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  • Day 349

    Bassin sacré & 1er temple du monde

    February 26 in Turkey ⋅ ☁️ 13 °C

    Après une nuit plutôt courte en raison de nos changement de spots, nous mettons le cap vers la ville de Şanliurfa !

    Pris d’une flemme de cuisiner sur un parking de ville et d’affronter la foule du bazar, nous atterrissons dans une chaîne de fast food turc « pide&pide » ! Nous y retrouvons même au menu, les fameuses « bomba » au cœur coulant chocolat, spécialités d’Izmir. 😋

    À l’instar de Gaziantep, Urfa gagna le préfixe « Şanli » (« la glorieuse ») suite à la libération de l'occupation française à l'issue de la première guerre mondiale. 

    🌻LE BASSIN D'ABRAHAM

    Nous sommes ici pour une raison. Avoir la chance de contempler un lieu sacré, bien connu des musulman·e·s ; le bassin d'Abraham. Situé en contrebas de la forteresse perchée sur une colline (également en rénovation comme tous les monuments du coin après l’effroyable tremblement de terre), nous découvrons un lieu paisible, comme suspendu. 

    La légende raconte que le roi Nemrod, homme de pouvoir et auto-proclamé divin, eut vent d’une prophétie annonçant qu'un enfant à naître allait bouleverser l'ordre religieux établi pour converger vers le culte d'un seul et unique dieu. Inquiet, Nemrod fit assassiner tous les nouveaux·elles né·e·s, ainsi que les femmes enceintes. À l’exception d’une, qui réussit à se cacher et donna naissance à Abraham. Apprenant son existence, le roi le fit jeter du haut de la colline de Şanliurfa dans un brasier ardent. Mais, avant qu'il n'atteigne le sol, le feu se changea en eau et les bûches en carpes ! 🔥

    Abraham est présent dans de nombreux récits comme le fondateur du monothéisme, sa figure apparaît notamment dans la torah, la bible et, bien sûr, le coran.

    Nous nous promenons autour de Balikligöl, le bassin d’Abraham, dans une quiétude parfaite. Ce lieu saint pour les musulman·ne·s est plutôt fréquenté. Nous lisons que les carpes peuplant le bassin sont sacrées ; elles ne peuvent être ni pêchées ni mangées ! Baignée des derniers rayons du soleil, l’eau scintille vivement.

    Plus loin, un escalier grimpe sur la colline offrant un panorama sur la ville entre chien et loup. Le chant d'un homme enveloppe les toits de la cité de sa douce puissance vocale. Nous sommes interpellé·e·s par de nombreux enfants syriens aux sourires ravageurs qui courent autour de nous et demandent quelques billets. Derrière le décor du parc, de l’autre côté de la butte, un quartier aux maisons de parpaings gris à ciel ouvert se dévoile.

    Les habitant·e·s de Şanliurfa semblent légèrement différents de celleux de Gaziantep ou Halfeti. Chez les femmes, nous remarquons davantage de couleurs dans leurs tenues, ainsi que différentes manières de porter le voile. Quant aux hommes, certains recouvrent également leur tête d’un bonnet très fin épousant la forme du crâne ou encore d’un keffieh à carreaux noir ou rouge & blanc positionné sur la tête à l'aide d'une cordelette en tissu.

    Le lendemain, en quête d’une recharge de notre carte sim turque, nous passons devant un stand de vente de tabac en vrac et cigarettes à l’unité placé juste devant la pharmacie du quartier, un comble ! Nous pénétrons dans une boutique arborant le logo Vodafone, mais proposant également œufs, fromage et pâtisseries ! 😂

    🌻LE PREMIER TEMPLE DU MONDE

    Sur le parking du centre commercial où nous sommes stationné·e·s, nous faisons la rencontre de Jonathan, un écossais voyageant principalement en bus à travers le pays et séjournant dans des auberges. Son programme de l'après-midi étant similaire au nôtre, nous lui proposons de l'embarquer avec nous dans Phoeni ! Une belle rencontre et une agréable conversation autour de nos expériences respectives dans l'est de la Turquie. Il alterne vie sédentaire en Écosse où il prend soin de personnes âgées à leur domicile et vie nomade où il part en vadrouille à travers le monde muni de son sac à dos. 💪

    Au fil des discussions, la ferveur de la ville s’éloigne, le paysage s’épure, les routes se vident et nous parvenons au site archéologique de Göbekli Tepe ; autrement appelé « le tout premier temple de l’histoire humaine ». Une évocation qui instantanément a suscité notre curiosité !

    Nous faisons nos premiers pas au cœur de ce site préhistorique datant du néolithique (ça change des sites antiques !). Des fouilles tardives menées dans les années 90 effectuées par une équipe germano-turque ont révélé la présence d’étranges piliers en forme de T, de tailles différentes, sur la colline aride que nous gravissons. Disposés de manière circulaire, ces étonnants vestiges sont ornés de représentations d'animaux ; renard, araignée, oiseau, serpent, rongeur, remarquablement bien sculptés dans la pierre.

    Les chercheureuses n’ayant trouvé aucune trace d'habitation, il ne pouvait s’agir d’un village. L’aspect monumental du site interroge également, au vu du caractère plutôt nomade des humain·e·s de cette période de l’Histoire. Il semblerait donc que ce lieu soit un sanctuaire, un lieu de rassemblement de chasseureuses-cueilleureuses, dédié aux festivités et aux échanges. Il prouverait alors qu'avant la période de sédentarisation, amenée par l'apparition de l'élevage et l'agriculture, ce peuple du néolithique développait déjà une vie spirituelle et sociale dans un lieu d'importance tel que celui-ci !

    Nous descendons lentement la colline, pensif·ve, admirant un paysage incroyable sous nos yeux. La Syrie se dessine à l’horizon dans un patchwork de couleurs.

    Nous reprenons la route et effectuons un stop au bord d'un endroit où l'Euphrate décrit un gigantesque lac aux branches infinies. Près de nous, un couple s'entraîne à tirer à l'arme à feu dans l'eau ! 😳
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