• Building a mud house
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    Building a mud house, INDIA

    July 4, 2024 in India ⋅ ☁️ 27 °C

    🎥 🎥 Pour voir la vidéo en bonne qualité, voici le lien YouTube : https://youtu.be/ZVbh2Q3kNMM?si=ewbhgoMYH2iKGpt9 🎥 🎥

    Comment construire une maison en terre crue ?

    Pour la construction de la maison de Varsha, les architectes ont opté pour la technique de la bauge stabilisée à la chaux.
    La terre crue est un matériau précieux pour la construction. Il résiste très bien à la compression et peut supporter des charges importantes. C’est pourquoi plusieurs murs en terre seront ici porteurs.
    En parallèle, c’est aussi un matériau qui est un très bon isolant et qui a une forte inertie thermique. Cela signifie qu’il peut emmagasiner de la chaleur pendant la journée et la redistribuer la nuit. Vu la météo de Bangalore, c’est plutôt malin !

    L’ennemi de la terre crue, c’est l’eau. C’est la raison pour laquelle les fondations sont faites de pierre et chaux et le soubassement en briques. La terre ne sera donc pas au contact avec le sol, ce qui la protège. De plus, les architectes ont fait le choix d’ajouter de la chaux au mélange pour stabiliser les murs. Tout comme le ciment mais en plus écolo, la chaux aide le mur à résister à l’eau et à l’effritement. Sans cela, si vous arroser un mur de terre crue, il finira par se dissoudre et la terre d mur retournera à la Terre.

    Faire un mur en terre crue peut sembler bien simple. Mais il s’agit d’un savant mélange dont voici les ingrédients :
    - Terre crue : à extraire en lieu et place des fondations et du bassin enterré qui récupèrera les eaux de pluie. Pour bien ajuster les quantités, des tests ont été faits avec la terre du site pour déterminer à quel point elle est argileuse et ajuster les proportion du mix à réaliser.
    - Paille : à récupérer auprès d’un agriculteur local puis à couper pour avoir des morceaux de 10cm de long
    - Sable
    - Chaux : à la base, c’est tout simplement de la pierre calcaire extraite puis calcinée et broyée. Mélangée à de l’eau, elle peut être utilisé comme alternative au ciment pour faire du mortier ou pour stabiliser de la terre. C’est plus écolo que le ciment, mais ce n’est pas neutre d’un point de vue carbone non plus.
    - De l’eau : il pleut suffisamment, on n’en manque pas !
    - Des feuilles de margousier
    - Des graines de kadukkai
    - Du jaggery : sucre non raffiné
    - Et l’eau de cuisson du riz

    La liste des courses ressemble effectivement à une recette de cuisine à la fin… Et pourtant, il s’agit bien de construire une maison et chaque ingrédient à sa raison d’être :
    - Le jaggery et les graines de kadukkai réagissent avec la chaux pour limiter les fissures et garder l’intégrité du mur dans le temps.
    - Les feuilles de margousier ont un rôle insecticide qui évite que les murs se transforment en fourmilières.
    - L’eau de cuisson de riz, joue certainement un rôle mais quoi…?

    La recette est la suivante :
    - Dans un bac, mélanger les feuilles de margousier à de l’eau - laisser fermenter 14 jours avant utilisation.
    - Dans un autre bac, mélanger le jaggery et les graines de kadukkai avec de l’eau - laisser fermenter 14 jours avant utilisation.
    - Dans des cavités faites dans le sol, mélanger sable, terre, chaux, eau, la fermentation de feuilles de neem, la fermentation de jaggery et kadukkai - laisser réagir pendant 5 à 7 jours avant utilisation.
    - Pour le mix final qui constituera les murs, ajouter au mélange rassemblé dans les cavités de l’eau, de la paille et de l’eau de cuisson de riz. Homogénéisez le tout en piétinant le mélange (oui, oui, avec les pieds !). Faites des boules puis étagez et compressez pour élevez les murs (oui, oui, avec les doigts !).

    Une aventure pas si simple…

    Pour Varsha, ce projet n’est pas de tout repos. Construire en terre est un choix à assumer qui a des impacts techniques et sociaux.

    Construire en terre s’est longtemps fait par défaut. C’est d’ailleurs un matériau qui continue d’être utilisé dans les villages lorsque les propriétaires n’ont pas les fonds nécessaires pour utiliser des briques cuites et du ciment. L’Inde est en plein développement qui est d’ailleurs très rapide. Dans le village voisin, les maisons de terre crue sont démolies et remplacées avec une fierté naïve par du ciment.
    Vous l’avez compris, la terre crue est le matériau du pauvre alors pourquoi cette jeune femme ne construit-elle pas avec du béton ? Incompréhension et jugement, les ouvriers, les voisins associent paradoxalement ce projet à une forme d’ignorance.
    Les ouvriers ne veulent pas travailler avec ce matériau non noble, d’autant plus s’il y a de la chaux. Varsha peine à trouver de la main d’œuvre et les maçons déjà engagés luttent pour ne pas faire la bauge. « Ce n’est pas du travail de maçon ! » disent-ils.
    Parfois des ouvriers locaux viennent se joindre à nous pour quelques heures. L’un d’entre eux semble habitué à la terre crue. Cependant, les techniques qu’il utilise diffèrent de celles enseignées par l’architecte : il étale la terre plus qu’il ne la compacte laissant ainsi des poches d’air propices au fissures. Améliorer la construction en terre crue grâce aux nouvelles connaissances et techniques demande un accompagnement fort de la main d’oeuvre qui peut ignorer l’enseignement car certaine de ne plus rien avoir à apprendre de la construction en terre crue.
    C’est aussi un travail qui prend plus de temps. En un après midi on peut voir des murs de briques monter tandis que les murs de terre crue s’élèvent tout doucement.
    Varsha a fait le choix de faire appel à des volontaires. Non seulement cela suscite l’incomprehension - « qu’est ce que des européens peuvent bien venir faire ici ? Et pourquoi venir faire ce travail si pénible ? Ils seraient mieux en vacances ! ». Et l’organisation se complexifie car pourquoi faire le sale boulot s’il y a des petits européens pour le faire à notre place ? Mais la relation se crée au fur et à mesure. Les gestes mal interprétés se font comprendre, des habitudes emergent, et le partage se fait avec des rires et des activités…
    Pour finir, Varsha n’a pas fait appel à un maître d’oeuvre car ces derniers sont rares à travailler avec la bauge. Mais l’absence de maître d’oeuvre engendre le manque de planification. Les ouvriers l’appellent au fur et à mesure pour qu’elle apporte les outils ou matériaux manquants et c’est toujours urgent. Les ouvriers travaillent tâche après tâche sans anticiper. Pendant que l’un creuse, les autres attendent et regardent. Ce n’est pas le plus efficace mais comme dirait Varsha, c’est l’Inde…
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