Petite promenade digestive et extrêmement revigorante (on avoisine les 6 ou 7°C, le vent est glacial et la bruine nous humidifie bien comme il faut, Mérignac est dans les affres de la torture physique par le froid). Le quartier est magique : de vieux bâtiments de bois projettent leur étages en encorbellement parfois en piteux état quand deux pas plus loin, nous nous retrouvons devant la majestueuse Mosquée Bleue visant le ciel de ses minarets pointés comme des flèches, alors que la majestueuse Sainte-Sophie se dresse dans notre dos.

    Une première journée riche en émotions, et nous n'avons pas visité grand-chose. Je ne cesse de me le répéter dans la tête, à chaque pas que je pose sur les larges dalles de granit :

    NOUS - SOMMES - A - ISTANBUL.
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