• J103, l'or vert

    25–27 авг., Колумбия ⋅ ☁️ 29 °C

    À San Agustín, nous nous réveillons avec Ellyn sous la pluie. Nous avions prévu une randonnée dans la rivière, mais finalement au vu de la météo nous changeons notre plan pour visiter le musée archéologique ! Je découvre de magnifiques statues vieilles de plus de 2000 ans taillées dans de grosses pierres volcaniques. Il y en a énormément, et l’énergie du lieu est particulière. Les archéologues sont encore loin de percer tous les secrets de ces hommes de pierre, utilisées principalement dans les rituels mortuaires, mais pas seulement. Certains disent aussi que c’est à San Agustín que les reines venaient accoucher, ce qui marque profondément le lieu.

    Le musée est en partie à ciel ouvert. Au cours de la balade qui nous fait découvrir ce grand site, nous nous arrêtons dans un restaurant pour prendre un almuerzo (= repas du midi). Nous sommes superbement accueillis par une famille qui habite ici, dans le parc, depuis quatre générations. Le monsieur connaît très bien la zone : il nous parle de la Laguna Magdalena, un petit lac de montagne situé à 3 500 mètres d’altitude, au cœur du massif colombien. C’est un lieu sacré pour les communautés locales : une lagune paisible, entourée de páramo, où l’eau prend naissance avant de dévaler les Andes 🌊
    De cette source naissent cinq des plus grandes rivières du pays, dont le fleuve Magdalena, véritable colonne vertébrale de la Colombie. La dame nous prépare un repas délicieux (qu’on a du mal à terminer, les portions sont très copieuses ici !). Nous avons même droit à la visite de leur superbe cuisine au feu de bois. Nous terminons notre journée en profitant encore des statues (ou « nûm-nûm » comme les surnomme Ellyn !) 🪨

    Le lendemain, nous quittons notre joli hôtel pour nous diriger vers La Plata. Nous allons y passer trois jours. J’accompagne Ellyn pour une formation café dans une coopérative qu’elle avait suivie lors de son précédent contrat. Après une jeep jusqu’à Pitalito, nous grimpons dans un bus pour La Plata. C’est une ville moyenne remplie de commerces. C’est la période de la récolte du café : Ellyn m’explique qu’à ce moment-là, il y a plus de pouvoir d’achat car les producteurs sont payés, et les magasins sont donc bien remplis. Nous voyons d’ailleurs des sacs de café dans les voitures et sur des charrettes tirées par des chevaux... Nous prenons le reste de l’après-midi pour travailler un peu : moi sur l’asso, et Ellyn sur son projet d’entreprise.

    Le lendemain, après notre yoga quotidien, nous prenons la route vers Global Coffee, la principale coopérative de café de la ville ☕️ Elle compte une centaines de socios (caficulteurs associés) et plus de 2 000 producteurs. En s’approchant, nous voyons déjà dans la rue de nombreux producteurs avec leur marchandise de café, attendant leur tour pour la pesée. Le café est vert (café pergamino). Après la récolte, les cerises de café rouges sont dépulpées grâce à une machine appelée despulpadora, puis séchées au soleil. Les producteurs les amènent ensuite aux coopératives avec un taux d’humidité de 10 à 12 %.

    Nous arrivons un jour de collecte (lundi, mercredi, vendredi). Il y a beaucoup de monde : la récolte est bonne et les prix aussi en ce moment ! Le café vert est coté en bourse et le marché est favorable car la production est tendue (main-d’œuvre, changement climatique...). Ellyn salue et me présente à l’ensemble de l’équipe de la coopérative : tout est bien huilé. Les kilos de café et les producteurs affluent, et la machine tourne : pesée, extraction d’un échantillon aléatoire de chaque lot afin de procéder directement à une analyse physique, et pour certains à une analyse sensorielle, ce qui permet de fixer le prix et de payer le producteur dans la foulée !

    Nous sommes accueillis par Diego, le chef des opérations de la coopérative. Il nous explique qu’aujourd’hui nous faisons partie de l’équipe qualité de Global Coffee, et qu’il ne faut pas hésiter à poser des questions. De la pesée au laboratoire qualité, nous remontons les étapes, nous sommes chanceuses ✨️

    Nous passons à la « catación » (= dégustation de café). Armés de nos cuillères, nous aspirons différents cafés préparés avec soin : eau filtrée et chauffée à la bonne température, café torréfié et moulu à l’instant, juste à la bonne taille. À nous de noter les cafés sur une échelle de 80 à 100 (100 étant un café d’exception, dit aussi café spécial). Chaque étape est notée sur une fiche liée à un producteur, la traçabilité est essentielle !

    La première étape consiste à vérifier la taille et les défauts des grains (maladies, manque de fertilisation, etc.). Les grains sont calibrés et triés ; les défauts sont pesés pour calculer le facteur de rendement (taille échantillon ÷ (taille échantillon – défauts) × 70). C’est ce critère qui détermine le prix du café payé au producteur, car il indique combien de café vert est nécessaire pour obtenir 70 kg de café export 💰

    Malgré les échantillons qui continuent d’arriver, Diego et son équipe prennent le temps de nous expliquer et de nous faire goûter. L’efficacité est essentielle, car comme ils le rappellent : chaque grain, c’est de l’argent pour le producteur et pour la coopérative. Les producteurs patientent dans la salle d’attente en attendant leur paiement, chaque lot devant être testé, certains attendent longtemps. C’est passionnant !

    La journée se déroule bien. Nous réalisons que notre palais est plus performant le matin que l’après-midi ! Je suis obligé d’utiliser le crachoir : après des dizaines de cafés dégustés, il faut avoir l’estomac bien accroché pour tout avaler ! Après cette journée, nous nous accordons une petite session manucure et pédicure – j’en profite, ici ça ne coûte vraiment pas cher ! 💄 Nous allons ensuite manger dans un petit restaurant mexicain avant de rentrer. Demain, une nouvelle journée caféinée nous attend.

    Le café n’est pas qu’une simple boisson en Colombie : c’est une véritable colonne vertébrale économique et culturelle. Le pays est le troisième producteur mondial, après le Brésil et le Vietnam, et plus de 500 000 familles colombiennes vivent directement de sa culture. Dans certaines régions, il n’y a pas une colline sans caféiers, et une majorité, des écoles aux routes, a été financé grâce à ce précieux grain.

    Pendant ce temps, dans la forêt amazonienne… 🌿 Malo et Valentin semblent bien se porter ! J’ai reçu un message lundi (ils s'apprêtait à manger des insectes!), juste avant le début de leur immersion dans la forêt, et un autre hier avant leur départ pour une nuit en campement sauvage dans la jungle. Le réseau téléphonique nest pas des plus performant dans la zone 😅
    Mais voilà quelques photos partagées, qui donnent une idée de l’ambiance qui semble génial : scorpions, singes, crocodiles…
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