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  • Day 58

    Los Nevados - dia 2. Toujours plus haut

    January 6 in Colombia ⋅ ☀️ 4 °C

    Après une bonne nuit, malgré le froid de la chambre, on doit maintenant sortir de dessous nos montagnes de couvertures pour prendre le petit dej. Au menu la même chose qu'hier soir : soupe de pomme de terre, riz, oeuf, banane plantain. Ça a le mérite de nous réchauffer et de nous tenir au corps.

    7h on se met en route. On en prend plein les yeux. Hier avec les nuages on ne s'est pas bien rendu compte de notre environnement, ce matin au contraire c'est totalement dégagé et on voit au loin la vallée d'où on vient.
    L'objectif du jour c'est de rejoindre la Finca Berlín qui se trouve dans une autre vallée. Au programme 700m de dénivelé avec un sommet à 4150m et environ 11 kilomètres.
    Dès les premiers mètres c'est difficile, on sent encore la fatigue dans nos jambes et surtout ça grimpe. 2km pour 400m de dénivelé. On fait donc rapidement une pause à la Finca Buenos Aires, la fameuse qu'on espérait rejoindre hier soir. L'endroit est magnifique avec un immense cèdre qui surplombe le refuge. On ne traine pas trop et on se remet en route en buvant notre thé de coca et en machouillant des feuilles. La coca est connue pour atténuer le mal de l'altitude et comme aucun de nous trois n'est jamais monté aussi haut on ne sait pas si on y est sujet.
    Chaque pas que l'on fait est le plus haut que nous ayons jamais fait.
    Télio m'a fait cette remarque pendant la montée et depuis cette phrase tourne en boucle dans ma tête. À chaque pied posé je me la répète, c'est assez incroyable comme pensée.

    Jusqu'à présent on suivait des chemins assez visibles. Aujourd'hui ça se gâte après quelques kilomètres le tracé disparaît. On essaye de le retrouver, on le suit vaguement grâce aux cartes téléchargées et au point gps mais il est invisible sur le terrain. Malheureusement pour nous ça tombe sur le sommet à 4150m. On se retrouve donc à escalader la montagne en tentant de se frayer un chemin entre les arbustes, les touffes d'herbes, les racines, les crevasses, les vaches et les frailejones (ces espèces de grand cactus qui n'en sont pas). Je stresse un peu parce qu'on voit les nuages en fond de vallée se rapprocher et j'ai peur qu'on ne parvienne pas à retrouver notre chemin s'ils nous atteignent. On se dépêche donc de passer cette partie un peu compliquée. On fera une pause en haut. Sauf qu'à chaque fois qu'on croit avoir atteint le sommet, un autre se dégage juste derrière. Finalement on s'arrête, épuisé par notre montée en ayant dépassé la barre des 4000m. En face de nous se dresse le pointe enneigée du Nevado Tolima perchée à plus de 5000m. Sur notre gauche le Paramillo del Quindío avec ses flancs allant du beige à l'ocre. Autour de nous des centaines de frailejones. Et au-dessus de nous des nuages qui défilent dans toutes les directions à des vitesses ahurissantes. On reste un bon moment, allongé, profitant du sentiment d'être seul au monde et savourant notre chance d'être ici.

    La pause finie, on tourne le dos au mont enneigé et on continue de grimper. Après quelques centaines de mètres ; ça y est on est au point le plus haut de notre parcours (mais pas le plus haut de la région, loin de là) et on passe sur l'autre versant. Tout au loin, au fond de la vallée on aperçoit ce qu'on imagine être là Finca Berlín. On a l'impression d'être presque arrivé car pour la première fois on voit où on va et surtout c'est en descente. La montagne nous apprendra qu'il ne faut jamais se réjouir trop vite. À chaque fois que l'on croit que ça y est on est dans la partie facile, non : on perd le chemin pour le retrouver, puis le reperdre (c'est la thématique de la journée), on doit traverser une rivière sans pont, re-escalader un flanc de montagne pour passer de l'autre côté, traverser des tourbières sans fin (et se tremper les pieds de boue).

    Enfin arrivé à la Finca aux alentours de 15h, on découvre notre chambre, qui ressemble sensiblement à celle d'hier avec autant de couvertures mais plus de lit. Comme la veille on se glisse sous vite sous nos 4 couvertures après une bonne douche chaude (on n'avait pas eu la foi de la douche froide hier). En attendant que le repas soit servi.
    Vers 18h30 on se glisse dans la cuisine/ salle à manger/ salle de vie qui est réchauffée par le feu de la cuisinière et on a le plaisir de retrouver 4 français qu'on avait croisé sur le chemin hier. Ils ont eu une journée encore plus éprouvante que la nôtre car ils sont montés à 4700m et se sont largement perdus aussi.
    On mange donc tous les 7 notre soupe, notre riz / notre œuf (ou viande) / nos bananes plantain en se racontant notre journée et nos projets pour les suivantes avant de retourner vite au chaud sous nos couvertures (et sous la protection du petit Jésus, merci la déco colombienne). Les garçons eux dorment dehors dans leur tente alors que le sol commence déjà à geler.
    Bon courage et on se voit demain pour le petit dej
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