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  • Day 78

    J78, km 1’715, Wellington

    December 31, 2022 in New Zealand ⋅ ☀️ 18 °C

    Ça y est, après 2 mois et demi de marche depuis Cape Reinga, nous avons terminé la traversée de l’île du Nord le 31.12.2022! Tout un symbole, et de quoi bien fêter le passage à la nouvelle année synonyme pour nous de nouvelle île, la sauvage île du Sud!

    Mais avant cela, retour sur nos derniers jours.

    Après les éprouvantes Tararua ranges, nous aurons soudainement basculé dans l’été austral. Au départ de Waikanae, nous rejoindrons l’océan par un sentier le long d’une rivière, puis nous longerons une plage jusqu’à atteindre Paekākāriki où on prendra un jour de repos. On aura tôt fait de découvrir que les vacances d’été battent désormais leur plein. On croisera des centaines de touristes (en très grande majorité des kiwis), le long du chemin et surtout sur la plage. Ce sera à nouveau l’occasion de nous faire interpeller : notre accoutrement tranche clairement avec leurs habits de vacanciers. La plupart nous demanderont si “on fait le trail”. Un jeune papa nous proposera également, après 30 secondes de discussions, de nous héberger lorsque nous passerons près de chez lui sur l’île du Sud!
    Après nous être faufilés entre les linges de bain, nous arriverons au holiday park. On prendra la dernier emplacement disponible dans ce grand camping. Notre tente fera pâle figure face aux équipements des autres résidents qui doivent parfois venir à deux voitures par famille pour tout emporter: tentes géantes “3 pièces”, frigos, barbecues de luxe, étagères,… et évidemment les vélos, que des centaines d’enfants chevauchent vaillamment à travers tout le camping! L’ambiance, quoique forcément bien différente de ce que l’on a connu, est bon enfant. Malgré la foule, le respect et la gentillesse des kiwis est toujours au rendez-vous. Après 22h on entendrait une mouche voler! Autre attention incroyable: alors qu’on passait un peu de temps sur notre emplacement à lire, écrire et planifier, coincés sous un arbuste à la recherche d’ombre, un voisin nous proposera d’installer sur notre place sa “tente pare-soleil” flambant neuve de 3x3 m pour nous abriter! On profitera encore de cette parenthèse estivale pour aller nous baigner plusieurs fois dans l’océan et nous prélasser sur la plage de sable.

    Après notre “zéro” balnéaire, on empruntera un sentier nommé “Escarpment track”, qui longe l’océan sur un flanc de montagne…escarpé. On croisera passablement de touristes sur ce joli parcours.

    La suite de notre marche nous fera arriver à Porirua, une ville côtière sans charme, où on dormira dans un camp chrétien méthodiste dénoué de tout attrait… Malgré un accueil chaleureux, on se verra offrir pour emplacement une zone en pente herbeuse utilisée comme parking ou, notre choix, une petite place “moins en pente” coincée entre deux bâtiments. Celle-ci étant également bordée par un parking en dur, un responsable du camp nous dira de mettre des cônes oranges devant notre tente pour “éviter que quelqu’un ne la prenne pour une place de parc”. On rigolera à sa remarque, lui pas. On mettra donc les cônes oranges bien en vue.
    On découvrira ensuite que deux énormes spots se situent de part et d’autre de notre tente, offrant durant toute la nuit suffisamment de lumière pour lire un livre... Cerise sur le gâteau, je (Vincent) découvrirai cette nuit-là que mon matelas est troué, m’obligeant à passer la majorité de la nuit directement sur le sol.

    Le lendemain, nous remonterons sur des collines couvertes de pâturages et de forêts qui nous mèneront jusqu’au cœur de Wellington! Au fur et à mesure de notre avancée, le vent forcira jusqu’à nous empêcher par moment d’avancer. Nous avons rarement senti un vent si puissant! Un habitant du coin rabattra notre enthousiasme en nous disant que cela n’a rien d’exceptionnel ici. Wellington est effectivement réputée pour ses vents fréquents et violents provenant du détroit de Cook. Après avoir traversé le joli jardin botanique, nous prendrons nos quartiers dans un appart-hôtel pour quelques jours.

    Après une nuit de repos, le 31.12, nous parcourrons finalement les 13 derniers kilomètres nous séparant de la fin du trail sur l’île du Nord, dans une banlieue sud (Island Bay) de Wellington nichée au bord du détroit. Même si ce n’est au final qu’une étape, c’est avec une certaine émotion que nous avons vécu ce moment. Nous terminerons cette journée par quelques bières au soleil sur le quai de Wellington, par un excellent repas (merci Déborah!), puis par le feu d’artifice concluant pour tout le monde cette année 2022, et pour nous une étape notoire de notre périple.

    On en profite bien entendu pour vous souhaiter à toutes et tous une excellente année 2023. On vous remercie encore pour tous vos messages qui nous sont parvenus sur les différents canaux.

    Le bilan de cette île du Nord est pour nous excellent. Tant de découvertes naturelles et humaines ont parsemé notre chemin. Tant de rencontres riches avec les autres randonneurs et avec les locaux qui nous auront ouvert le cœur et l’esprit. Nous avons également profité, volontairement ou non, de laisser nos pensées vagabonder, vers des réflexions tantôt personnelles, et tantôt plus générales. Parmi d’autres, un thème évident est revenu à nous: la migration. Car oui, nous avons migré, du Nord au Sud, et continuerons de le faire. Cependant, il s’agit une migration de loisir, par choix, et dans un pays accueillant et sûr, où notre démarche amène la sympathie et la bienveillance des locaux. Nous avons pu utiliser notre argent mis de côté pour nous acheter du matériel de qualité et léger, et nous nourrir sans nous poser de question. Et malgré cela, notre voyage n’a pas été de tout repos. Alors on ne peut que humblement nous mettre à la place de celles et ceux qui, de gré ou de force, quittent leur pays et se retrouvent sur les routes, et sont si souvent rejetés comme des pestiférés, captés par divers réseaux d’exploitation, et vus de travers par la plupart des gens. On ne peut s’empêcher de penser aux parcours dangereux que tant d’entre elles et eux ont dû affronter. Ces parcours qui ne nous sont que rarement contés. La vraie bravoure est bien plus présente dans leur histoire que dans notre petite aventure. Une petite phrase revient souvent dans la bouche des hikers: nous sommes des privilégiés. C’est si vrai, et c’est une bonne chose de s’en rendre compte.

    ———

    Sans transition, et de manière plus légère, au programme de nos quelques jours à Wellington :
    - Lessives, nettoyage de matériel, ré-imperméabilisation, etc.
    - Achat de matériel (p.ex. nos 3èmes paires de chaussure qu’on enverra sur l’île du Sud, bouteille de gaz, caleçon, etc.)
    - Réparation de matelas (2 bonnes heures, ne serait-ce que pour trouver ce fichu trou!)
    - Coiffeur / barbier
    - Ré-abonnement de téléphone (…)
    - Et surtout: planification et achat de nourriture (et petit matériel) pour 4 sections de l’île du Sud où nous ne pourrons pas nous ravitailler (pas de magasin digne de ce nom), mais où des campings ou auberges acceptent de recevoir, en avance, un carton qu’on doit donc préparer et envoyer préalablement par poste. Nous les récupérerons donc en arrivant sur place. Nous avons donc acheté de la nourriture non périssable - et donc pas très saine… - pour 7 jours, 2x6 jours et 3 jours, soit un total de 22 jours de nourriture dans 4 cartons. Cela a donc demandé beaucoup de temps de préparation, d’achat et d’emballage. Nous sommes, au moment où nous écrivons ces lignes, occupés par un problème logistique à ce sujet: nous n’avions pas anticipé que la poste principale serait fermée jusqu’au 09.01 (!) et que ses filiales gérées par des kiosks et autres magasins seraient en grande partie fermées (ou en incapacité de faire des envois…) pour plusieurs jours à cause des vacances et fériés. Nous avons donc dû reporter notre départ pour l’île du Sud d’un jour (04–>05.01) pour nous assurer de pouvoir envoyer nos colis à temps. Evidemment il faut oublier de trouver des informations fiables en ligne ou un numéro de téléphone qui réponde... Et dire que nous sommes dans la capitale…parfois on oublie à quel point nos services en Suisse sont si performants, clairs et simples d’utilisation. En espérant que la gestion des services postaux par des tiers sous-payés et mal formés ne devienne pas non plus une généralité chez nous!

    Voici les étapes réalisées depuis Waikanae :
    - km 1’643 Paekākāriki
    - km 1’671 Porirua
    - km 1’703 Wellington
    - km 1’715 Wellington (Island Bay)
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