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  • Day 28

    Mission volcan - Cerro Tocó - 5604 m

    December 3, 2018 in Chile ⋅ ☀️ 0 °C

    Bien reconnaissables au sein de la Cordillère des Andes, ils sont devenus réconfortants à force de les contempler à tous moments de la journée... Oubliant leur dangerosité, passée pour certains, même si quelques uns sont encore actifs.

    C'est de là qu'est partie l'idée : en plus du voyage des 30 ans, pourquoi ne pas se lancer dans le sommet des 30 ans ? Après tout, les conditions s'avèrent optimales : nous passons 3 semaines à dormir et marcher à plus de 3000 m, s'il y a bien un moment où notre corps est blindé en globules rouges, c'est maintenant ! C'est décidé, nous partirons à l'assaut d'un des volcans qui semblent nous défier depuis le début !

    Renseignements pris dans des agences, les excursions sont plutôt onéreuses pour notre budget qui doit s'étaler sur 7 mois... Mais sur un des volcans, le Cerro Tocó, le sentier est paraît-il bien visible. On vérifie sur Internet, et oui, on trouve des récits de personnes l'ayant fait sans guide. Bingo, ce sera lui notre "challenge" ! Ça se tente, et au pire si on réagit mal à l'altitude, on fera demi tour. Car l'heureux élu culmine quand même à 5600 m, et nous n'avons jamais dépassé les 4600 m - presque le Mont Blanc, mine de rien...

    Le jour J, départ à 7h45 par la route de Pasco Sico, celle menant en Argentine depuis San Pedro. Ça monte sec, Bill souffre un peu dans la longue montée. On quitte le bitume pour un chemin mi-pierreux mi-sableux continuant à grimper. En s'élevant, la vue se montre de plus en plus belle et promet d'être spectaculaire de tout là haut !

    9h, 5000 m d'altitude. Une dernière montée, très raide, doit nous amener à un petit parking où sont garés un 4x4 et un mini-bus. On lance Bill à l'assaut, qui grimpe vaillamment une bonne vingtaine de mètres mais qui finit par s'arrêter. Est-ce lié à l'altitude ou à notre trop plein d'optimisme ? En tout cas son moteur ne parvient plus à nous faire avancer, et nous voilà coincés en pleine pente caillouteuse. Je descends pour guider la marche arrière qui s'annonce délicate. "Tu feras gaffe à l'énorme trou" me dit Tom. Ok, mais il y a aussi des grosses pierres et une sacrée pente, difficile d'anticiper le meilleur trajet. Bill recule, glisse un peu et se retrouve subitement avec la roue avant gauche dans le vide au-dessus du fameux trou ! Il penche dangereusement et je sens mon cœur se figer, comme suspendu au jeu d'équilibriste auquel se prête Bill malgré lui... Mais non, il ne bascule pas. Gloups. Tom enclenche la marche avant et essaie de dévier légèrement la trajectoire, mais Bill glisse puis bascule à nouveau ! Nouvel arrêt du temps, nouvelle montée d'adrénaline. Si Bill se renverse, on ne pourra même pas espérer l'aide d'une dépanneuse, tant le lieu est peu accessible ! Et c'est sans parler des énormes pierres sur lesquelles s'écraserait Tom. Ouf, Bill s'arrête, sa roue en l'air, mais toujours debout.

    Changement de stratégie : Tom, les bombonnes d'eau et moi nous installons à droite du van pour faire contrepoids pendant que Tom desserre doucement le frein à main. Ça marche bien, on descend progressivement une dizaine de mètres... Jusqu'à se retrouver complètement bloqués, et cela malgré nos efforts pour pousser Bill. Un rapide état des lieux nous apprend que le cardan au niveau de la roue arrière droite s'est littéralement posé sur un rocher que nous n'avions pas déblayé au préalable. On creuse, on tire, on pousse, on s'énerve, rien n'y fait.

    Gros moment de doute : comment va-t-on débloquer Bill ? A force de s'activer sous le van pour déblayer la pierre, une idée me traverse l'esprit : lors du 4L Trophy, épopée marocaine en 4L, le cric était notre meilleur allié. Dans notre cas il devrait permettre d'enlever le poids de Bill sur la pierre récalcitrante. Nous mettons immédiatement le plan en action, levons Bill, creusons avec soin et miracle : Tom parvient à coups de pied à décaler la pierre. Ouf ! Nous pouvons ainsi finir cette descente maudite, et garer Bill au bord du chemin.

    Il est 11h. La bonne nouvelle, c'est qu'on s'est débattu pendant 2h à 5000 m sans souffrir de l'altitude. C'est déjà ça... Un rapide thé pour se réchauffer et un sandwich au palta (avocat) dans le ventre, et c'est finalement à 11h30 que nous partons pour l'ascension du Tocó. Drôle de sensation que de grimper en altitude : les jambes semblent lourdes, comme lorsqu'on arrive sur une montée après avoir couru plusieurs kilomètres. Le souffle est court, mais là aussi il se travaille comme lors d'un footing. A part ça, tout va bien, nous gardons un bon rythme en nous réservant des pauses régulières pour boire notre infusion de feuilles de coca, surtout dans les passages sablonneux. Des petits gâteaux permettent de parer au petit coup de mou de Tom, et nous avalons en 1h15 les 600 m de dénivelé.

    Effusion de joie en atteignant le sommet ! La vue à 360° est incroyable, on en prend plein les yeux ! Un homme d'une trentaine d'années, accompagné d'un guide, est sous assistance respiratoire, nous confirmant que notre adaptation à l'altitude a été efficace. Ils redescendent rapidement, et nous profitons de la vue à des centaines de kilomètres à la ronde sur le Chili, la Bolivie et l'Argentine, tout ça juste pour nous. Volcans, lagunas turquoises, déserts et salars, c'est magnifique.

    Le froid, amplifié par les fortes bourrasques de vent, nous saisit d'un coup. Les doigts sont gelés, les jambes raides, et l'amorce de la descente se révèle délicate. Mais on finit par se réchauffer, et rejoignons Bill. Il nous refait le coup de la panne de batterie - encore un effet de l'altitude - et le pousser pour le redémarrer sera notre dernier effort de la journée.
    Mission sommet réussie ! Mais le challenge n'était pas forcément là où on l'attendait ! :)
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