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  • Day 14

    Tropischlag Jour 1

    July 31, 2023 in Colombia ⋅ ☁️ 28 °C

    11h du matin. Sapzurro. Region du Choco, côte caraïbe. Nous sommes partis de Medellin la veille au soir, pourtant cela parait déjà être un ailleurs lointain. Le temps est élastique askip. Ou alors c'est le combo bus de nuit/bateau/migrants. On pourrait parler de la climatisation du premier, assez forte pour nous empêcher de dormir malgré nos doudounes. Ou bien de l'arrivée à 5h du matin dans le terminal de Turbo, ville industrialo-portuaire ou une foule de voyageurs en transit se heurte à une cohorte de motos taxis dont les insistants cris de racolage s'élèvent au moindre sac à dos visible. Mais finalement, tout ça reste assez commun pour la Colombie. Non, ce qui nous a donné cette sensation de basculer dans un autre monde, ce sont les migrants. Il se trouve que depuis quelques années, le principale flux migratoire de l'amerique du sud passe par cette région de Colombie appelé le Choco caribéen, frontalière du Panama. Des ports de Necocli et Turbo partent chaque jour des lanchas, ou petits bateaux de plaisance boostés avec minimum quatre énormes moteurs yamahas, qui traversent le golfe d'Uraba pour relier un chapelet de villages isolés dans la jungle. Pas de routes, pas de voitures. Le seul moyen d'accès se fait par la mer. Habitants, touristes, et désormais migrants. On en prend conscience quand on arrive à l'embarcadère de Turbo sous une fine pluie tropicale. Il est 6h30 du matin. La foule est énorme. Ce n'est pas encore la cohue, mais ca brasse, ça crie, ça s'interpelle, ça ce bouscule aux guichets des compagnies maritimes. Familles, enfants, hommes seuls surtout. Tous les âges confondus. Venezueliens en majorité, mais aussi Haitiens, et tant d'autres nationalités. Chacun sa tente, ses sacs, ses bidons d'eau, son téléphone soigneusement emballé dans un étui étanche. On patiente tous ensemble, puis on nous appelle par groupe pour remplir les lanchas les unes après les autres. Les moteurs démarrent. On fend les eaux du golfe. Ils descendent des lanchas à Acandi, deux villages avant notre destination. Nous les voyons décharger leurs affaires sur le ponton alors que nous nous éloignons de la côte. Étrange sensation que d'emprunter pour quelques heures le même chemin, pour des raisons si différentes. Nous sommes la pour nos vacances. Ils sont là pour leur vie. Nous nous arrêterons pour profiter des plages et du soleil du Choco, ils poursuivront leur route à travers la jungle impénétrable du Darien pour traverser la frontière et remonter jusqu'aux si lointains USA.
    Difficile d'imaginer Eldorados plus opposés.
    Sinon, le Choco c'est stylé. Sapzurro est un minuscule village ou le temps semble s'être arrêté. On y arrive en barque. On y mange du poisson frais. On y balance de la musique à chaque coin de rue. C'est la basse saison, du coup il n'y a personne, à part quelques touristes égarés comme nous. On s'y lave à l'eau froide et on mord dans les mangues trop mûres tombées par terre. C'est un mélange chill et schlag. Je crois qu'on va s'y plaire.
    (Une prose de Mahé Denz)
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