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  • Day 34

    J'ai mangé les couilles de Santos

    April 17, 2022 in Peru ⋅ 🌙 10 °C

    Aujourd'hui à peine le temps de nous remettre des émotions de la marche nocturne, qu'on repart de plus belle pour une journée qui s'annonce encore plus festive, j'ai nommé la fête de l'eau. Tous les ans les habitants de Visbe assèchent le réservoir d'eau et nettoient tous ensemble la terre qui s'est accumulée au fond.

    On part donc avec des pelles et une brouette direction la montagne. On oublie pas de mettre dans la brouette un énorme bidon de chicha, une boisson fermentée alcoolisée au maïs et un peu rude pour nos papilles européennes mais dont les péruviens raffolent. Je suis chargé de pousser la brouette pour échauffer tout en douceur le haut du corps.

    On arrive au réservoir, il est immense. La scène est plutôt cocasse. En effet l'indispensable mode c'est la pelle. Le responsable du réservoir arrive et à l'aide d'un bâton trace des bandes dans le réservoir. Je me dis chouette c'est parti pour un 100m. Que nenni. Chaque famille se voit attribuer une bande de terre qu'elle va devoir déblayer. On est dans les starting-blocks, la pelle sur l'épaule, les mains moites. Top c'est parti ! Les coups de pelles pleuvent. Je dois dire que je commence à être expert. Deux techniques s'opposent farouchement pour extraire la terre du réservoir. D'un côté on a le jeté à l'aide de la pelle (voir photo), ma foi très artistique. De l'autre l'usage de sacs remplis de terre qu'on tracte en dehors, plus cartésien, pour ne pas dire terre à terre.

    Le nettoyage n'est pas à prendre à la légère. Toute famille qui ne nettoiera pas sera sanctionnée d'une amende ou d'un refus d'accès à l'eau. On finit de nettoyer parce qu'on est des gentils et maintenant place à la fête.

    Là c'est le drame. Le genre de moment qu'on ne veut pas voir durant une fête de l'eau. Une rébellion s'est formée. Oui oui un groupe de rebelle qui veut changer les traditions. J'en suis encore écoeuré. Vous savez ceux que ces mécréants revendiqués. La prise du premier verre de chicha dans le réservoir et non pas à l'extérieur comme la tradition le veut. Les esprits s'échauffent entre rebelles en bas et conservateurs en haut mené par Santos la droiture mon ami de moustache, une véritable scène politique. Les rebelles craquent.

    On s'assoit en ligne à l'ombre. C'est parti pour le bal des pintes de chicha. C'est un passage obligé et apprécié de tout le monde, bon sauf pour nous même si je commence à m'habituer. En plus je dois dire que les verres servis sont copieux. Meli demande à sa voisine ce qu'il se passe si on ne finit pas son verre elle lui répond "Tu dois finir" donc elle a finit ahah. On se remet de ce verre. Hélas qui dit 1 dit 2 et dit même 3 pour moi. On fait honneur à la tradition et on se sort de cette épreuve. On rencontre Matteo un habitant de cotahuasi très sur de lui mais qui a l'air fort sympathique (l'homme à la casquette sur la photo).

    On finit de nettoyer le réservoir. À la fin un cercle d'hommes se forment, on se demande ce qu'il se passe. Je vous le donne en mille, oui oui vous pouvez relire cette phrase plusieurs fois, le concours de pelle est lancé. C'est à celui qui enverra le plus de pelletées en dehors du réservoir, attention il y a une note technique.

    Une fois le concours terminé et le réservoir nettoyé, des cages de foot sont installées dans le réservoir pour un tournoi. C'est à se demander si ce n'est pas les jeux olympiques.

    Pour un peu plus de folklore je préfère préciser que tous ces événements se passent avec la banda en fond et de l'alcool à foison.

    Il est 16h c'est enfin l'heure du déjeuner . Chaque famille se rassemble pour manger dans le champs. Bien sûr tout le monde s'échange des plats et se retrouve avec 4 ou 5 assiettes. Ces chiens maigres ne pensent pas à nous et on se retrouve donc avec 1 pauvre petite assiette et la faim au ventre. Avec Meli on se met donc à la recherche d'une autre gamelle tel deux chiens errants (ça fait beaucoup de vocabulaire canidés). Une main tendue ! Notre sauveur est là. Une jeune femme nous sert une assiette remplie de légumes cuisinés et d'un fameux cuy grillé (le cuy c'est du cochon d'Inde). Ma foi le goût est très léger on pourrait confondre avec du poulet ou du lapin. Notre cuisinière s'avère être la fille de Santos ! Encore lui je savais que cette moustache cachait un grand homme, c'est un peu notre raïs à tous comme dirait Jean Dujardin. Du coup le titre fait référence au cuy et non aux couilles lol j'adore les blagues.

    Vient l'heure des digestifs on se fait alpaguer de tous les côtés. Tout le monde veut nous faire goûter son alcool maison, tantôt aux raisins, tantôt à la figue parfois très sucré mais qui souvent brûle le gosier. Les filles commencent à fatiguer et décident de rentrer.

    Je retourne vers ma famille après un ou deux verres de whisky qui m'ont quelque peu déchaussés les dents. Et là je suis abasourdi. 4 personnes enflamment le dancefloor parmi elles, mon amie Meli et Sandra qui se sont trouvés des cavaliers (dont Mateo). Je dois dire que le fou rire que j'ai eu ma vite fait oublié ma peine quant à leur départ simulé. Tous les péruviens sont là autour et rigolent. L'alcool, ou devrais je dire éthanol pour mes lecteurs chimistes, a comme on dirait dans le milieu détendu l'atmosphère.

    Il est tout juste 18h et c'est malheursement l'heure de rentrer. Au détour d'une ruelle un main attrape mes épaules, encore un fan. Ce n'est autre que Mateo qui veut continuer la fête avec moi sur la place du village. Graciela la maman de la famille m'accompagne donc pour essayer de me sauver. D'un coup elle s'écrie : "mince mon téléphone il faut qu'on le retrouve !". Je me dis à ce moment là que c'est si mal joué, mais bon son plan fonctionne. Au final ce n'est pas du tout un plan elle a bel et bien perdu son cellulaire. Je rentre à la maison. Devinez qui m'attend : Mateo ! Quel loustic.

    Surprise les filles veulent bien sortir. Je suis content j'avais envie de faire la fête. On se retrouve donc dans un village au milieu du Pérou avec une banda à faire la fête avec des péruviens. On danse et surtout on rigole beaucoup. Tout le monde veut festoyer avec nous, les gringos comme ils nous appellent.

    Certains individus commencent à être très bourrés. Mateo nous ramène donc à la maison. Au fil de la journée cet homme au départ très sur de lui et macho sur les bords (c'est dans la culture) s'avère être une véritable belle personne. À la maison on joue à des jeux jusqu'à 22h (et oui vous vous imaginiez qu'il était 2h du matin mais ici la fête c'est tôt) on discute un peu de nos pays de nos cultures. On file au lit après une journée plus que remplie. J'ai essayé de résumer au mieux cette journée qui restera sans doutes dans nos mémoires. J'aurais pu raconter tant d'anecdotes mais certaines resteront donc secrètes.
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