• J0. Paris

    October 19 in France ⋅ ☁️ 11 °C

    Chassez le naturel, il revient au galop : je me rends compte que je suis reparti dans des récits fleuves de nos aventures. Evidemment tout n'est pas intéressant pour toi, lecteur, mais cela me sert de mémoire.

    Allez, vous en voulez encore ?
    Parce que hier matin, on n'était qu'au début en fait.
    13h : Hervé et Nath viennent me chercher à la maison pour qu'on file sur Mérignac.
    14h : nous sommes à Mérignac et essayons d'acheter des visas pour le vol retour. La machine indienne étant ce qu'elle est, le site bug toutes les 4 minutes et nous ne pouvons pas arriver à finaliser une transaction avant l'heure de devoir partir à la gare.
    Étrangement, le bus est à l'heure.
    Le train, même, et à l'heure. Je gifle machinalement un passager, incrédule. Comment se fait-il que tout se passe pour le mieux, pour l'instant ? Ce n'est pas normal. Il faut que quelque chose déraille, et je ne parle pas du train.
    C'est sans compter sur notre mauvaise étoile, notre chat noir : on réalise avec une larme au coin de l'oeil qu'il va falloir prévenir Air India que nous ne prenons pas le vol aller mais que vous ne voulons nous assurer d'avoir le vol retour, et ça c'est une autre paire de manches, car après quelques recherches, nous nous rendons compte que rien n'est automatique, et rien n'est logique dans le monde des compagnies aériennes.

    Effectivement, si nous ne nous présentons pas au départ, le vol est totalement annulé, retour y compris. Nouveau stress, c'est tellement plus habituel!

    Dans le train, nous n'arrivons à joindre ni le voyagiste ni la compagnie aérienne pour cause de mauvaise réception donc nous sommes obligés d'attendre d'arriver à Paris.
    19h : arrivée à Montparnasse.
    19h : fermeture du service client du voyagiste.
    Nous finissons par trainer nos guêtres dans un coin reculé de la gare Montparnasse pour nous poser et nous mettre au calme afin d'aviser la marche à suivre pour le reste de la journée et du voyage.
    Nouveau plan d'attaque : appeler le service client international de Air India pour leur demander de conserver le vol retour. La sentence est rapide : non, le vol retour ne sera pas être conservé. Ils ne peuvent rien faire car nous ressortons d'Inde et donc ce n'est plus de leurs compétences, apparemment.

    Tout autour de ma tête le plafond de la gare Montparnasse commence à virevolter et onduler. Olivier est au téléphone avec son frère, Hervé commence à prendre la teinte du siège sur lequel il est assis, muet d'horreur, Nathalie fait une crise de panique et se jette contre une fenêtre.
    À 20h, la situation est claire : on est dans la merde. On a maintenant un vol aller mais nous n'avons plus de vol retour, cela sera très probablement comique dans quelques années mais à ce moment, on a juste envie de chialer.

    Phase 2 : il nous faut maintenant annuler le vol complet pour ne pas se retrouver dans une situation de "non présentation": ce sont les gens qui ne se présentent pas au comptoir, qui n'embarquent pas et qui retardent les avions. Puis germe en nous l'idée que peut-être si nous exposons le problème, nous pourrons être remboursés au moins partiellement. On y va cash, on dit tout ce qui se passe à l'agent que j'ai au téléphone. "Pas de souci, nous dit-elle, vous serez remboursés moins quelques frais de pénalité". Nous allons récupérer environ 70 % du vol. Ouf, c'est déjà ça. Franchement, on n'y croyait plus.

    Phase 3 : annuler maintenant le vol aller que nous avons acheté ce matin, pour pouvoir par la suite acheter un vol aller-retour qui ne passera pas par l'Inde, et qui sera très probablement moins cher qu'acheter un retour simple, pour compléter notre aller simple.
    Tout en bas du mail de confirmation, une ligne écrite en verte accroche mon regard : « ce vol est annulable sans aucun frais si annulé avant 23h59 heure locale le jour de l'achat ».
    Ouh punaise!
    Ça serait-il que dans notre diarrhée de décisions plus merdiques les unes que les autres, un éclair de soleil viendrait illuminer notre soirée!?
    On appelle.
    Il est à peu près 21h30. Le type au bout du téléphone semble sincère, sympa, à l'écoute et comprendre notre désarroi. Il me met en attente en me disant qu'il travaille au dossier et qu'il va essayer de contacter la compagnie.
    20 minutes d'attente au téléphone. Je n'en peux plus de la musique d'attente andalouse. Putain de guitare.
    Au bout de 20 minutes, il revient en me remerciant profusément d'avoir attendu si longtemps et me dit que comme nous nous nous sommes déjà enregistrés, il n'a pas la main pour annuler ce voyage, il faut donc que je me désenregistre personnellement sur le site de Qatar Airways. C'est nouveau, ça vient de sortir !
    Retour sur le site, on trouve finalement la petite touche qui va bien, et on se désenregistre.
    Lui m'a remis sur attente toujours en train de « traiter mon dossier » et je passe de nouveau 20 minutes assis amorphe sur un fauteuil de la gare Montparnasse. Mes trois compères sont également avachis sur leur siège, au bout de leur vie.
    Le monsieur revient au téléphone, il change de ton : il m'explique qu'il a été obligé de supprimer les billets pour chacun des passagers, en suivant la procédure automatique, et que le débit de l'achat, encore en attente de validation sur mon compte, ne serait finalement pas validé, et donc que la ligne disparaîtra de mes comptes. Il parle très doucement, en détachant chaque syllabe comme s'il ne voulait pas être entendu. C'est bizarre, on a l'impression qu'il vient de bidouiller dans son système et de nous faire une fleur. L'avenir nous le dira...

    Nous allons donc partir dans l'idée que le premier vol est remboursé à 70 %, dans l'idée que le second vol est remboursé intégralement, et donc nous décidons après moultes conversations molles, fatiguées, dépitées, d'acheter un nouveau vol aller-retour pour le Népal la veille du décollage. Un truc de dingue. On n'a jamais fait ça.

    Nous finissons par trouver notre bonheur vers 23h30 assis à une table du McDo pourri de la gare Montparnasse, nos gros sacs entassés dans un coin. Il faut savoir qu'au McDo de la gare Montparnasse, samedi soir, à presque minuit, il y a plein de gens assis aux tables mais personne ne consomme. Une vraie cour des miracles.

    Au final, nous achetons un billet presque deux fois plus cher que le billet original. Mais c'est soit ça, soit nous rentrons la queue entre les jambes, avec le risque assez élevé de perdre également les réservations que nous avons faites au Népal notamment les vols entre Pokhara et Katmandou, et ce voyage, cela fait 3 ans qu'on voulait le faire, notamment pour le trek. On n'est pas à la rue non plus, donc e basta!!
    On en rira. Qu'est-ce qu'on en ira.

    Puis c'est le retour à l'appartement des parents d'Olivier, à Rueil. Nous mettons 1h30 à alterner métro, bus et marche avec 25 kg de bagages sur le dos. Nath et Hervé sont plus malins (ils ont la possibilité de l'être, aussi): ils décident d'aller dormir à l'appartement de leur fille à une demi-heure de métro de la gare, non sans nous avoir proposé gentiment de dormir dans la cave de l'appartement qui possède un lit sans matelas. Bande d'enfoirés.

    Ah oui, du coup, nous ne décollons plus à 12h10, plus à 22h40... mais à 17h20! Et on passe par le Qatar. Eux, ils sont gentils au moins, ils nous font pas d'embrouille avec des visas!
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