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  • Day 63

    Breaking the fast with a bengali family

    May 12, 2019 in India ⋅ ⛅ 33 °C

    Dans la foulée de l'épisode de l'église, où je n'ai pas réussi à souffler un instant, j'ai eu une sorte de "trop plein de tout". Une journee durant laquelle je ne supportais plus les interjections des gens sur la route, même (surtout?) des enfants.
    Pas zen (du tout), je me suis retrouvée à crier en retour sur les gens qui braillaient ou gesticulaient à mon passage, à imiter les klaxons pour casser les oreilles à ceux qui m'avaient percé un tympan, à fuir tout contact, etc.
    Le soir, alors que je cherchais, sans succès, un hôtel dans la petite ville pourrie de Kalain, patatras !! Une bosse mal anticipée et mon téléphone habituellement accroché à mon cou et à mon sac (et en l'occurrence à aucun des deux...) tombe. Je roule dessus, l'ecran est brisé. Il est encore allumé mais inutilisable. Bon... Voilà qui va aider ma recherche d'hôtel... et la suite du voyage. Drôle de sensation que de se retrouver sans téléphone. C'est l'aventure, mais sans filet de sécurité maintenant.

    Un retour de bâton de mon mauvais karma d'avoir crié, perdu patience, mal supporté l'attention dont j'ai été l'objet ? En tous cas, toujours aucun endroit où camper - la route est bordée de plaines humides où est cultivé du riz, et où paissent des buffles, oiseaux sur le dos. Les plus petites routes mènent à des villages denses et/ou à des sortes de bocages. Charmant et bucolique mais pas idéal pour poser la tente. Surtout avec cette humidité au sol. Nous sommes à 10 km du Bangladesh, pays traversé de rivières, étangs, lacs, où prédominent ces rizières humides ...
    Je retente le coup du camping dans un restaurant, mais me fait envoyer paître, comme les buffles. Je supporte d'autant moins bien le "Where are you from" et la demande de selfie qui s'ensuivent !

    Fatiguée, je tente autre chose ... Pousse un portail, entre dans une allée puis pénètre carrément dans la maison. J'y trouve une mère, une grand mère et une toute jeune fille. Apres quelques échanges, le deal est négocié pour que je pose ma tente dans l'allée. Même si celle-ci est en bitume... Il faut néanmoins attendre le Père pour confirmer. Je reste dans le garage, ne sachant quoi faire de moi-même, de ma sueur et de ma fatigue. Mais la petite est gentille, empathique. Elle m'apporte une grande bouteille deau et du jus de fruits, me propose de m'asseoir et de me débarbouiller. Son simple "You must be tired and thirsty". "Maybe hungry too?" marracherait presque une larme ! Enfin, être considérée comme une personne normale, avec potentiellement de la fatigue, et non plus comme un extraterrestre à qui l'on peut demander un selfie ou poser toutes sortes de questions, même dans une montée en pleine chaleur... ! Le père arrive, la petite traduit, je suis officiellement invitée à diner. En attendant, j'installe ma tente en système D, avec des pots de fleurs en guise de piquets. Mais, horreur, le secret de ma présence a vite fuité ! Des tas d'enfants m'epient déjà depuis les barrieres peu opaques de la cour, d'autres sont carrément entrés et squattent, à regarder. La porte n'était pas ouverte que pour moi... Chukriya me dit en souriant que ce sont des voisins, amis, camarades d'école. Yerk.
    Pendant ce temps, je vois que le Père louvoie. Il tourne autour de ma tente, regarde a linterieur et semble la trouver pas tout à fait convenable ni confortable. Il change d'avis et me voilà promue du statut de réfugiée un peu sauvage, tolérée, à celui d'invitee, accueillie. Peut être sous l'influence du regard des voisins? Il m'annonce ce changement avec solennité et m'intime donc de replier ma tente. Soit. Le démontage fera un nouveau spectacle pour les enfants. Je peux m'installer dans la chambre de la grande soeur de Chukriya, absente. Je ne proteste pas, soulagée de pouvoir trouver un peu de calme et d'intimité (enfin, c'est ce que je pensais...).

    A 18h, la nuit tombe. C'est la fin du jeûne pour les adultes. Nous partageons avec le Père et Chukriya un excellent diner végétarien, autour d'une conversation poussive, le Père ne parlant pas bien anglais, et la petite restant poliment en retrait, meme si elle comprend très bien. Je m'enquiers de savoir quand et où mangent la mère et la grand mere qui s'affairent pour nous dans la cuisine. "Plus tard", me dit-on, balayant ce sujet du revers de la main... Je mange d'un bon appétit, avant de comprendre que je suis conviée à un autre "vrai" repas vers 20h30/21h, cette fois avec du poisson.
    A la fin du premier, on me fait parler par téléphone avec le frère, médecin à Guwahati, puis avec la sœur, étudiante en droit. Puis... toute la famille et les voisins débarquent peu à peu pour me voir... On me redemande de parler, cette fois par skype, avec la sœur, devant tout ce beau monde - alors que je nai rien de plus à lui dire que 10 minutes plus tôt... Puis chacun veut sa photo. Mais c'en est trop. Il nest que 19h30 mais je bats en retraite au sens propre, reculant jusque dans ma chambre, face à tous ces inconnus, disant que je suis fatiguée. Mais quelques minutes apres, les gens essayent d'entrer et d'autres invités affluent ! Je ne trouve plus d'autre solution... que de les repousser et... de m'enfermer à clé !!

    J'en rigole dans la chambre. Si bizarre. Je m'incruste des gens puis dois m'enfermer chez eux pour leur échapper ! Pas poli...mais je nen peux plus de ces non-echanges absurdes et d'être l'animal du zoo. Je dors 11h d'affilée..

    La nuit je découvre en passant que Chukriya, sa mere et sa grand mere dorment toutes les trois en rang d'oignons sur le grand lit du sejour, là ou sont pris les repas (soit sur une natte toute dure).Tandis que le père a sa chambre à part, avec un vrai lit (!). Je me sens coupable d'avoir "pris" un lit et une chambre à moi seule...
    Le lendemain, pas de vague. Je m'excuse de la fatigue de la veille et suis accueillie par un énorme fish curry pour le petit dej (celui que j'ai raté la veille), avant de reprendre la route... Chukriya, elle, a revêtu son bel uniforme - jupe plissée, chemisier, cravate et grandes chaussettes -, pour l'école. Elle a 13 ans et adore les sciences. Elle rêve de devenir médecin, comme son frère, mais... à Londres.
    Merci et au revoir les Bengalis, à l'hospitalité un peu plus timide que d'autres Indiens, mais à la curiosité toute aussi forte ! 😂

    PS : pas de portable donc pas de photos de mes hôtes. Meme si eux en ont des tas de moi !
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