• Carpe Diem
    Notre chez nous : un bungalow dans un petit complexe de 5 et une piscine majoritairement à secNotre bungalowDouches à l'eau froideAvec Juno (chaton)Pause déjeuner sous la tente avec Varsha, Anshuman et les architectes du projetDéjeuner avec les ouvriersPause écritureUn dimanche avec les amis de Varsha et AnshumanUn dimanche avec les amis de Varsha et AnshumanBalade autour de la fermeDécouverte du Biryani, un des plats favoris d'AnshumanBalade en scooterBalade en scooter - le village voisinBalade en scooter - une campagne agricoleBalade en scooter - transport de chaisesAscension vers Devarabetta temple et sa vue magnifiqueVue depuis la colline de Devarabetta templeHorticultureForgeron

    Ulimaranapalli - Une journée à la ferme

    29 июня 2024 г., Индия ⋅ ☁️ 28 °C

    🎥🎥 Pour voir la vidéo en bonne qualité, rendez-vous sur YouTube : https://youtu.be/QgQLyeu9nw0?si=g4zgHIeUwpBubfAx 🎥🎥

    En décembre, sur l’île de la Grande Canarie, autour de sangrias à Maspalomas, nous avions commencé à rêver de ce voyage. Plusieurs mois d’excursion, mais dans quels pays ? Pour quoi faire ? Pour y voir quoi ? Pour apprendre quoi ? Nous souhaitions rencontrer les gens et découvrir la culture local. L’idée du volontariat a alors émergé et notre voyage ne serait pas touristique.

    Au bout de 2 semaines à Bangalore, un peu épuisés par la tourista, le bruit et les voitures, nous nous sommes mis en quête d’un volontariat et d’un hôte : objectif exode urbaine et vive la campagne, les petits oiseaux, les fleurs, les vaches et les éléphants (on espère)… C’est ainsi que sur le site Workaway, nous avons trouvé Varsha. Hélène a lu dans la description qu’il s’agissait de construire une maison en terre crue dans une ferme en permaculture. À la poubelle les bonnes résolutions, les « on va seulement où il y a déjà des avis sur Workaway » et les « si les notes ne sont pas bonnes, on n’y va pas », Hélène a lu terre crue, terre crue ce sera peu importe si Varsha n’a jamais accueilli de volontaire !
    Quelques messages, une visio avec Varsha qui à l’air aussi ouverte d’esprit que dynamique et Louis, rassuré, confirme notre participation au projet.

    Depuis Mysore, nous filons directement à la campagne en transitant par Bangalore. Nous sortons de l’État Karnataka et rentrons dans celui de Tamil Nadu pour rejoindre la ferme située à côté du micro village de Ulimaranapalli. Nous sommes accueillis par Varsha et son mari Anshuman, Juno leur chaton, Sheela et Zooby, leurs deux chiens.

    Varsha est une bangalorienne born and raised. Certes, on ne dit sans doute pas « bangalorien » mais puisque Google refuse de nous dire quel est le gentilé de Bangalore, on se dit que « bangalorien », au même titre que parisien et londonien, ça fait classe et ça va bien à Varsha. Cette jeune femme de 32 ans vient d’une famille jaïne qui lui a inculqué des valeurs centrées sur la vie. On comprends ainsi que la cause animal lui tienne tant à cœur au point d’être végan et d’accueillir plusieurs animaux recueillis dans la rue. Depuis plusieurs années, elle travaille chez PwC, fait des heures de folie et sature. Elle s’est ainsi lancée dans un projet de ferme en permaculture avec une maison en terre crue pour se construire un futur différent dans lequel elle espère y voir une vache et un cochon.
    Anshuman vient d’Assam, la région qui longe la frontière avec le Bhoutan et la Chine. Il bosse chez EY (ex Ernst & Young) et aide Varsha a donner vie à ses projets. Beaucoup plus posé, il embrasse l’instant présent et les bons moments avec une petite saveur de whisky rehaussée d’un peu de cannabis quotidien.

    À la ferme nous vivons dans un petit bangalow de bois avec une ampoule, de l’eau froide, des matelas creux, une table sans chaise, un ventilateur, des fenêtre avec moustiquaires mais sans rideaux ni volets, un réchaud et un bidon d’eau potable - pas grand chose mais suffisamment pour avoir notre petit chez nous et un confort suffisant pour plonger pleinement dans l’expérience.

    Anshuman et Varsha viennent à la ferme le weekend et repartent à Bangalore la semaine pour travailler tandis que restons seuls avec les ouvriers locaux. Deux maçons sont sur le chantier 7 jours sur 7, 10 heures par jour, aidés d’une femme qui cuisine les repas et apporte son soutien dans la construction. La barrière de la langue est palpable et prend parfois des airs de défiance. Elle nous rend souvent visite avec ses amies la frustration et l’impatience. Les premiers jours nous observons souvent un artisan s’échiner, le reste transformé en public critique. Chaque tâche suit sa précédente sans concomitance avec une autre. Adieu Gantt et ton inutilité flagrante, un planning si linéaire ne demande pas de planification donc profitons du spectacle lorsqu’une seule personne est nécessaire pour accomplir l’action du moment et le reste viendra bien assez tôt ! Carpe Diem n’est pas de notre vocabulaire et bien que nous philosophions chaque jour sur la posture occidentale face à la vie et son emploi du temps chargé, on ne peut s’empêcher de mettre en oeuvre ce que nous avons compris des mélanges à faire pour préparer la terre crue et rester occupés tous les deux dans notre coin quand on ne veut pas faire partie du public.

    Les jours passent et le thé rempli de sucre et lait qu'Hélène détestait au début, lui devient de plus en plus agréable. Là où nous voyions un signe de rejet lorsque le vieux maçon secouaient ses grands bras pour nous écarter, on comprend une invitation à se reposer. Lorsque Hélène joue de sa maladresse, les rires se font de plus en plus francs même si tout le monde se retrouve recouvert d’argile presque liquide. Et quand la maladroite répète comme un perroquet la sonnerie du téléphone d’un maçon, « Hello Moto », l’indifférence se transforme progressivement en concert à plusieurs voix « HELLO MOTO » ! Et l’incompréhension en nous regardant sculpter les murs devient un jeux avec des photos et vidéos. Un maçon a d’ailleurs posté une vidéo sur Instagram où il prétend avoir réalisé à notre place les bas-reliefs animaliers !

    Le matin, c’est construction en terre crue.
    Le midi, nous déjeunons avec les ouvriers sous la tente de fortune piquée dans le champ voisin avec bâches et grosses branches. Du riz, évidemment. Du piment, très souvent. Végétarien, quasi systématiquement.
    L’après-midi nous essayons tant que possible de nous ancrer dans un espace temps en suspens où les plaisirs si simples se multiplient autour de mangues, balades, écriture, discussions entre nous, discussions avec les chiens du quartier - mini-chien et trois-pattes, lecture, scooter.

    Évidemment, les élections législatives amènent déchiffrage de programmes et professions de foi ainsi que des débats que nous ne relancerons pas sur FindPenguins. Ce recul physique, intellectuel et philosophique renforce notre désespoir vis-à-vis de la vie politique démocratique bercée par le sensationnalisme véhiculé par des réseaux sociaux incontrôlés, où biais cognitifs prospèrent au détriment de la raison, de vision et d'un vrai projet de société. Ce cirque politique est à la fois triste et drôle à regarder de loin même si, au final, nous aurons assumé notre devoir de citoyen bien plus que la moyenne française on consacrant plusieurs longues heures à lire et décortiquer les "projets" de chaque parti. Ces élections auront été largement émotionnelles et non intellectuelles : la peur ou la colère. Après pression de ses proches, Louis a accepté de voter émotionnellement et mettre sa raison au tiroir.
    Merci à nos Mamans d’avoir voté pour nous dans le cadre de nos procurations !
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