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  • Day 63

    Huayna Potosi - Objectif 6000 - Jour 3

    April 19, 2018 in Bolivia ⋅ ⛅ 10 °C

    Ça y est, c'est le grand jour ! Réveil à minuit, petit déjeuner rapide, et nous voilà prêt à commencer à 1 heure. 950m de dénivelé et 5-6 heures de marche nous attendent.
    Après 100m de dénivelé, nous n'avons plus d'autre choix que de passer par la neige. On s'équipe de crampons, du piolet, et on s'encorde par trois : un guide pour deux fous ! Dans la nuit, nous avançons lentement. On peut distinguer, devant et dernière nous, les frontales des autres encordés. L'inclinaison change constamment mais notre guide connait bien son métier. Jamais je ne sens mon coeur battre trop vite ou ma respiration s'emballer. À un moment, nous apercevons les lumières de La Paz au loin. Un lac orange au milieu de la nuit noire.
    Après deux heures et demi de marche, nous ne sommes même pas encore à la moitié du parcours, mais je n'ai déjà plus d'énergie. Chaque pas est forcé, au mental !
    Arrivé à 1h30 du sommet, je n'en peux plus. J'ai beau manger du chocolat et des bonbons, les forces me manquent. C'est la que le guide sort sa potion miracle : une infusion de coca bien sucrée. La feuille de coca n'a rien à voir avec la cocaïne hein ! Allez pas croire que je me suis fait un rail. En revanche elle a de nombreuse vertus dont celles d'être un coup faim, un énergisant et une aide contre le mal d'altitude. Avec ça, je suis prêt à repartir. On continu dons l'ascension, toujours dans la souffrance.
    Dernière pause à quelques mètres de ce que je pense être le sommet. Nouvelle tournée d'infusion de coca. Il faut faire vite, le soleil va bientôt se lever.
    Une fois reparti, je me rends compte que le sommet est plus loin que ce que je pensais. Après 10 mètres de dénivelé supplémentaires, j'aperçois enfin la fin du parcours : 150-200 mètres sur la crête. Un passage de 20 à 30 centimètres avec la falaise à gauche et un petit muret de 60 centimètres qui nous sépare de la falaise de droite. Pas le temps de réfléchir au danger, on s'engage sur ce chemin étroit. Je suis pas monté jusqu'à là pour m'arrêter à cause du danger.
    Enfin, nous atteignons le sommet en même temps que les premiers rayons du soleil. À bout, j'ai du mal à apprécier le décor durant les premières minutes. Mais rapidement, je prends conscience de ce qui m'entoure. D'un côté le levé de soleil au dessus des nuages, d'un autres, les montagne de la cordillère royale, au loin le lac Titicaca, et l'ombre du Huayna Potosi qui s'étant sur des kilomètres... Je réalise, après quelques minutes, que j'y suis, au sommet, à plus de 6000m !
    Le temps d'immortaliser l'instant, en photos et en mémoire, puis nous entamons la descente. Il faut faire vite avec que la neige ne se réchauffe et que le risque d'avalanche soit trop grand. Le passage de la crête paraît beaucoup plus dangereux au retour. En descente, le risque de faux pas est plus grand et il ne pardonnerait pas. Avec la plus grande précaution, nous passons cette difficulté.
    La montée s'est faite au mental, avec pour seul objectif d'arriver en haut. J'aurai du penser au retour ! L'énergie me manque mais le guide continu à accélérer pour notre propre sécurité. Comme je ne peux me laisser trainer, je mets tant bien que mal un pied devant l'autre. J'arrive quand même à admirer les paysages que la nuit nous cachait pendant l'ascension. Grandiose ! Heureusement aussi que je ne voyait pas ce qu'y m'attendais, ça aurait été encore plus dur mentalement.
    Quand nous quittons enfin la neige, la pression redescend. Le danger diminue, la difficulté s'intensifie. Nous devons maintenant descendre sur roches instables, en chaussures de neige. Le peu d'énergie qu'il me reste doit être dirigé vers mon cerveau pour choisir sur quelle pierre marché, ou sur mes jambes pour pouvoir me déplacer. Je manque de chuter à plusieurs reprises.
    Enfin arrivé au camp d'altitude, j'ai l'impression de rentrer d'une journée de ski : épuisé, humide, j'enlève péniblement les couches de vêtements.
    Après une soupe, on repart avec le sac à dos rempli et débordant jusqu'au camp de base. Cette dernière portion a plus une allure de balade durant laquelle je profite un dernière fois du paysage.
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