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  • Day 2

    J2 - journée et soirée

    April 19, 2022 in Turkey ⋅ ⛅ 6 °C

    Agréable surprise pour le petit déjeuner, sur le toit-terrasse (mais vitré. Une véranda, quoi.) Au menu, c'est du continental mais avec un choix de malade : sucré, salé, même moi qui ne mange habituellement pas le matin, je ne sais plus où donner de la cuillère. D'un côté, nous avons la vue des minarets de la Mosquée bleue, partiellement cachés par une rangée de maisons à étages, et de l'autre, la Mer de Marmara et l'estuaire de la Corne d'Or, qui sépare la vieille Istanbul de la moderne, côté européen.
    Mais le temps n'est pas de la partie. Nous aurons tout au long de la journée une alternance de pluie fine ou de crachin turc (le cousin du breton) assez pénible au final.


    SOPHIE

    Nous décidons de tenter notre chance à Sainte-Sophie, malgré notre décision la veille de ne pas y aller aujourd'hui.
    Nous prenons notre temps, nous flânons sur la magnifique esplanade séparant Sophie de la Mosquée bleue. L'entretien est au cordeau, pas une fleur n'est fânée, pas un brin d'herbe ne dépasse, et évidemment pas un papier par terre. Les touristes sont présents et beaucoup s'engouffrent dans l'entrée de la mosquée. Nous les suivons... et voyons de suite qu'effectivement, nous risquons attendre quand même un peu. Re-changement de plan, direction le Grand Bazar, sans oublier de passer devant la basilique-citerne.

    PLOUF

    Où plutôt "flop". Elle est fermée pour rénovation. Nous l'avons découvert quelques jours avant de partir en voyage et j'étais juste dégoûté : c'était LE lieu que l'on voulait absolument voir en vrai tellement il est unique.
    Ce "Palais Englouti" comme l'appellent les Turcs est une ancienne citerne dont le plafond est soutenu par une forêt de colonnes imposantes, le tout baignant dans l'eau et un éclairage un peu fantômatique. Bref, cela ne sera vraiment pas pour nous, pas cette fois. On avait l'espoir que l'information de la rénovation était un peu datée et la citerne serait ouverte de nouveau, mais non. Première déconvenue touristique.

    SULTANAHMET

    Nous poursuivons notre découverte de la vieille Istanbul et de ce quartier du Sultanhamet.
    A peine avons-nous quitté les grandes artères encombrées de voitures, camions, taxis, bus, trottinettes ou tramways klaxonnant à tout rompre pour espérer avancer de quelques mètres avant d'être obligés de re-klaxonner, nous pénétrons dans un autre monde: un incompréhensible lacis de ruelles pavées escarpées et biscornues, dans lesquelles s'insinuent tout autant de voitures, camions, taxis, bus, trottinettes ou tramways klaxonnant à tout rompre pour espérer avancer de quelques mètres avant de retomber sur ces grandes artères, soulagés de pouvoir s'en donner de nouveau à coeur joie sur leur klaxon.
    Les tramways sont à la queue leu leu, passent dans un enchevêtrement de ruelles improbables parfois. On se croirait en Inde. Ces ruelles débouchent sur d'autres ruelles encore ou bien sur d'imposantes mosquées de toute beauté, comme emprisonnées autour de ces minuscules voies tordues qui les contournent. Et en toile de fond, la ville moderne, de l'autre côté de la Corne d'Or, qui semble flotter entre ciel et mer, aujourd'hui de la même couleur. Une quantité invraisemblable de cargos poireautent dans la mer de Marmara au loin, attendant leur tour pour prendre le détroit du Bosphore et rejoindre la Mer Noire.

    PRIÈRE

    Nous passons par Nuruosmaniye Cami, la mosquée attenante au Grand Bazar. Elle est impressionnante avec ses superpositions de coupoles et demi-coupoles ainsi que ses 2 minarets aux triples balcons. Un exemple d'architecture ottomane, te dirais-je, lecteur curieux, si tu me le demandais.
    Nous y pénétrons, les chaussures à la main. C'est la prière. Depuis une dizaine de minutes, les muezzins de toute la ville sont à leurs micros et chantent, prient, appellent, psalmodient à tout va, à qui veut l'entendre. Car les gens dehors n'y prêtent apparemment qu'une attention extrêmement ténue... La mosquée n'est pas pleine non plus: outre l'imam qui fait l'office, juste 2 ou 3 pratiquants sont prosternés.

    Nous avons malheureusement interdiction de prendre des photos mais je dégaine mon portable et j'enregistre l'ambiance du lieu. Nous y passons une vingtaine de minutes, assis sur la moquette épaisse dans cette salle au plafond-coupole aussi haut que le ciel, éclairé d'ampoules électriques et décoré d'arabesques et dorures étincelantes. C'est un émerveillement pour les yeux.
    L'instant est paisible, on se laisse bercer par la voix de l'imam qui chante, parle, récite en arabe. C'est tantôt guttural, tantôt rond, fluide, envoûtant.


    LE GRAND BAZAR

    Mais revenons au Grand Bazar. C'est exactement l'impression que cela donne lorsqu'on s'y rend, et lorsqu'on y entre : des étals de toutes tailles, de toutes sortes, de toutes couleurs. Une ville dans la ville. L'un des plus célèbres du Proche-Orient et apparemment le plus grand marché couvert au monde.
    Les boutiques, parfois minuscules, comme compressées ente deux plus imposantes, sont organisées en rues et ruelles. Les murs sont souvent décrépis mais l'ambiance est surprenante. Beaucoup moins que la came, toute identique où qu'on regarde, avec des prix... à touristes. Il ne m'y prendront pas.
    (J'achèterai mon thé dans un autre bazar plus tard dans la journée. Aussi cher.)

    Je me fais un ou deux potes qui veulent que je les photographie et après échange de cartes pour leur envoyer les clichés, nous parvenons à nous extirper comme par magie de ce monde dans le monde... et ressortons par où nous sommes entrés, sans comprendre par quel miracle.

    KEBAP!

    Il est l'heure de déjeuner. On ne peut décemment pas le sauter, avec tous ces kébabs qui nous font de l'oeil. On s'arrête dans une gargotte/fast food, on salive quelques instants sur la carte et on commande deux "pide", sorte de kébabs, un au boeuf, l'autre au poulet.
    Pas à tomber mais pas mauvais quand même. Comme il n'y a pas de dessert, Mérignac émet l'hypothèse de prendre un autre plat à deux. Ce que nous faisons gaiement.

    LA MOSQUÉE BLEUE

    Il est 14h, l'heure des touristes à la Mosquée Bleue. Celle-ci leur est fermée pendant le culte.
    Grosse, énorme, monumentalisssime déception encore : toute en rénovation intérieure, on n'y voit que la coupole, dont les travaux sont achevés. Et vu la magnificence de ce plafond oeuvré, décoré, comme enluminé par la main du divin, on ne peut que pleurer de rage que le moindre centimètre carré de mur intérieur soit caché. Je me rapproche doucement du nervous breakdown.

    DU COUP, RE-BAZAR

    ... oui, mais pas le même. L'Egyptien, au nord de la vieille ville, en bordure de Corne d'or. Celui-ci est beaucoup plus petit, mais bien plus beau. C'était déjà un marché aux épices, établi par les marchants génois et vénitiens (17/18e siècle).

    Ici, les épices rivalisent de couleurs avec les fameux "turkish delights", ces confiseries que nous achèterons dans quelques instants (mais nous ne le savons pas encore), les fruits séchés et les thés médicinaux ou fruités.
    On a envie de tout goûter et ce ne sont pas les vendeurs qui nous en empêchent. Tiens, là, ces petites mignoneries brillantes avec des pistaches dessus, elles seraient pas pour nous avec leurs cousines au chocolat qui font leurs pimbêches à côté, toutes collées les unes aux autres?J'te jure, y'a plus de tenue, lecteur offusqué.

    6 d'entre elles finissent sur un mini-plateau en polystyrène dans les mains de Mérignac qui ne m'écoute déjà plus depuis quelques minutes alors que je lui demande d'attraper l'argent dans mon sac à dos. Il a les yeux qui coulent sur les pauvres confiseries.
    "Je te jure, j'en ai l'eau à la bouche!" sera son épitaphe, j'en fais le serment (avec "c'est bon, on a le temps!").
    Je m'arrête à la première-et-demi : ces baklavas sont à tomber. Quelles saveurs!
    Mais soudain, la bouche pleine, le doute m'étreint : est-ce l'hyperglycémie ou la crise de cholestérol qui va s'abattre sur moi en premier dans peu de temps?
    C'est très bon, mais très lourd. Très gras et très, très sucré. Je ne vais pas pouvoir manger ma part, je serai malade, c'est sûr.

    Heureusement, nous ne sommes pas complémentaires pour rien. Elles ont toutes péri. Silencieusement, inévitablement.

    Je finis par craquer à mon tour, me décide de me faire prendre pour un pigeon en achetant du thé à la mangue et à la pomme, que j'ai goûté sous les yeux du vendeur. Il m'en a quand même fait déguster 4 différents dont un mélange menthe/gingembre/orange/citron "contre le covid" dont les vapeurs m'ont instantanément tiré quelques larmes. Je l'ai reposé avec un sourire poli...

    RETOUR

    Une dernière mosquée pour faire bonne mesure, mais même si l'imam a une voix envoûtante, c'est loin d'être le cas pour le bâtiment. Nous ressortons un moment après et apercevons le long du mur des hommes qui font leurs ablutions à l'enfilade de robinets qui sortent du ventre de l'édifice. On s'y lave le visage, les bras, les pieds. Curieux.

    Nous rej-

    19h54 - interruption de frappe de rapport par un nouvel appel à la prière. Je jurerais qu'il est encore derrière la fenêtre si l'écho des autres voix des muezzins de la ville ne venait pas ricocher sur les murs alentours, atténué. Une rumeur tournoyante s'étendant au-dessus de toute la ville, instantanément.

    Fiou, je ne sais pas pourquoi mais ça me met toujours dans un état étrange, cet appel.

    Nous rejoignons donc notre chambre en faisant un détour par l'enceinte du Palais de Topkapi que nous visiterons demain.
    A moins qu'il soit en rénovation. Mais si c'est le cas, il y aura au moins un Turc mort demain avant le coucher du soleil.

    SOIRÉE

    Encore du grand art ce soir : Mérignac et Galgon ne veulent pas dîner dans le quartier ultra-touristique donc ils prennent des adresses dans les guides.
    1e resto : à 600 mètres. On décolle. Nouvel enchevêtrement de ruelles et au bout de 10 minutes (tu parles, 600m), nous le trouvons : "Sorry, we're closed".
    Galgon capote? Pas de souci, Mérignac à la rescousse. 2e adresse. Tiens, c'est cocasse, il est aussi à 600m d'ici. Soit. Enquillons-nous les ruelles! C'est joli comme tout en plus, elles sont souvent décorées de lampions, elles brillent de mille feux.
    Le 2e resto n'accepte pas les cartes de crédit. Soit. Un distributeur. On cherche, un peu, puis on abandonne vite. Tant pis, on a une 3e option, à 600m d'ici. Dis-donc, c'est pas le GPS qui serait en train de nous endormir, par hasard?

    Après une dizaine de minutes, nous arrivons à bon port et là nous avons droit à un repas bien mérité, Mérignac avec de l'agneau grillé (kebab, donc) et moi avec un mélange de viandes grillées. Je me sens pousser des ailes, je mange même les oignons et le persil qui sont les accompagnements (pas seulement la déco de plat). Je découvre en payant l'addition que le persil baigne dans une eau propre, soit, mais dans une eau nonobstant, et l'eau et censée être notre pire ennemi. Croisons-les doigts que tout se passe bien cette nuit.

    Petite marche digestive pour le retour, au début de laquelle Olive, confiant, m'arrête d'un geste autoritaire de la main lorsqu'il me voit prendre mon portable pour utiliser le GPS.
    "Ne dis rien, je vais retrouver le chemin."

    Quand je te dis, lecteur, qu'il était fatigué... Mais finalement, nous retombons sur un itinéraire déjà pris dans la journée et le retour s'exécute sans problème.

    ENCORE 10 LIGNES

    Nous repassons par la rue touristique de notre quartier, où les mêmes rabatteurs, nos potes désormais, nous courent toujours derrière en nous apostrophant dans 4 langues différentes pour découvrir notre nationalité. Le dernier nous prend pour des Espagnols, puis des Allemands avant d'abandonner, dépité, et nous demander si nous sommes chinois, ce qui nous arrache un éclat de rire.
    "Tsss encore 10 lignes," me plains-je. Les 10 lignes de plus que chaque nouvelle connerie ou mésaventure me force à écrire dès que nous rentrons à la chambre.

    Cela fait 3 fois que nous passons devant ce pub irlandais, le Rounder's. Evidemment, il fait le coin de la rue avec celle où nous logeons. Hier, déjà, je me posais la question de savoir s'ils avaient poussé la chose jusqu'à proposer des Irish coffees. Eh bien, ce soir, j'ai la réponse : oui. Irish, Turkish et aussi Bailey's coffee. Ce détail aura toute son importance dans quelques minutes.
    Le rabatteur sort de sa terrasse plastifiée pour me demander faussement en colère combien de fois je vais m'arrêter devant sa carte avant de venir consommer (manifestement 3 fois depuis hier).

    Olive n'est pas super chaud, ils ne font pas de déca ici, (ce qui me refroidit aussi, les nuits blanches sont longues dans n'importe quel pays et je serais capable de retrouver le sommeil juste au moment de l'appel à la prière, ce qui m'énerverait bien copieusement) c'est pas dans les moeurs, c'est des Turcs, pas des chochottes de Français, et on s'est déjà assez gavé au resto pour ne pas prendre de dessert. (Oui, lecteur incrédule, tu as bien lu : point de dessert. C'est ça, la volonté. *sortie de champ*)
    Bref, nous passons notre chemin. Mais Galgon a de la suite dans les idées. Nous arrivons, sortons les manteaux, les chaussures, on se pose un peu sur le lit.
    "Ca va me manquer, cet Irish coffee. Avec tout ce qu'on a mangé, il va pas nous empêcher de dormir...
    - oui, m-
    - et puis on n'a pas pris de dessert...
    - tu disais que tu ne pouvais plus manger!
    - oui, mais pas boire! Le café c'est de l'eau...
    - ...
    - tu veux pas un petit Bailey's? c'est les vacances...
    - !!!"
    Puis il a remis ses chaussures et son blouson en me regardant pour savoir si je le testais ou pas (comme si..!). Et quand il me voit faire de même : "Ah mais on y va vraiment?"
    Tu parles, j'étais déjà à la porte de la chambre, la clé à la main.

    Ils n'étaient pas mauvais.
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