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  • Day 10

    J10 - Retour et conclusion

    April 27, 2022 in France ⋅ ☁️ 16 °C

    Eh bien, nous avions bien une bonne étoile au-dessus de la tête hier soir: nous descendons à 9h pétantes ce matin dans le lobby, notre hôte est là avec une amie. Nous retrouvons également la connaissance de hier, qui est en fait le "vrai" réceptionniste.
    Nous attendons quelques minutes, notre hôte va chercher sa camionnette de style Kangoo, on charge les valises et bye bye Istanbul.

    ESPÉRANCE DE VIE : NULLE

    La circulation stambouliote est une véritable épreuve nerveuse pour tout conducteur. Les véhicules s'insèrent dans des voies déjà congestionnées ou trop petites dans lesquelles il y en a toujours un qui essaye de faire demi-tour, pour une raison ou pour une autre. Ça klaxonne, ça avance par à-coups, en bagayant et les gaz d'échappement transforment l'ouverture des vitres en expérience désagréable avec la chaleur qui s'élève.

    Nous vérifions quand même de temps à autres que nous nous dirigeons bien dans la bonne direction, ça serait balaud de se retrouver dans le mauvais aéroport!

    Puis nous quittons le lacis de ruelles tortueuses et pentues pour tomber dans des embouteillages XXL sur les grands axes. Vue du ciel, Istanbul est un monstre tentaculaire, un réseau d'artères pulsantes et de veines se subdivisant elles-mêmes en une myriades de veinules congestionnées, ralentissant d'autant le flot continu de véhicules.

    Nous finissons par nous extirper de cette toile et prenons rapidement de la vitesse sur la voie rapide, direction Havalimani International Airport.

    Nous avons néanmoins failli ne jamais arriver. Notre hôte discute sans cesse avec sa voisine et loupe une sortie. Pas de problème, il s'arrête sur la bande d'arrêt d'urgence, fait marche arrière jusqu'aux zébras triangulaires marquant la séparation des deux voies et en évitant une deuxième voiture déjà en warnings sur la zone (pourquoi?)... lorsqu'un vrombissement infernal nous fonce dessus à grands coups de klaxon. Le camion nous frôle en hurlant et soulevant une tornade de poussière, passant à une distance définitivement trop courte pour ne pas donner des sueurs froides à Mérignac qui se trouve de ce côté de la voiture.
    Nous attendons quelques instants sur les zébras qu'un trou se crée dans l'enchaînement des véhicules, puis c'est notre fenêtre, on s'engage et nous voilà repartis, sains et saufs, avec juste une tension élevée de quelques points supplémentaires pour certains.

    AÉROPORT ET ENVOÛTEMENT

    On pourrait croire que tout est bien qui finit bien. Nous venons d'arriver largement en avance au hall des départs, déposés, remerciés, salués... Mais c'est mal nous connaître, nous et notre formidable potentiel d'attraction des conneries et autres événements indésirables.

    L'aéroport d'Istanbul est fantastique. Récent de quelques années, il est gigantesque, doté d'une tour de contrôle au look futuriste et, semble-t-il, totalement conçu pour opérer en symbiose avec Turkish Airlines.

    Nous passons devant un contrôle sécurité des bagages dès l'entrée dans le bâtiment. Puis tout s'enchaînement rapidement : check-in automatique sur borne, dépôt des bagages, tous les vols de la Turkish sont mélangés aux comptoirs, on est sur la zone "International check-in": pas besoin de chercher sa destination.

    Nos valises taggées et parties, c'est la police aux frontières et un deuxième contrôle sécurité avant d'accéder aux halls d'attente.

    C'est à ce moment que je manque perdre Olivier définitivement. Je pars aux toilettes et lorsque j'en sors, je le vois au loin en conversation avec une demoiselle d'origine caucasienne, blonde, les cheveux mi-longs frisés et les yeux d'un bleu pur, avec un gros livre dans la main. Tsss il suffit que je m'absente une minute et voilà!

    Je m'approche d'eux et c'est bizarre, il n'y a qu'elle qui parle, lui ne bouge pas, il n'y a pas d'interaction. Je me mets à leur niveau, Mérignac tourne la tête en me voyant et me sourit un peu gêné, mué. Tout est très rapide mais tu sais, lecteur, des fois, il suffit d'un regard trop long d'un millième de seconde pour sentir que quelque chose est étrange.

    "Ça va?
    - euh oui. Elle me parle, j'ai pas tout compris, elle me dit de ne pas m'inquiéter..." fit-il en souriant.
    Je me tourne vers la fille, souris et lui lance "hello?" pour engager un semblant de conversation et comprendre ce qui se passe. Elle me regarde rapidement, ne répond pas et se retourne vers Olive et j'ai l'impression d'entendre, en anglais "c'est la vérité..."
    Il répond "OK", toujours en souriant, presque embarrassé de ne pas savoir comment mieux répondre. Puis elle me lance un dernier regard et s'en va de son côté et nous du nôtre. La scène s'est déroulée au ralenti, comme dans un rêve.

    Mérignac semble s'être fait prendre pour cible, voire cobaye, par une illuminée qui se baladait avec sa bible (le mot "Holy", "saint", écrit en gros) et l'a accroché en lui disant qu'il avait l'air soucieux, qu'il ne devait pas s'inquiéter, que les temps étaient difficiles... mais ce regard bleu intense, appuyé... je l'ai remarquée de suite, la manière dont elle le regardait. Pas un regard social normal, il était comme envoûté et c'est ce qu'il me dira aussi après qu'elle est partie.
    C'est comme si elle l'avait hypnotisée le temps qu'elle lui parlait et mon arrivée a rompu le charme.
    Mowgli était dans les anneaux de Kaa, en train de siffler "aie confiaaaaaaance en mmmooooaaaaaa..." et Bagheera (ou Baloo?) est arrivé et lui a mis une grande calotte qui a tout cassé. Je comprends mieux pourquoi mon "hello" n'a eu aucun retour, si ce n'est un regard plutôt hostile, en fait.

    Bref, quelle histoire, encore.

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    Voilà, Nous avons découvert Istanbul. Anciennement Constantinople, anciennement Byzance.
    Le vacarme des embouteillages, le tumultes des gens, le choc des continents et le fracas des civilisations au fil des siècles... La Turquie, le reste, fera l'objet d'un autre voyage, à n'en pas douter, l'Istanbul touristique n'étant qu'une délicieuse entrée pleine de saveurs et de textures nouvelles.

    Comment ne pas être marqué par toutes ces cultures qui s'entrecroisent et s'entremêlent à chaque coin de rue, dans chaque boutique? On y croise des Turcs bruns aux yeux noirs, d'autres blonds aux yeux bleus, témoins de ce métissage de populations millénaire, on y vit à cent à l'heure dans un capharnaüm de ruelles aussi chargées d'Histoire que les étals le sont de grenades fraîches ou de bibelots en forme de nazar boncuğu, le "nazar boncuk", cet oeil de verre bleu et blanc censé protéger son propriétaire de l'autre, le mauvais oeil, et se briser lorsqu'il a rompu un sortilège.

    Les Stambouliotes sont fiers : les drapeaux rouges au croissant et à l'étoile sont accrochés partout dans la ville, minuscules en porte-clés ou titanesques, flottant haut et droit à flanc de colline. Le sourire a priori rare lorsqu'on les croise, le visage fermé et l'oeil dur, ils sont néanmoins serviables et à l'écoute lorsque la communication s'établit malgré la barrière de la langue.

    Istanbul est une ville inoubliable à découvrir, qu'il faut prendre le temps de visiter et apprécier, des hauteurs de Sainte-Sophie jusqu'au fond de la Corne d'Or. Nous avons parcouru quelque 160 km à pied sur 9 jours. Même si nous n'avons pas tout apprécié, nous ne regrettons rien si ce n'est ce que nous n'avons pas pu visiter, justement. Mais pour découvrir le reste du pays, il faudra bien repasser par la capitale...

    Merci de nous avoir suivis, lecteur fidèle, en espérant t'avoir permis de voyager un peu avec nous pour quelques jours dans cette incroyable cité.

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    Ce carnet de voyage sera publié sur waysandays.com avec les photos et le film lorsque ceux-ci seront finalisés, dans quelques semaines.
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