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  • Day 48

    Les tortues

    January 25, 2017 in Thailand ⋅ 🌧 7 °C

    (This is a translation of the turtle post. See last post for pics.)

    On a débarqué sur Koh Phra Thong un peu comme les alliés en 44, sans armes mais avec bagages. Le "longtail boat", dont l'hélice est au bout d'une perche reliée à un moteur de voiture reconverti qui fait un bruit de tous les diables, nous a débarqués dans la mangrove à cause de la marée basse. On a dû patauger jusqu'à l'île où on a fini par rencontrer Lesley, de notre projet Naucrates (www.naucrates.org), qui nous a amenés au village de Pak Chok.

    Pak Chok est l'un des trois villages de Koh Phra Thong ("l'île du Bouddha d'or"), pourtant l'une des plus grandes îles de Thaïlande (15 x 10 km). Il a été rasé lors du tsunami du 26 décembre 2004. L'aide de l'ambassade de Suisse et du Lions Club à permis de reconstruire une école et des dizaines de maisons identiques à l'européenne, alignées au cordeau à l'abri des vagues, et de rebaptiser Pak Chok, modestement, en "Lions Village". Tout ça sans vraiment demander leur avis aux habitants, qui ont pour la plupart préféré ne pas revenir et chercher du travail sur la côte. Aujourd'hui 10% des maisons sont habitées par 40 personnes, l'école ne sert plus, et Lions Village est dans l'ensemble un village fantôme.

    On y a passé 2 nuits pour rénover la déco du petit musée aménagé dans deux des maisons, destiné à promouvoir les activités de conservation des tortues marines et du reste de l'environnement de l'île. Le musée avait besoin d'un coup de jeune pour attirer les quelques touristes un peu aventuriers (Koh Phra Thong n'est pas reliée à électricité ou l'eau courante). On a dormi chez Pa Nee, 72 ans, qui tient le resto (une table). Sachant que c'était notre voyage de noces, elle a décoré notre chambre (un lit avec une branche en guise de penderie) avec du tulle et des roses en plastique, c'était adorable !

    Chaque matin à l'aube, on a patrouillé les 15 km de plages désertes qui bordent l'ouest de l'île pour voir si une tortue était venue pondre pendant la nuit. C'est facile d'identifier leurs traces, comme si un tracteur était sorti de l'eau, mais à notre arrivée il n'y avait pas encore eu de nid de tout l'hiver. Il y a 40 ans, elles venaient pondre presque toutes les nuits, mais aujourd'hui la surpêche et les bouteilles en plastique les tuent en masse ou les empêchent de trouver un coin cozy sur le sable.

    Pour atteindre les plages depuis Pak Chok, c'était très pratique de prendre une petite mobylette avec "side car", un caddie rajouté qui permet, avec les deux sièges de la mob', de transporter jusqu'à 6 personnes sur les chemins sablonneux. Le premier matin il faisait encore nuit noire et on a conduit à la lampe de poche, le phare de la mob' ne marchant pas, ce qui nous a évité de voir les trous dans le pont. Du coup on était très zen pour contempler le lever de soleil entre les cocotiers.

    On a aussi fait des observations systématiques d'une petite zone de la mer où les tortues ont l'habitude de manger, installés sur les falaises d'une colline qui a sauvé la vie de dizaines de personnes lors du tsunami, où les survivants sont restés piégés plusieurs jours. Ces observations font partie d'une étude à long terme sur le comportement des tortues, et comme les patrouilles matinales, ont lieu tous les jours de novembre à avril depuis 20 ans.

    Après deux jours, on a déménagé chez Nok, qui gère des bungalows construits par ses soins au centre de l'île, d'où on peut accéder aux plages à pied. Comme l'île est très plate et sablonneuse, la végétation au centre n'est pas très luxuriante et on se croirait dans la savane. Depuis la plateforme où on s'est délectés de la cuisine thaï de Lamion, la femme de Nok, en contemplant un paysage africain et en écoutant la musique reggae de Job 2 Do (lien dans le post de Svet), il y avait une ambiance hétéroclite et beaucoup plus sympa qu'à Pak Chok.

    Le reste du temps, on a profité des massages sur la plage, des fonds marins à couper le souffle, et des smoothies au lait de coco avec notre petit groupe de volontaires. Le paradis, si on est prêt à se faire cogner au dîner par des gros scarabées "noix de coco" presque aveugles (les pauvres), se doucher avec les grenouilles, et traverser un bras de mer à gué matin et soir pour rentrer (gare aux grandes marées !).

    Notre semaine s'est terminée en beauté, avec la découverte du premier nid de la saison près du village de Thung Dap, à la pointe sud. On a pu s'assurer que les oeufs étaient bien là et regarder les gens jouer à une sorte de poker local en attendant que le reste des volontaires arrive pour mesurer les dimensions du nid et sa position. Dans deux mois à l'éclosion, d'autres volontaires se relaieront toute la nuit pour s'assurer que chacun des 100 bébés tortues descendent jusqu'à la mer sains et saufs. A force, peut être que les tortues reviendront pondre plus souvent.
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