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  • Giorno 19

    Varanasi - Funky Departure

    30 ottobre 2022, India ⋅ 🌙 23 °C

    Trois mois que nos deux billets pour rejoindre Calcutta sont bookés, trois mois que je sais être sur liste d’attente MAIS avec 98% de chance d’accéder à notre compartiment en AC1 (First Class). Départ à 17h00 le 30 Octobre.

    Ce trajet de 14h30, 760 kilomètres, notre ultime parcours en train Indien, promettait ainsi d’être plus reposant.

    Aujourd’hui, à 13h30, quatre heures avant le grand départ, je reçois la notification tant attendue de la préparation de notre wagon : « Votre billet a malheureusement été annulé, vous recevrez sous cinq jour le remboursement de vos billets ». Et voila, le couperet est tombé, nous sommes coincés à Bénarès…

    Plan A ? Trouver un autre train en urgence.
    Je recherche sur le site IRCTC (SNCF Indienne), il y aurait un train qui partirait au petit matin et nous ferait arriver dans la nuit du 31 au 1er Novembre…Hors de question, devant rejoindre ma famille Indienne de Calcutta, les côtoyer moins de 24 heures leur briserait le coeur. De plus 15h00 de train en Compartiment « General » avec les barreaux aux fenêtres et à dix sur des bancs en bois prévus pour quatre, non merci.

    Plan B ? Avion ; certe 1h30 de vol, mais pas de vol avant demain soir, donc même problème de timing et surtout, beaucoup plus cher, environ 130€ par personne (et je déteste l’avion mais évidemment cela ne rentre pas en ligne de compte ….hum)

    Plan C ? TAAAAAAXIIIIIII !
    « Everything is possible in India ! ».

    Nous essayons veinement de booker un taxi via Uber, course à 14 000 roupies (175 € à deux) plus qu’acceptable comme tarif pour 700 km et 12h de trajet. Mais l’échec est là, les chauffeurs annulent les uns après les autres la course.
    Le Ganpati Guesthouse nous propose un tarif délirant de 36 000 roupies (450€), deux fois plus cher que l’avion…Je souffle du nez, mes yeux s’exorbitent, puis je décline leur proposition poliment (hum) sans cacher mon exaspération ; ils se moquent de moi et prennent une commission extra extra.

    Nous profitons de nos dernières heures à flâner dans les rues et décidons de nous lancer dans la course au Taxi pour 18h, le temps de recharger les téléphones et les appareils avant de récupérer nos quarante kilos de sacs chacuns dans la guesthouse.

    Nous engageons notre marche vers le comptoir de taxis. Une quinzaine de minutes de marche dans les rues étroites ou circuler avec nos trois sacs chacun tient du défis f Plus d’une fois je manque d’assomer les badauds me frolant sur ma droite avec mon imposant sac de 75 litres remplis à ras-bord, si je me retourne dans ces ruelles si exigues.

    À la sortie des boyaux, nous sommes assaillis par les chauffeurs de rickshaw à vélo, l’un d’eux me demande notre destination :
    -Kolkata , leur annoncais-je.
    -Kolkata ? Train station ? Okay go !
    -No no, Kolkata by car !
    -By flight ?
    -No by car ! 
    Le regard du chauffeur s’écarquille, un immense sourire se dessine sur son visage
    -okay, good luck sir » puis il tourne les talons en riant.
    Cette réaction nous l’observerons cinq ou six fois sur cette rue. Une si longue route en voiture : une folie pour les locaux. Ils sont hilares à cette idée. Gael et moi ne pouvons nous empêcher de nous bidonner devant leurs réactions, ils nous prennent littéralement pour des dingues et laisse tomber aussi sec leur harcèlement. Finalement c’est une bonne méthode pour rabrouer les pots-de-colle.

    C’est dégoulinant de sueur que nous arrivons sur ce terrain vague à taxi entre deux immeubles en ruines, ce comptoir qui m’avait déjà mené à Kajuraho il y a 7 ans.

    Ai-je dis comptoir ? L’entre de la mafia des taxis serait plus juste.

    Nous nous approchons du vieux bureau en formica craquelé où deux types nous attendent. Deux personnages sortis d’un film tout deoit d’un Bollywood noir nous acceuillent : le petit teigneux tout maigre avec la moustache noir et les dents maronnasses, chiquant son Pan Masala nous demande notre destination, son boss, gros bonhomme patibulaire portant une kurta blanche assi sur son gros fauteuil en skye éraillé parle peu mais a pourtant le dernier mot quand à l’âpre négociation dans laquel nous nous sommes lancés : Ils nous demandent 27 000 roupies, je ne lâcherai pas plus de 18 000 :
    « okay okay,  23 000, last price (ma dernière offre)
    - no, 18 000, my price, for Uber it’s 14 000…
    - impossible ! Okay 20 000, no more (pas plus !) !
    - Sorry 18 000, no more, or we go (où on s’en va) »
    Je fais signe à Gael de reprendre les sacs a dos déposer par terre et fait mine de quitter les lieux sachant pertinemment ce qui va suivre :

    « Sir ! Okay ! 19000, my really really last price.
    -No, still 18 000, Diwali Price, lui lancais-je avec un sourire coquin. »

    La mine du teigneux déconfite se retourne vers le Boss qui observait, silencieux. Le boss refuse d’un non de la tête.
    Je refais signe à Gael de nouveau, de reprendre les sacs et nous repartons, j’emploi un pas plus affirmé en mettant bien en avant l’application Uber sur mon téléphone. Nous sommes en pleine partie de Poker Menteur, c’est là quatrième course Uber qui est annulée faute de conducteur motivé, je sais pertinemment que ce comptoir est notre seule chance, mais pas à n’importe quel prix.
    Finalement, 10 mètres de marche dans la rue, nous sommes rappelés. C’est le Boss, Jabba le Hut qui prend la décision finale :
    « okay okay, I’m a good man, I want to help you, 18 000, but you give 1000 tips to the driver (ok ok, je suis un homme bon, je veux vous aider, 18 000, mais vous donnez un pourboire de 1000 roupies au chauffeur !) »
    Il ne le savait pas mais je l’avais déjà pris en compte dans le calcul, 19 000 était mon prix maximum, pourboire compris, car douze heures de route méritent bien dix balles tout de même pour le chauffeur qui va devoir se coltiner ce trajet.

    Ok Jabba, marché conclus. Son sourire à l’envers se mue en un rictus. Probablement son véritable sourire.

    Il est 21h00, la nuit est tombée, pourtant le concert de klaxons ne désemplit pas, l’attente est longue, le teigneux enchaînant les appels désespérés pour trouver un boy pour nous conduire à destination, son boss regardant droit devant lui les mains croisées. Enfin, notre chauffeur arrive. Le temps pour lui d’appeler son jeune copilote en train de pisser derrière une gargotte de Chaï et nous sommes partis. Nous voila Kolkata ! Un long, long, long trajet nous attend.

    Ce petit duo qui nous mène à destination ne m’inspire pas confiance de prime abord, notre conducteur est un petit gros à la mine endormie et nonchalante dont j’ai oublié le prénom. Son co-pilote, un ptit jeune, Saif, tout maigre à la moustache bien taillée contraste de par son hyperactivié, il sautille littéralement sur le siège, chante du bollywood, se recoiffe constament sa chevelure et nous assaille de questions pour ensuite débriefer avec le conducteur, semblant se moquer de nous.

    Le chemin va être long.

    Effectivement, très long…trente minutes de trajet effectué et déjà un premier arrêt de dix minutes.

    Nous nous sommes arrêtés toutes les heures ou demi-heures , la vessie minuscule de nos drivers criant continuellement à l’explosion faut-il croire.
    Vers 3h00 du matin, le chauffeur s’arrête une énième fois, nous avons fait seulement un quart du trajet, et annonce une heure de pose « sleep » ; bon, je ne veux pas le refuser, je préfère qu’il dorme une heure plutôt qu’il dorme sur cette route et nous fasse terminer le voyage sur un bûcher de Varanasi.

    Une heure et demi plus tard, il ronfle encore, je le réveil et râle un coup. Dans l’idée j’aimerais avoir moins de seize heures de trajet pour un itinéraire qui n’en nécessite que douze normalement.

    C’est ainsi, lecteur, que je peux résumer ce trajet, ponctué de siestes dans la pampa Indienne. Nous avons traversé quatre états : L’Uttar Pradesh, le Bihar (berceau du bouddhisme et état le plus pauvre d’Inde), le Jaharkand (l’Etat minier) et enfin le Bengale-Occidental.

    Pour ma part, j’ai essayé de dormir un maximum, pour raccourcir le temps. Le trajet s’est ressenti finalement assez court grâce à cela, mais l’horloge du téléphone annonçait les heures grappillées sur notre prochaine destination à chaque réveil.
    Finalement au bout de quelques heures de trajet, l’ambiance s’est apaisée, je sentais que finalement ces deux bougres étaient sympathique et dénué de toute mauvaise intention.

    Parti à 21h30 la veille, nous arrivons à Kolkata à 12h30. Les deux dernières heures sont rudes pour le chauffeur. À environ cinquante de l’entrée dans Kolkata, Saif met une tappe sur la tête de son voisin en rigolant et repart de plus belle à chanter du Bollywood. Le chauffeur s’endormait. Il était grand temps d’arriver.

    Avec Gael nous rions dans la voiture : c’est aussi ça un road-trip. Il faut ce côté funky, sinon ce serait beaucoup trop facile ! Dans tous les cas : positiver, c’était notre seule solution.

    Nous voila arrivés à bon port, mon frère Indien Sourav nous attend sur le bas côté du 17/1 Beliagatha Main Road, après sept cent kilomètres sans ceinture lors d’un périple nocturne à zigzaguer entre les camions, où tout le monde conduit avec ses feux de route…Une route explosée d’ailleurs, les nids de poules étaient de véritable gouffres ; Heureusement notre toit était en moquette.
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