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  • Day 60

    Los Nevados - dia 4 on veut pas mourir

    January 8 in Colombia ⋅ ⛅ 7 °C

    Comme d'habitude on se réveille à 6h30 pour profiter d'un petit déjeuner matinal composé des mêmes assiettes que le dîner de la veille. On savoure chaque instant, on retarde même notre départ car on sait que ce soir on retrouve la civilisation. On n'en a pas tellement envie, on aurait bien prolongé de quelques jours. Cependant Sam nous attend, on arrive à la fin de nos provisions et on n'a pas regardé pour faire d'autres étapes. C'est pas grave c'est une (bonne) mise en bouche et on se dit qu'on se refera ça. Plus tard.
    Après avoir fait nos adieux à la Finca Campo Alegre on se met en route. Aujourd'hui ça devrait être assez facile : c'est tout en descente, -1600m et il nous suffit de longer le río Otún qui prend sa source dans Lagun Otún vu hier et rejoint El Cedral que l'on devrait rejoindre dans quelques heures. Cependant comme on l'a appris ces derniers jours quand on pense que ça va être facile ça ne l'est jamais !
    Selon nos hôtes nous en avons pour 5h de marche et arrivé à El Cedral on pourra prendre le bus de 15h.
    Au début le chemin nous paraît agréable, les paysages sont beaux, on est à l'abri des arbres, on entend le torrent, on voit des cascades au loin mais rapidement il devient difficile voir presque impraticable. Soit on descend dans des pierriers qui demandent toutes notre attention et de bien s'appuyer sur les bâtons soit on marche dans le lit d'une rivière et on doit naviguer entre sauter de rocher en rocher ou patauger dans la boue.
    De plus Mapsme ne fonctionne pas sur ce chemin on a donc du mal à suivre notre progression. Au bout de 2h30 de marche on estime en être a peu près à la moitié du chemin et on s'octroie donc une pause bien méritée.
    La suite, c'est la même rengaine. En plus de ça le temps file et on a peur de ne pas être à l'heure pour avoir le bus de 15h. On accélère donc le pas en essayant de ne pas nous fouler les chevilles.
    Finalement on arrivera à El Cedral à 15h15 en retard sur notre horaire. Heureusement on n'a pas raté le bus il n'y en avait tout simplement pas à cet horaire. Le prochain est à 17h. En attendant on se prend donc une boisson et un plat du jour.
    17h, le "bus" arrive. C'est en fait une Chiva ces espèces de gros bus colorés, tout ouvert. Le bus n'a même pas le temps de faire demi-tour que les gens se jettent dessus, jettent leurs enfants dedans, leurs sacs, leurs animaux manquants de se faire écraser. À l'arrière y a une échelle pour monter sur le toit, elle aussi est prise d'assaut. Clémence, Télio et moi on regarde ça, effaré on sait pas trop quoi faire. Finalement on sera les derniers à monter, les seules places libres sont sur le toit à l'avant, coincé entre des sacs et des gens. On est environ 35 sur le toit et ils sont sûrement beaucoup plus à l'intérieur.
    C'est effrayant d'être sur le toit, sans attache et sans protection sur une route de terre et surtout de trous au milieu de la jungle alors que la nuit tombe. Dès qu'il y a un trou on à l'impression qu'on va se renverser, qu'on tombe en arrière. Surtout Télio et Clémence qui sont dos à la route, moi je suis au milieu en tailleur c'est vraiment pas confortable mais j'ai moins de sensations. On doit rester vigilant et se baisser pour ne pas se prendre branches, lianes ou feuilles.
    C'est clairement le pire manège que j'ai jamais fait. Clémence fait une crise de panique et l'idée de descendre au milieu de la jungle alors que la nuit tombe nous traverse l'esprit mais on a pas d'autres solutions pour retrouver la civilisation.
    Finalement, l'humain étant quand même très malléable on commence à s'habituer au rythme et aux secousses. On discute avec les personnes autour de nous et on essaye de se détendre.
    On passera presque 2 heures sur ce toit avant de rejoindre Pereira. De là on espérait prendre un autre bus pour rejoindre Salento où Sam nous a réservé une chambre dans un hostel, sauf qu'une fois encore on arrive trop tard il n'y a plus de bus. Heureusement, Nicolas un colombien rencontré sur le toit de la chiva nous propose de nous conduire à Salento. Notre premier réflexe c'est de nous demander "elle est où l'embrouille ?", "pourquoi est-ce qu'il nous propose ça ?", "il veut de l'argent (ou pire) ?". Finalement on décide de laisser nos préjugés de côté et de croire en la bonté de cette personne. On prend donc un taxi direction la maison dans laquelle il vit avec ses parents pour récupérer sa voiture.
    Pendant le trajet on a le temps d'apprendre à le connaître et de comprendre pourquoi il nous a gentiment proposé de faire le taxi. Il adore la France et le français, il prenait même des cours à l'Institut Français avant que celui-ci ferme la classe faute d'élèves. Il nous explique aussi qu'il est fier de son pays et qu'il a envie qu'on en garde un bon souvenir. C'est donc simplement un acte de générosité. Ces dernières semaines nous avons rencontré pas mal de colombiens ou colombiennes de tous les âges et souvent en ressort une générosité immédiate ; une invitation à manger, à dormir chez elle, à faire le taxi... J'espère pouvoir ramener un peu de cette générosité et cette bienveillance avec moi.

    Finalement on arrive sain et sauf à Salento et on propose à Nicolas de rester boire un verre avec nous.
    La journée a été longue notre nouvel ami doit repartir à Pereira à 1h de route d'ici, on le remercie mille fois et on espère le recroiser. Pour nous il est (enfin) temps de prendre une douche et de retrouver des chambres où il fait plus de 10°.
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