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  • Day 95

    Salar de Surire

    December 26, 2022 in Chile

    Par Anne

    Après un nouveau petit-déjeuner copieux, nous partons à la découverte d’un deuxième parc national, « Las Vicunas » (les vigognes). Et de fait, on en voit très fréquemment qui gambadent au loin. Leur laine très fine les distingue des lamas. L’objectif de la journée est la visite du Salar de Surire, deux à trois heures de route dans les espaces désertiques de l’Altiplano (à l’aller ; autant au retour).
    Après un bon bout de chemin, nous faisons un premier arrêt au premier village, Guallatire, où un panneau indique qu’il nous faut nous signaler au poste de carabiniers et nous renseigner sur l’état de la piste avant de nous y engager. On sonne. Un chien se dore au soleil sur le pas de la porte, mais de carabiniers, point. On s’avance alors vers le centre du village et la belle église rénovée. Elle est encore plus charmante que celle de la veille et il est plus facile de grimper dans son clocher. On s’étonne une nouvelle fois de l’accès à la WiFi offert par l’État chilien sur cette place déserte et de l’éclairage nocturne installé autour de l’église dans ce village vide. Un « lapin local » nous a accueillis à l’entrée du village, ce sera le seul que nous verrons de tout notre périple. Des bruits de voix de l’autre côté de l’enceinte m’interpellent : le village n’est pas totalement désert ! Je découvre par-dessus le mur deux hommes et une femme qui déblaient une vieille maison traditionnelle et paraissent y faire des travaux. J’engage une conversation limitée, mais je comprends qu’une quarantaine de personnes habitent (ou habitaient ?) ce village, que la personne qui a la clé de l’église est sur la ville d’Arica. Plus tard, quand j’interrogerai notre hôte à Putre sur cette étrangeté des villages déserts, alors que des panneaux touristiques indiquent encore des possibilités d’hébergement et de restauration, il m’expliquera que seuls quelques anciens occupent encore ces villages ; les jeunes cherchent autre chose et descendent vers Arica ; mais certains retapent les maisons et y reviennent de temps à autre. Quelques fermes isolées, aperçues de loin en loin, paraissent cependant encore avoir leurs troupeaux de lamas et leurs familles de bergers. Encore une fois, quand je réponds « France » à la question sur notre pays d’origine, on me lance « Mbappé ! » avec de grands sourires. Le foot, langage international…
    On reprend la route au cœur de l’immensité. C’est sec, c’est beau. On dépasse quelques camions qui filent. Alban assure au volant. De temps en temps, on traverse un large lit de rivière où il reste un filet d’eau. Les gros tuyaux d’écoulement protégeant la piste nous laissent imaginer l’important volume d’eau lors des pluies. Quelques camions s’y approvisionnent pour arroser la piste. Les abords de ces quelques étendues humides attirent les troupeaux de lamas et de vigognes, qui trouvent là de quoi s’alimenter et se désaltérer. Ce magnifique spectacle nous accompagne jusqu’au Salar que l’on distingue d’abord de loin, comme une tache blanche entre les montagnes de roche. Mais plus on s’approche, plus on distingue du mouvement. À proximité, on comprend qu’il s’agit de l’exploitation du sel et du lithium, on comprend aussi que les camions croisés font le va-et-vient pour transporter la matière extraite en dehors du désert. Et ils seront nombreux, les camions dépassés sur la route du retour… Néanmoins, l’application iOverland de PL nous permet de bénéficier d’un superbe point de vue sur l’ensemble du salar par une petite route qui grimpe. Curieuse, j’aurais bien poursuivi pour voir où elle menait (6 km étaient annoncés jusqu’au prochain village), mais PL et Alban nous expliquent que les distances indiquées sur les panneaux au Chili ne sont souvent pas réelles ; et effectivement, cette route parait sans fin. On renonce et on fait demi-tour pour aller pique-niquer sur les bords du salar, aux termes naturels de Pollocuere où des flamands roses flânent puis s’en vont dans un vol magnifique. Un peu plus tôt, nous avons aperçu quelques nandous (sorte d’autruche locale). Le soleil tape, le vent est fort. Heureusement qu’un petit abri de pierres est aménagé autour d’une table. Une vapeur jaune s’échappe du point de source et le vent nous amène de temps à autre une odeur d’œuf pourri… L’eau est extrêmement chaude à la sortie, elle est plus supportable dans les méandres. Tous hésitent à s’y plonger à cause du vent, puis Alban se lance. PL et Bernard suivent. En raison de mes saignements de nez de la veille, je me contente de faire les photos. Les lieux et le moment sont magiques.
    Bernard prend le volant pour le retour par la piste qui fait le tour du lac ; ça secoue ! À la fin de la boucle, un nouveau village minuscule et, cette fois, un carabinier nous contrôle. On est tout près de la frontière bolivienne… PL prend le relai au volant à mi-parcours et nous conduit jusqu’à Putre. Nous sommes ravis de pouvoir diner et nous poser à l’hospedaje, notre hôte nous propose un menu avec du quinoa. On se régale, et c’est copieux, comme toujours. Les garçons finiront nos assiettes, comme toujours.
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