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- Jour 14
- vendredi 31 octobre 2025 à 21:00
- 🌙 14 °C
- Altitude: 106 m
FranceMauregard49°1’2” N 2°32’41” E
J12. Épilogue
31 octobre, France ⋅ 🌙 14 °C
Voilà, une fois de plus c'est fini. Malgré la cata météorologique des derniers jours, ce fut un voyage inoubliable, ponctué d'éclats de rire, de vues grandioses, de rencontres parfois improbables et de plats plus ou moins savoureux, mais toujours servis avec un grand sourire.
Nous avons passé 11 jours dans un pays approximatif, le pays des Jean-Michel À-Peu-Près, où l'on n'est jamais vraiment certain d'obtenir ce que l'on commande au restaurant - les menus sont écrits dans un anglais également approximatif et souvent ils ne cuisinent pas ce qui est annoncé, et pas plus certain de l'heure d'arrivée d'un taxi ou de celle de décollage d'un avion, ou encore si la prochaine douche sera chaude ou froide...
Comme je l'ai déjà dit, notre voyage a été régi par une certaine appréhension de tomber malade, et je peux dire avec fierté que nous avons passé haut la main l'examen "tourista". C'est quasiment une première pour moi !
Évidemment ce fut au prix de quelques concessions : pas de jus de fruit, pas de fruits frais, pas même d'eau filtrée servie dans les hôtels, et pas de glaçons dans les boissons. Uniquement de l'eau minérale, même pour le brossage de dents.
Mais ce n'est vraiment pas cher payé en comparaison de tout ce que nous avons vu, vécu, entendu et goûté.
Un peu plus de 500 km parcourus à pied et en voiture dont une quarantaine en trek, quelques sueurs froides derrière des pare-brises embués, des achats de billets erratiques et un peu coûteux (on a nous-mêmes été très "stagiaires de 3e" sur ce coup-là !), des glissades inoffensives, des tentatives linguistiques plus qu'approximatives, un premier trek pour approcher timidement quelques Titans comme l'Annapurna Sud ou le Machapuchare, parmi les montagnes les plus hautes du monde, c'est ça aussi un voyage au Népal !
Nous n'avons rencontré que des gens charmants, souriants, extrêmement serviables, même si les conditions générales ne permettaient pas un confort tel que celui qu'on connaît en France.
La famille de Ramesh et Rajendra qui nous ont accueillis dans leur hôtel à Pokhara se sont montrés très chaleureux avec nous, tout comme les deux cousins Balaram, le guide et le porteur. Bien sûr, il y a toujours une arrière-pensée commerciale derrière chaque attention - le tourisme est la deuxième source de revenus pour le pays après l'agriculture - mais ils étaient sans nul doute sincères, jusque dans leurs messages après notre retour en France pour s'assurer que nous étions bien rentrés.
À la fin du séjour chez eux, au retour du trek, j'avais l'impression de connaître le quartier par cœur et d'en être l'un des habitants. En sortant de l'hôtel, on passait devant la boutique de Bala qui nous saluait de loin. Certains commerçants commençaient à nous reconnaître, comme le restaurateur-marionnette, et je n'oublierai pas le vendeur tibétain et notre rencontre émouvante.
Évidemment, mon avis est partial et subjectif. Pour moi, le Népal part avec un coefficient affectif très positif, malgré les conditions de vie, l'hygiène et les différences culturelles. Mais ce sont peut-être ces mêmes points de divergence qui font effectivement toute la différence.
On a tellement de choses à apprendre d'eux, à commencer par la sérénité, le calme et la résilience. Je ne sais pas si je pourrais y vivre, mais en tout cas le Népal reste follement cher à mon cœur, pour une raison qui m'échappe totalement.
Comme on en discutait avec Hervé, tout n'est qu'affaire de codes. Ce qui peut paraître effrayant et déroutant, voire handicapant pour des néophytes, c'est le manque de codes. Nous n'avons pas leurs codes culturels.
À commencer par la communication : le petit décroché de tête sur le côté, un peu comme un dodelinement rapide, pour signifier un "oui" ou juste un "ok" peut-être surprenant au début.
Les visages restent souvent impassibles sauf pour sourire (et encore, il faut aller le chercher bien loin). De plus, le Népalais n'aime pas dire "non". ll te le fera comprendre, mais rarement prononcera le mot. Nous avons demandé comment le dire dans la langue : le mot existe, mais ils font plutôt juste un "mm-mm" correct et très rapide.
Nous cherchons encore à comprendre la signification de ces verres d'eau chaude servi en début de chaque repas, je ne parle même pas du code de la route.
Tout ce qui touche au tourisme semble encore mal géré sous certains aspects, ce qui nous a souvent donné l'impression d'être face à des "stagiaires de 3e", ou des ados qui découvrent le fonctionnement du monde. Certains hôtels ont une apparence très class, mais les codes du service et de la restauration sont totalement différents. On dirait qu'ils essayent de faire bien mais ne vont pas au bout des choses, ou ne savent pas comment s'y prendre.
Hier soir encore, au restaurant, les deux serveurs sont restés littéralement collés à notre table à peine les menus distribués, comme si nous allions commander de suite. L'un d'eux est rapidement parti mais l'autre est resté, nous mettant une sale pression. Impossible de se concentrer sur nos choix. On est pris d'une crise de fou rire... surtout qu'il nous fait simplement la lecture de certains plats sans rien ajouter. Et lorsque je veux le rendre utile en lui demandant de quoi se compose leur chicken sizzler... il me répond : "Sorry sir, can't explain".
Là, on était au max de la négation...
A défaut d'être un jeune pays, le Népal est un pays jeune. En témoignent les manifestations violentes et violemment réprimées de la Gen Z le mois dernier, contre la corruption gouvernementale. Nous sommes le 31 octobre 2025 et les Népalais espèrent une modification de leur Constitution dans 6 mois après les prochaines élections.
Mais dans la vie quotidienne, dans la rue, dans les villes et encore plus dans les villages, c'est une sorte de Moyen-âge moderne que l'on explore en tant que touristes, où les ampoules basse-consommation blafardes éclairent souvent des intérieurs miséreux, faits de bois et de plastiques de récupération. Evidemment, il y a des maisons qui semblent appartenir à des familles aisées. Mais ailleurs, tout est sombre, sale et glauque. On fait la vaisselle dehors dans le caniveau, on cuisine au sol dans des marmites sans âge, sur un feu de bois improvisé. Des chiens pelés errent en meutes dans les rues. Dans la campagne, ce sont les vaches, les buffles, les poules et les chèvres. On jette des détritus depuis l'étage dans la rue, on crache partout, on jette absolument tout par terre. Les câbles électriques s'enroulent en pelotes gigantesques à des pylones inclinés, dignes du pire cauchemar d'un électricien occidental.
On peut croiser en pleine montagne une mamie aussi ridée qu'une pomme cuite descendre pieds nus un coteau avec un gros fardeau de paille de riz dans le dos, les jambes arquées et habillée en guenilles jadis colorées, et entendre soudain son portable sonner dans un pli de sa robe. Comme si la modernité était arrivée trop vite et que personne n'avait su comment s'y adapter.
Les jeunes sont sur TikTok et sont chaussés avec des Nike contrefaites alors que les plus anciens portent toujours le Dhaka Topi, la calotte traditionnelle népalaise, souvent décorée de motifs typiques vieillots et/ou religieux, dont cette fameuse swastika hindoue, droite, elle, qui fut ré-appropriée par Hitler avec pour seules modifications un quart de tour, la couleur noire et un disque blanc en fond.
Nous en avons achetés deux, Hervé et moi, dans un moment d'égarement touristique à Bhaktapur, et nous savons très bien que nous ne les porterons jamais, sauf peut-être en déguisement, ou alors comme l'a aptement suggéré Nath, retournés et utilisés comme panière à pain pour un repas. Depuis, nous ne parlons plus que de nos panières à pain nazies. Une boutade à ne pas mettre entre toutes les oreilles...
Si jamais tu vas au Népal, cher lecteur, attends-toi à être sacrément dépaysé. Attends-toi également à te faire gentiment plumer. Il faut toujours garder en tête que les prix pour nous, touristes, sont gonflés entre 5 et 10 fois, systématiquement, d'où mon obsession de l'arnaque, que je ne supporte pas. Il est évident que nous devons payer plus cher que les locaux, on en a largement les moyens, mais l'abus est flagrant et je n'ai pas le sentiment de les flouer lorsque je marchande, juste histoire de leur faire comprendre que nous sommes d'accord, mais pas dupes, et qu'il faut une limite acceptable de part et d'autre.
Un dernier tip : nous utilisons l'application InDrive, le Uber local, disponible sur toutes les plateformes, pour commander des taxis. Les prix sont honnêtes, aucun souci. Après en avoir testé une autre qui ne servait à rien ici, il semblerait que ce soit celle-ci qui a pignon sur rue au Népal. Un des chauffeurs nous a entendus en parler dans sa voiture et a éclaté de rire en s'exclamant : "Aaah, InDrive!", comme s'il s'agissait du secret le mieux gardé du Népal : le Graal qui donne accès aux VRAIS tarifs des courses. On l'a installée hier soir seulement... elle servira pour le prochain voyage en Asie.
Merci d'avoir supporté mes fautes de frappe, fréquentes malgré les nombreuses relectures, et mes délires. Merci pour les commentaires, et merci à Loulou, Nath et Hervé pour ce super voyage qui restera gravé dans nos mémoires...
Namaste.En savoir plus









Merci à toi de nous avoir régalé pendant ces 11 jours. J'ai tout lu, j'avais l'impression d'être avec vous. J'ai voyagé sans bouger de chez moi, par tes écrits et les photos. Merci de ce partage, mot qui prend ici tout son sens 🙏 [Steph]
Olivier Roche🥰😘
VoyageurMerci de nous avoir raconté votre aventure, ça nous a fait voyager, on a bien ri, ces belles photos nous ont émerveillé ! Merci et bon retour à tous 🤩😘
Olivier RocheMerci, "belle-sœur "! 😁