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  • Day 348

    Accueil chaleureux à Halfeti 🔥

    February 25 in Turkey ⋅ ☀️ 18 °C

    Lorsque l’Euphrate serpente enfin sous nos yeux, nous tombons instantanément sous le charme de sa robe turquoise !

    Nous atteignons notre objectif, celui de parvenir jusqu’à Halfeti, la ville submergée. Un profond canyon accessible en véhicule nous permet de nous poser au bord du fleuve. À peine quelques minutes passées, un couple de curieux·se vient se présenter à la porte de Phoeni. Leurs tasses à çay à la main, iels nous montrent d’un signe leur vieux van stationné plus loin. Leurs deux filles jouent près de la rive. Sans avoir fait plus ample connaissance, Ahmet & Bengü nous invitent dans leur maison, se situant dans la nouvelle ville d’Halfeti, pour un repas, une douche, un thé ; comme il nous plaira ! Nous convenons de nous revoir le lendemain. Quelle hospitalité ici ! 🔥

    Le soleil se lève dans le canyon. Un temps radieux pour le jour de mon anniversaire ! 🌻 La température grimpe et nous troquons les pulls pour des vêtements légers. Des groupes se forment aux abords du fleuve apaisant en ce dimanche. Ces gorges semblent hors du chaos du monde, une petite bulle de quiétude. Un logo ayant attiré notre attention à l’entrée du port hier nous indique que le vieil Halfeti est labellisé « Cittaslow » ; un réseau international des villes du bien vivre. Prendre part à ce mouvement engage à ralentir le rythme de vie de ses citoyen·ne·s (leur logo représente un petit escargot !). 🐌

    👉SUR L'EUPHRATE

    L’activité du jour ; un « boat tour » sur l’Euphrate, unique moyen de découvrir les vestiges de la vieille cité d’Halfeti, à l’instar de Zeugma, ensevelie sous les eaux à la suite de la construction du barrage dans les années 90. Nous embarquons parmi des dizaines de turc·que·s, en sortie du dimanche, sur un bateau touristique avec terrasse, musiques folkloriques & drapeaux à la proue pour les séances photos ! 📸

    Des habitats troglodytes se dessinent dans la roche rougeâtre. La couleur de l’eau rappelle celle des lacs alimentés par les glaciers. Le bateau décrit des virages au gré des formes des gorges, dévoilant une immense forteresse et des toits de maisons à fleur d’eau. Le rythme se fait plus lent, la musique plus mélancolique. Nous approchons, au ralenti, de la mosquée submergée et son minaret jaillissant de l’eau. Nous accostons maintenant pour la pause çay réglementaire ! ☕

    Lors de cette excursion, nous faisons également la rencontre d’un groupe d'hommes venus d'Irak (Bagdad), de Syrie et de Turquie (Gaziantep) souhaitant vivement effectuer une séance photo sur le bateau par les photographes français·e·s ! 😅 Ces imposants gaillards impressionnent au premier abord, mais détendent tout aussi rapidement l’atmosphère. On a beaucoup rit ensemble ; surtout, lorsque chacun élaborait une pause d’une grande sobriété devant le drapeau turc ! 🇹🇷 Mustafa nous invite même à partager un repas à « Antep » quand on le souhaite chez lui. Avant de se quitter, il insiste pour prendre une photo avec nous sur le ponton, en souvenir. Le petit groupe d’amis semble surpris que nous ne parlions pas chinois ; le parlant tous, plutôt que l’anglais, « pour le business ».

    👉IMMERSION CHEZ AHMET & BENGÜ

    Nos nouvelles connaissances de la veille, Ahmet & Bengü et leurs deux petites filles, nous attendent dans leur appartement pour partager un moment ensemble. C’est partie pour une nouvelle expérience, passer la porte d’un appartement d’une famille turque ! Immersion totale. 🔥🇹🇷

    Arrivé·e·s devant leur immeuble qui, au premier abord, nous a semblé désaffecté (🙈), nous sommes accueilli·e·s avec douceur par le gardien, étonnamment en uniforme arborant le mot « Police » sur son torse. Nous tentons de lui expliquer que nous sommes invité·e·s par des résident·e·s. « Ahmet, the teacher ! » me répond-t-il. Il passe un appel la minute qui suit et Ahmet apparaît !

    Nous nous déchaussons avant de passer le pas de la porte de son appartement et laissons nos chaussures à l'extérieur, avec les leurs. Bengü nous tend à chacun•e des chaussons !

    Nous sommes resté•e•s 4 h chez cette sympathique famille turque au grand cœur. 4 h à échanger via Google traduction. Une conversation atypique, qui, contre toutes attentes, permet tout de même une profondeur dans les discussions, malgré les quelques problèmes d’interprétation qui peuvent parfois se glisser. Ce couple de trentenaires nous avoue que l'école turque ne favorise pas les langues étrangères. Ils ont appris à lire l’anglais, mais pas à le parler.

    Nous débutons pas une visite de l’appartement aux pièces immenses (surtout les chambres !) et très épurées. Les meubles sont si rares qu’elles semblent presque vides. Les murs blancs aux moulures et aux discrètes arabesques délivrent la touche classieuse orientale. Le sol est recouvert de nombreux grands tapis donnant un peu de chaleur à cet ensemble assez impersonnel. Dans la chambre parentale, un énorme lit à la tête imposante capitonnée trône au milieu de la pièce. La chambre des filles (4 & 6 ans) est plus classique avec leurs deux lits une place aux draps la reine des neiges ! Le reste de l’appartement est composé de deux immenses salons. Je m’enquiers auprès de Bengü du rôle de ces deux pièces qui me semblent plutôt similaires. Elle me répond en riant que c'est parfaitement inutile d’avoir doublé ces espaces ! Nous nous ferons la réflexion plus tard qu’il n’y a quasiment aucune fenêtre. Leur lieu de vie est constamment baigné par la lumière artificielle, empêchant toute notion du temps. 

    Nos hôtes nous invitent à prendre place sur deux énormes canapés, leur famille d’un côté, nous de l’autre. En face à face, les canapés étant disposés à 3 m l’un de l’autre dans cette gigantesque pièce ! À notre gauche, une petite bibliothèque attire notre attention. Ahmet le remarque et nous montre fièrement un livre de Charles Baudelaire traduit en turc !

    Nous commençons à faire connaissance en douceur, via nos téléphones et nos sourires gênés. Au fil de la discussion, iels finissent par apprendre par Paul que c'est mon anniversaire ! Quelques minutes plus tard, Bengü me ramène une part du gâteau d'anniversaire m’expliquant que nous fêtons deux anniversaires aujourd’hui ; Ahmet & moi étant né·e·s le 25 février toustes les deux ! Il fête ses 38 ans ce jour. Incroyable coïncidence ! 🥳🥳

    Elle, va avoir 30 ans et est juge pour enfants. Lui, professeur des écoles.

    Les visages se décrispent, les sourires se font plus chaleureux. Nous nous sentons bien en leur présence, dans leur maison, et j’ai l’impression que cette sensation est partagée. Pour faire perdurer le moment, Bengü nous propose de cuisiner un repas. Leurs repas sont habituellement tous carnés, elle avoue en riant que c'est la première fois depuis son mariage qu'elle cuisine un ragoût de légumes ! Elle décrit son mari comme un « carnivore né » !

    Nous abordons beaucoup de sujets passionnants ; comme la gastronomie turque (iels sont intarissables sur cette thématique !), la politique de nos différents pays et dans le monde, la question épineuse du mariage (Ahmet souhaitant à priori vivement que l'on passe le cap... !), les problèmes migratoires auxquels fait face leur pays...

    Du côté d’Ahmet, nous percevons un ressentiment vis-à-vis de la France et des pays occidentaux en général qui, selon lui, modifient la culture de son pays instaurant le capitalisme et, faisant également de ce dernier, un passage pour transiter vers l’Europe pour les immigrant·e·s.

    Nous avons l'impression de participer à un de ces repas fleuves que l'on partage avec ses proches lors des fêtes de Noël. Nous n'avons cessé de manger et boire pendant 4 h (le vin en moins, évidement) !

    Le repas de Bengü se déroule dans le deuxième salon et s’articule autour d’un ragoût d'haricots verts, de poivrons grillés, d’une motte de riz pilaf et d’assiettes de choux rouges et autres petits légumes crus à partager. Les plats s’accompagnent d’une boisson traditionnelle : l’ayran, un yaourt fait maison liquide au lait fermenté et légèrement salé. Nous passons ensuite à la cuisine (seulement les adultes) pour boire le çay et déguster des baklavas à la pistache tandis qu’Ahmet fume sa cigarette.

    Pris·e·s dans une folie, iels vident presque tous leurs placards pour que nous puissions goûter à toutes leurs spécialités ; comme par exemple une boisson sombre très salée dont j'ai oublié le nom (nos papilles d’occidental•e s’en remettent à peine !) ou encore un échantillon de ce qu'iels mangent au petit déjeuner à base de halva et de tahini-mélasse aux raisins !

    De retour au premier salon, nous recevons une goutte d’eau de cologne à la rose noire d’Halfeti sur les mains et goûtons aux abricots et mûres séchées produites par leur famille, ainsi qu’à divers fruits à coque accompagnés d’une eau pétillante.

    Il est 21 h, nous repartons les bras chargés de denrées et le cœur rempli de joie et de reconnaissance. Je me souviendrai de la journée de mes 29 ans ! ❤❤❤

    👉TOC TOC POLICE

    Les estomacs bien remplis et la tête pleine de souvenirs, nous retournons sur notre spot de la veille, près de l’Euphrate. Nous discutons de l’expérience vécue tout en préparant une infusion quand un véhicule s’approche de Phoeni et une main toque à la porte latérale. Ne distinguant aucun gyrophare dans la nuit noire, nous prenons peur et décidons d’entrouvrir la porte passager·e. Le temps de réaliser la manipulation, nos visiteurs toquent à nouveau avec plus d’insistance. Paul ouvre et découvre 5 policiers en uniforme et un fusil braqué sur lui ! Surpris·e·s, mais rassuré·e·s, nous montrons nos passeports et ouvrons entièrement le van. Les hommes nous informent, l’air légèrement paniqué, que nous ne pouvons pas demeurer à cet endroit cette nuit pour cause d’insécurité. Nous partons donc nous stationner dans le village, non loin de la gendarmerie.
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