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  • Day 87

    Au milieu des fjords

    April 5 in Chile ⋅ 🌧 10 °C

    Cela commence fort car au lendemain de notre première nuit sur le bateau, nous ouvrons à peine les yeux que nous distinguons quelques dauphins à travers la vitre. Au total nous avons passé 2 jours et 3 nuits à bord. Même si cela peut paraître long par moment, j'ai adoré l'expérience.
    Le ferry est bien plus petit que ce à quoi on s'attendait. Il est divisé en deux niveaux. Au rez-de-chaussée, on retrouve la caféteria qui se transforme en espace commun en dehors des heures de repas. Le premier étage comprend lui les douches, les toilettes et les sièges individuels où l'on passe les nuits. Notre rangée est composée de Katy, Loïck, moi, et Rozenn, une bretonne. À croire qu'ils ont fait exprès de mettre tous les français entre eux... À bord, je retrouve également Jaimee, une amie australienne que j'avais rencontré à El Bolsón et avec qui j'avais prévu de remonter la Carratera Austral en stop.

    Les journées sont rythmées par les heures de repas : le petit déjeuner vers 10h, le déjeuner vers 14h et le dîner aux alentours de 20h. En dehors de cela, j'occupe mon temps libre par un peu de lecture, quelques parties de cartes, et énormément d'observation des paysages depuis le pont extérieur du bateau. Les parties de cartes sont l'occasion d'échanger avec quelques autres backpackers et découvrir une spécificité des jeux de cartes espagnols, dans lesquels les familles ne sont pas trèfle, cœur, carreau et pique, mais bastos (bâtons), espadas (épées), oros (pièces d'or) et copas (coupes). Quant aux paysages, nous pouvons profiter des fjords de l'inaccessible Parc National Bernardo O'Higgins, avec toujours cette faune remarquable : dauphins, lions de mer, otaries, phoques et de très nombreuses espèces d'oiseaux.

    Le deuxième jour à bord est également marquée par l'arrêt à Puerto Eden, un village uniquement accessible par la mer où vivent les derniers descendants du peuple indigène Kawesqar. Les liaisons opérées trois fois par mois par Tabsa à cette période sont l'unique moyen de livrer des provisions aux habitants de l'île. Durant cette courte escale, nous avons le droit de nous promener sur le quai où quelques habitants vendent des empanadas et de l'artisanat local. Un peu plus tard dans la journée, le ferry prend le temps de faire le tour de l'épave du Mn San Leonidas, qui a fait naufrage au milieu d'un des fjords. C'est la première fois que je vois un bateau échoué comme ça en pleine mer et c'est assez impressionnant !

    Enfin, j'ai également pu avoir une discussion intéressante avec Rene, un camionneur chilien. Il m'a expliqué que ces ferrys sont largement subventionnés par l'Etat ce qui permet de maintenir des prix assez bas, puisque c'est la seule possibilité de rallier les provinces du sud du Chili sans transiter par l'Argentine. Par exemple, dans le cas de Rene, il transporte de l'équipement militaire et ravitaille toutes les bases du pays depuis Arica, l'extrême nord, jusqu'à Porvenir, l'extrême sud, et n'a donc pas le droit de passer par l'Argentine au vu de la marchandise qu'il transporte.

    Il est 23 heures et je m'apprête à passer ma dernière nuit à bord. Nous devions normalement arriver ce soir à Caleta Tortel mais les conditions météorologiques en ont décidé autrement. Avant d'également fermer l'oeil, je vous recommande une dernière chose : admirer la trace gps du bateau pour vous rendre compte de la géographie fascinante de cette région du monde qui rend une grande partie du territoire chilien pratiquement inaccessible !
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