Satellite
Show on map
  • Day 21

    Opulence, culture et 2 nouveaux amis

    April 18, 2019 in Russia ⋅ ⛅ 10 °C

    Cela fait un petit moment que je n'ai pas pris le temps d'écrire, ne m'en voulez pas les copains. Nos journées sont bien remplies et le vide propice à l'écriture nous fait défaut. Je sais bien qu'avec chaque jour qui passe les souvenirs s'estompent et qu'il me faut donc me mettre à la tâche.

    Je profite d'être dans un wagon du transsiberien entre Moscou et Kazan pour vous donner des nouvelles. Étendu sur ma couchette, bercé par le rythme lent de la locomotive et les ronflements de nos voisins de chambrée, je me remémore Saint Pétersbourg.

    Saint Pétersbourg c'est l'opulence russe, le délire bling bling poussé à son paroxysme, il y a assez d'or à Petrograd pour couvrir toutes les routes de Paris à Moscou. Ça aurait fait un joli tapis jaune à Napoléon et sa grande armée en 1812. L'ancienne capitale impériale regorge de Palais tous plus somptueux les uns que les autres. Le plus connu d'entre eux, L'Hermitage ne se visite pas pour ses tableaux mais pour ses murs et ses plafonds. En comparaison Versaille semble raisonnable. Les églises orthodoxes brillent du même éclats. La cathédrale Saint Sauveur sur le Sang Versé (celui d'Alexandre II, assassiné à son emplacement), surmontée par ses 9 clochers à bulbes crème chantilly, est entièrement remplie de mosaïques dorées représentant des scènes bibliques.

    Saint Pétersbourg c'est aussi la culture. Le théâtre Marrinski en étendard dont le ballet surclasse celui du Bolchoï. Les musées regorgent de trésors. La collection impressionniste / post-impressioniste du bâtiment secondaire de l'Hermitage (beaucoup moins somptueux que le principal) est l'une des plus complète au monde. Chaque salle surpasse la précédente ; Monet, Matisse, Cézanne, Van Gogh, Gauguin, Picasso, Kandinsky... tous les plus grands sont ici. Au Russian Museum, on découvre les peintres russes. Les forêts de Shouchkine sont recouvertes de la neige la plus légère qu'il m'ait été donné de voir. La lumière rasante de l'hiver russe y ajoute ses éclats. Je rêve de plonger au plus profond de ces bois si réels. A l'inverse, je me réjouis d'être du bon côté face à la mer déchaînée d'Ivan Aivazovsky. Une vague légendaire engloutie les restes d'un navire éventré et promet une mort certaine à ces pauvres marins et cette vache qui s'aggripent désespérément à un morceau de mat.

    Saint Pétersbourg mais aussi Petrograd puis Leningrad. Chacun de ces noms témoigne de l'histoire de la Russie. (Saint Pétersbourg est fondée en 1703 par l'empereur Pierre le Grand. Elle revêt alors le nom qu'on lui connaît aujourd'hui en hommage à Saint Pierre (et non pas à l'empereur). En tant que nouvelle capitale de l'Empire, Saint Pétersbourg assoit la domination russe sur la région scandinave. 2 siècles plus tard, alors que la Russie entre en guerre contre l'Allemagne, son nom est jugée trop germanophone et est russifié en Petrograd. En 1918, elle perd son statut de capitale au profit de Moscou. Elle fut pourtant le théâtre de la révolution d'octobre et c'est pourquoi, en 1924, 5 jours après la mort du leader bolchévique, elle est renommée Leningrad. Elle conservera ce nom jusqu'à la chute de l'URSS en 1991. Aujourd'hui encore les plus anciens l'appellent par son nom soviétique.)

    Enfin, Saint Pétersbourg, c'est nos 2 couchsurfers Dima et Asia qui nous ont accueillis chez eux pendant notre séjour. Pour notre première rencontre avec des russes, on peut dire qu'ils sont loins des clichés habituels. Tous deux végétariens, ils ne boivent quasiment pas d'alcool. Seul leur reste le vice de la cigarette ce qui n'arrange en rien ma consommation personnelle et repousse ma promesse d'arrêter de fumer avec ce voyage. Anastasia déborde d'énergie, un vrai soleil, toujours souriante et prête à rire. C'est une touche à tout. Bricoleuse, elle confectionne des objets décos et poste des vidéos de tuto DIY sur internet. Mystique, elle pratique le tarot et tire même les cartes pour Eléna lors d'une séance nocturne. Elle excelle dans l'animation de ses réseaux sociaux et on fait plusieurs fois la une de ses stories Instagram. Dmitri, plus réservé mais tout aussi sympa, est un tatoueur reconnu. Il y a 7 ans alors qu'il s'ennuyait avec un ami, ils ont acheté une machine à tatouer. Il s'est entraîné sur ses amis et sa jambe droite. Aujourd'hui ses amis l'ont pardonné et sa jambe est recouverte. Il a ouvert son propre salon dans une vieille zone industrielle qui subsiste en plein cœur de Saint Pétersbourg, juste derrière la perspective Nevski. "Le lieux se prêterai bien à une transformation Berlinoise" plaisante-t-on avec Eléna alors que nous attendons que l'encre sèche.

    Nous repartons avec des souvenirs indélébiles de nos deux nouveaux amis et de cette première étape dans le plus grand pays du monde.
    Read more