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  • Day 26

    Auroville : utopie ou réalité ?

    February 7, 2023 in India ⋅ 🌙 24 °C

    Aujourd’hui, nous sommes partis à une quinzaine de kilomètres de Pondichéry afin de « visiter » Auroville.

    Loin de tout ce que l’on connaît, Auroville est une cité sans argent, sans gouvernement, sans religion, qui accueille toutes les nationalités.
    Fondée en février 1968 par Mirra Alfassa, dite « la Mère », une Française de Pondichéry, Auroville se veut être une cité universelle où hommes et femmes de tous pays peuvent vivre en paix et en harmonie au-delà de toute croyance, de toute politique et de toutes nationalités.

    Initiée par Sri Aurobindo, philosophe et maître spirituel, la Mère décide de réaliser une cité prônant l'unité humaine.

    Située en plein désert, la ville se développe grâce au travail de ses résidents, une vingtaine à l’époque, venus de tous pays. Ensemble, ils plantent plus de 3 millions d’arbres afin de reforester le lieu, initialement défriché par les paysans tamouls.

    Le concept d’Auroville repose sur le fait que chaque personne qui souhaite s’installer au sein de la cité doit verser ou reverser la totalité de son argent à la communauté pour la construction des maisons, l'entretien des routes, le développement d’infrastructures...
    Toutefois, la notion de propriété individuelle n’existant pas à Auroville, tout appartient à la communauté et lorsque vous décidez de quitter la cité, vous le faites en laissant tout derrière vous.

    En un demi-siècle, cette communauté expérimentale s'est développée avec le soutien de l'Unesco et a été reconnue par le gouvernement de l’Inde comme "ville culturelle internationale". Les résidents ont réussi à transformer un désert en forêt, créé un lieu de vie (pas si) utopique sur 2 000 hectares. La cité est devenue un véritable laboratoire du vivant, pionnière en matière d'urbanisme écologique.

    L'objectif est désormais d’accueillir 50 000 habitants. Pour y parvenir, les Aurovilliens ont fait une demande d’investissement de 120 millions d’euros auprès du gouvernement indien, de manière à redynamiser une utopie endormie. Car seule une petite centaine de personnes s’installe à Auroville chaque année, en quête de spiritualité et de valeurs écologiques. Toutefois, cette cité de paix et de communauté agite bien des controverses. Taxée de sectaire, elle est visiblement également sous la coupe du gouvernement depuis que celui-ci a versé les fonds permettant la continuité des travaux initialement souhaités par la Mère et nommé une nouvelle marionnette euh…secrétaire de la fondation d’Auroville.
    Les résidents, craignent désormais qu’Auroville devienne un simple lieu de tourisme spirituel et écolo, et non plus un espace d’innovation démocratique et écologique.

    Originaires de 52 pays différents, 3 300 personnes résident à Auroville aujourd'hui, près de la moitié sont Indiens et 20 % Français.

    LE MATRIMANDIR : une vision de science fiction
    Auroville s’organise sous la forme d’une spirale, une galaxie comme le voulait la fondatrice, qui s’enroule autour du Matrimandir, (maison de la Mère), un globe d'or, de 36 m de diamètre, lieu de méditation inaccessible à toute personne extérieure sans demande préalable.

    Sa construction, entreprise en 1972, sans aucun engin de travaux, est certainement celle qui a nécessité le plus de main-d'œuvre — aurovillienne et indienne. Il n'a été terminé qu'en 2008.

    Une immense salle aux murs revêtus de marbre blanc abrite le plus gros globe de cristal au monde (70 cm de diamètre). Celui-ci est éclairé par les rayons du soleil grâce à un jeu de miroirs installé sur le toit. Conçue comme lieu destiné à la méditation, cette chambre ne renferme ni fleurs, ni encens, ni musique susceptibles d'évoquer un édifice religieux

    Contrairement à ce que pensent certains, le Matrimandir n'est pas un temple dédié à la Mère mais un lieu consacré à la Mère Universelle. Pour les Occidentaux, la raison d'un tel édifice est souvent difficile à comprendre.
    À proximité du Matrimandir est érigé une sculpture représentant un bouton de fleur de lotus renfermant une poignée de terre de 124 pays différents. Cette urne représente l'unité humaine.

    Au vu de la quantité de commerces, d’ashrams, de bâtiments possédés par Auroville dans Pondichéry, il est impossible de ne pas penser que le capitalisme a rattrapé l’utopie d’une communauté dénuée de toute possession personnelle et de tout profit.
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