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  • Day 275

    En famille sous les cocotiers

    April 4, 2022 in Oman ⋅ ☀️ 30 °C

    Notre récit précédent s'arrêtait en Iran, alors que nous venions d'atteindre le golf persique et de retrouver l'été. Nous sommes 2 mois plus tard, 2 pays plus loin et les degrés celsius ont presque doublé... Il est donc grand temps de vous conter la suite !

    Il y a des moments du voyage où tu t'auto-félicites pour ton timing. Et indéniablement, notre descente de la côte iranienne fut l'un de ces moments.
    Apparemment, longer le golf persique en février équivaut à être au bon endroit, au bon moment. Tous les jours où presque, nous rencontrions des Iraniens pédalant pour une semaine ou deux. On s'est délectés de ces coups de pédales et bivouacs partagés. Notre voyage a rapidement pris des airs de colonies de vacances. On comprendra rapidement qu'il y a deux manières de faire du camping sauvage : Si tu campes caché entre des buissons, dans un endroit peut-être pas super glamour mais bien discret, plat et sans sable, en cuisinant ton riz et ta conserve sur ton réchaud tout en regardant les étoiles, tu campes à l'européenne. Si tu campes sur la plage, au su et au vu de tous, avec un gros baffle, 3 thermos de thé et que tu danses en attendant que ton poisson trouvé "je ne sais où" grille sur ton bbq, alors tu campes plutôt à l'iranienne. On s'est assez vite pris au jeu et, clairement, quel plaisir de pouvoir s'installer partout et de ne pas se poser de questions! Parmi les rencontres éphémères sur ces quelques kilomètres, on se doit de mentionner celles avec nos amis quadrupède à bosse, j'ai nommé...les dromadaires! On s'était habitué, depuis 2000km à avoir régulièrement des panneaux routiers prévenant de la présence de cet animal sans jamais en apercevoir le bout de la queue quand, soudainement, au détour d'une dune... 1, puis 2, puis 20 dromadaires broutaient gaiement. La première fois, ça nous a animé pendant une bonne grosse demi-heure... On a posé les vélos et on les a photographiés sous tous les angles. Deux moi plus tard, on est devenu complètement blasé, mais néanmoins toujours sous le charme de ces bêtes qui semblent toujours afficher un petit sourire en coin !
    Pour clôturer en beauté nos aventures iraniennes, nous nous sommes offert une excursion sur les îles de Queshm et d'Hormuz. Notre ami Pat' nous en avait chanté les louanges bien avant notre départ et clairement, ces îles ont été à hauteur de notre coup de foudre pour le pays. Tu pédales de joyaux naturels en joyaux naturels. Rivière de sel, collines rouges ,grottes et paysages lunaires, c'était juste incroyable ! Et pour couronner le tout, nous avons pu assister à la ponte d'une tortue! Magique !
    C'est donc plein d'émotions et chargés de souvenirs que nous embarquons sur le ferry qui nous emmènera à Abu Dhabi... Ou plutôt, que l'on tente de monter sur le ferry... car oui, voyager en Iran, c'est devoir bien planifier son coup niveau budget, puisque aucune carte bancaire ne fonctionnent sur place. On avait trouvé une combine qui nous permettait d'avoir une carte locale et de ne pas devoir emporter trop de cash mais cette combine s'est avérée ne pas très bien fonctionner, ce qui explique que, à la fin de notre séjour, il ne nous restait plus que le montant du ferry , au cent près. Seulement voilà, au moment où nous tentons de payer, notre carte ne passe pas...la banque nous avait pourtant confirmé la veille que le montant qu'on avait transféré était bien arrivé mais, il est 6 heures du matin et, évidemment, la banque ne décroche pas! Nous nous retrouvons sur le quai, sans argent pour quitter le pays.... Heureusement, dans un pays peuplé d'Iraniens, il est impossible de rester dans la misère trop longtemps ! Navid, qui nous avait accueilli à Téhéran 6 semaines plutôt, accepte de payer nos billets... Incroyable cette confiance ! Nous l'avons évidemment remboursé mais, si je raconte cette histoire c'est parce qu'elle m'impressionne tellement ! 180 euros (prix des deux billets) est une grosse sommes n'importe où mais, en Iran, cela équivaut à un demi-salaire. Que Navid ait accepté de l'avancer à des gens qu'il connait à peine et qui s'apprête à quitter son pays nous a donné une belle leçon de solidarité et de confiance. Grâce à lui, lorsque le bateau a levé l'ancre, nous étions sur le pont et non sur le quai !
    La traversée dure 5h et prend des airs apocalyptiques. Commençant à me sentir malade, je sors sur le pont pour prendre l'air..de loin, l'ambiance m'y paraissait bonne mais de près, c'est un tout autre spectacle qui m'attend... tout le monde est couché, la tête entre les mains et certains remettent leur déjeuner ! Pendant ce temps là, Gasp s'est fait inviter par le capitaine et chill dans sa cabine... Bref, 2 salles, 2 ambiances, comme on dit . Nous arrivons vers 23h aux Emirats Arabes Unis et, pour la première fois depuis longtemps, nous sommes attendus. Je sors la première car ici, le débarquement se fait de manière genrée et j'entends qu'on m'appelle....Élodie, la grande sœur de Gaspard , vit là-bas depuis 3 ans avec sa famille. Aller lui rendre visite était un objectif assez important pour Gaspard. Il nous aura fallu 8 mois pour y arriver mais qu'est ce qu'on ne ferait pas pour un bon spaget bolo en famille. Nous restons chez elle pour deux semaines afin de nous imprégner de sa vie là bas : nuit dans le désert, balade en bateau... on est plutôt fan ! Nous serons également rejoint par la maman de Gaspard et ce dernier en profite pour se faire gâter. Qu'il est bon de se retrouver. Cette pause nous permet également de réellement nous reposer et de remettre notre matos à neuf.

    Presque à regret, nous nous remettons en selle pour découvrir le sultanat d'Oman et ces fameux Wadis. Là, escaladant une pente à 15% sur 5 km sous plus de 40 degrés, on arrive au moment du voyage où l'on ne s'auto-félicite plus du tout pour notre timing ! Notre expérience omanaise aura un peu été gâchée par la chaleur ( oui, on sait bien, on ne peut par dire ça à des belges qui sont sous la neige en avril, mais quand même...); nous sommes trop tard dans la saison et il fait chaud.. trop chaud. Du coup, les habitants se réfugient à l'intérieur près de la clim et on ne croise pas grand monde. Heureusement, notre solitude est brisée par l'arrivée de Manon, ma petite sœur, qui est venue pédaler avec nous pour deux semaines. Un peu surprise par notre odeur à l'aéroport, elle est rapidement devenue l'une des notres et grâce à son esprit compétitif,elle a rapidement volé la première place du podium du plus grand nombre de crevaisons. Quelle joie de la retrouver. Il y a tellement à raconter... Les pauvres oreilles de Gaspard ont clairement un peu subi. La nature Omanaise est magnifique et les siestes de l'après-midi nous laisse le temps de réfléchir à la suite... Car oui, nous sommes dans un cul de sac et il est grand temps de décider de la suite de notre itinéraire. Notre idée initiale était de retourner en Iran et de pédaler jusqu'en Asie centrale...malheureusement, le Turquménistan est toujours complètement fermé et cette option est donc impossible. Une autre idée germait dans notre esprit depuis un petit temps : de l'Iran, rejoindre le Pakistan, l'Inde et le Népal. Ce plan B nous vendait pas mal de rêve et on a décidé de foncer... Sauf que, dernier petit hic, les frontières indiennes ne sont ouvertes que par voie aérienne. Cela nous a amené à de long débat et conflit intérieur et, finalement, nous avons pris la décision de prendre l'avion. Notre rêve de tout parcourir en vélo prend fin, mais nous n'étions pas près à favoriser la dernière alternative terrestre qui nous menait déjà sur le chemin de retour ! Il nous reste 4 mois de voyage et notre soif de découvrir est encore grande. Conclusion de l'histoire... Nos vélos sont dans des boîtes et, dans 5heures, nous nous envolons pour l'Inde, pays qui promet d'être à l'antipode de la quiétude omanaise..Un peu anxieux mais surtout très excité, on revient rapidement vers vous pour vous donner des nouvelles. Que l'aventure continue .
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