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  • Day 54

    Étape 37 : Alta - Nordkapp - Alta

    July 7, 2022 in Norway ⋅ ⛅ 10 °C

    Distance : 471 km
    Dénivelé : 7 000 m D+
    Temps de déplacement : 17h52
    Tracé GPS : https://strava.app.link/VPFxEkp4Crb

    L'étape sans doute la plus historique de ce voyage !

    Nous nous réveillons le jeudi après une bonne nuit de récupération. Les plans ne sont pas encore établis étant donné la météo incertaine.
    Ruth nous dit que si on attend le beau temps pour aller au Cap Nord, nous serons encore ici à la fin de l'été. Il faut donc y aller et considérer que nous sommes chanceux si la météo est bonne.

    De mon côté je me dis que quitte à y aller, autant maximiser les chances d'avoir du beau temps pour profiter à fond de l'endroit.

    Après une dernière vérification de la météo, il semble y avoir une belle fenêtre de beau temps jeudi soir jusqu'à 4h du matin le vendredi.
    On décide donc de s'élancer le jeudi dans l'après midi de la manière suivante : nous prenons juste nos affaires chaudes avec nous et laissons le reste chez Ruth. Nous prévoyons de rentrer le vendredi après midi à la même heure en ayant fait les 471 km correspondant à l'aller retour au Cap Nord.

    On se sent léger sans les sacoches et ça fait plaisir. Nous ferons les 80 premier km en 3h pour la première pause à une station service. Nous prenons une première averse à 50 km mais rien de méchant, il semblerait que ça soit la routine ici.
    Cette station service est la dernière ouverte avant le cap Nord et sera la première ouverte demain sur la route du retour. Nous devons donc prévoir à manger pour 300 km ce qui nous rajoute pas mal de poids. Nous profitons aussi de leur boissons chaudes puisque c'est les dernières avant 300 km...
    Au final une pause de plus d'une heure déjà qui nous permet d'être à l'abri pour la deuxième averse. Ensuite, c'est le grand soleil et plus un seul nuage à l'horizon, nous sommes donc en plein dans la bonne fenêtre météo qui nous permet de rouler en détente avec des paysages magnifiques et peu de voitures. La deuxième pause se fait après 80 nouveaux kilomètres le temps de reprendre un peu de force.
    Nous reprenons la route pour les 75 derniers kilomètres pour arriver au cap nord.

    Nous sommes toujours sous un grand soleil, seuls les longs tunnels de plusieurs kilomètres nous font sortir les frontales. Le plus long tunnel de 8 km de long signe le début des hostilités : 3 km de descente crescendo pour descendre à -200m sous la mer, un petit replat et 3 km de montée crescendo pour revenir au niveau de la mer. Les passages à 9% ne sont pas de tout repos, particulièrement dans la roue de Armand Marquet qui a envie d'en découdre avec le Cap Nord.
    Pour la suite, nous entamons les montagnes russes. Le Cap Nord est à 300 m d'altitude, mais c'est un enchaînement de montées et descentes de 100 à 300 m de dénivelé avec des pourcentages forts. Autant dire qu'après plus de 200 km dans les jambes ça calme. Toutefois, c'est sûrement la plus belle route que je n'ai jamais faite.

    On arrive sur place à 2h du matin avec un immense bonheur. On reste planté de nombreuses minutes devant le globe sans rien dire. C'est quand même un sacré sentiment d'accomplissement que d'être ici alors que nous pensions juste faire un passage express en Norvège, 2 000 km plus au Sud.
    Nous ne sommes pas les seuls à profiter de la fenêtre météo puisqu'il y a des motards et un autre français en vélo qui signe la fin de son voyage en solitaire depuis le Portugal. On imagine que pour lui ça doit être encore plus d'émotions.

    Au total nous profiterons 2h du soleil de minuit en s'enfilant quelques 2-3 000 calories pour repartir dans les meilleures conditions.
    On se dit que ça va être dur vu qu'on en est qu'à la moitié, mais la pause a fait du bien aux jambes.

    Les 25 premiers kilomètres sont aussi durs que pour venir, ça nous remet en jambes.
    Comme prévu, le vent se lève et les nuages font leur apparition. On alterne entre coups de chaud quand il y a le soleil et froid dès qu'il est caché, c'est dur à gérer d'autant plus qu'on a du mal à se réchauffer avec la fatigue.

    Les premiers gros coups de fatigue se font sentir, on se fait une pause vite fait bien fait et repartons avec l'objectif de s'arrêter à une station service qui va juste ouvrir lors de notre passage (20 km plus tôt que prévu). C'est l'occasion de boire du chaud, de manger et de faire une bonne pause avec même une sieste sur la table. On quitte la mer et le vent ne fait qu'empirer. On ne roule que 20 km pour s'arrêter de nouveau à la même station service que la veille, prendre un nouveau café et acheter les dernières provisions pour les 80 derniers kilomètres.

    On est agréablement surpris parce que pour le moment pas de gros coups de moins bien, juste envie de dormir par moment. On est dans notre bulle et perso, je savoure chaque instant en pensant à ce que nous sommes en train de faire.
    Dès que le café retombe, un nouveau gros coup de fatigue arrive pour nous deux, c'est l'occasion pour moi de jeter les dernières forces dans la bataille. Je me mets à rouler contre le vent, ce qui permet d'oublier la fatigue et de m'arrêter à 10 km de l'arrivée au bord de l'hypoglycémie.

    J'appelle Ruth pour savoir où ils en sont, elle me dit qu'ils rentreront en même temps que nous. On décide donc de faire quelques courses pour leur faire des crêpes, ça sera le bonus de ces 24h avant d'aller dormir.

    Au final, après 24h et 7 minutes du départ, nous sommes de retour à Alta. On l'a fait, 24h de vélo et pas n'importe où. Je pense qu'on peut se le dire, on peut être fier de nous !!

    La douche d'arrivée est l'une des meilleures choses qu'il puisse nous arriver. Ruth nous dit qu'ils vont partir en vacances d'ici quelques heures mais qu'on peut rester dans la maison.
    On se dépêche de faire des crêpes avant qu'ils partent et avant que nous tombions de fatigue, puis on déguste ça tous ensemble. Quelques heures plus tard, nous ne sommes toujours pas couchés et heureusement puisque Ruth ne peut pas emmener ses chiens avec elle.
    Elle nous demande si on peut rester un jour de plus pour éventuellement s'occuper du cheptel. C'est avec grand plaisir qu'on accepte. Ça nous fait plaisir de pouvoir rendre service après toute l'aide qu'elle nous a apporté.

    Elle nous explique comment procéder puis nous faisons nos adieux. Quelle fantastique rencontre !

    Après ça, direction le lit qui nous attend pour de nombreuses heures.
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