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  • Day 48

    Mariage à l’indienne

    March 1, 2023 in India ⋅ ☁️ 28 °C

    Lors de mon séjour à Kumily, j’ai eu le privilège d’accompagner Sara à un mariage traditionnel indien et musulman.

    N’ayant rien d’approprié à me mettre pour assister à un mariage, Safreen m’a gentiment prêté une de ses robes. Parée de noir et or, j’ai donc accompagné Sara et Ami, Yunis détestant les rassemblements de cet ordre et les 2 aînées ayant leurs examens à préparer.

    Sur le chemin, Sara m’a prévenue : je risquais d’attirer l’attention, bien plus que la mariée elle-même ! Arrivées sur le lieu de la cérémonie, la foule de convives m’a effectivement regardée avec curiosité. Les sourires et les questions ont fusé, Sara a dû répéter une bonne centaine de fois que j’étais son amie invitée et moi, que je venais de France.
    Nous avons pénétré dans la salle où se tenait le mariage et où grouillait une foule bruyante et mouvante.

    Sur la scène, j’ai pu constater le balai des femmes s’affairant autour de la mariée littéralement recouverte de soieries et dorures et parée d’un sari rouge et or comme le veut la tradition indienne.

    Enfoncée dans un énorme canapé, son long voile ornementé de broderies tombant sur son visage, son énorme collier de fleurs autour du cou et entourée de la nuée de femmes qui la réajustaient sans cesse, j’ai constaté une mariée accablée et absente. Aucune expression dans son regard exagérément maquillé, aucun sourire sur sa bouche colorée, il me semblait même qu’elle retenait ses larmes. Puis est arrivé le marié. Vêtu d’un sherwani et d’un turban beiges brodés, il semblait plus entrain à la fête mais ne portait aucune attention à sa jeune épouse. Ces 2 là semblaient ne pas se connaître ni même réellement s’apprécier. Aucune interaction, aucun regard.

    Des chaises en plastique accueillaient des femmes vêtues de sari et d’abayas, toutes plus colorées les unes que les autres, certaines voilées, d’autres non. Les petites filles arboraient robes à paillettes et sequins, bijoux fantaisie brillants et scintillants et maquillage pour certaines.

    Derrière les rangées de chaises, de longues tables accueillaient le repas des convives. Et comme ça se fait souvent à ces occasions : thali pour tout le monde ! Le thali est un assortiment de plats, de l’entrée au dessert, accompagnés de riz servi, dans le sud de l’Inde, sur une feuille de bananier. Le tout à volonté !
    Végé ou non végé, il n’en reste pas moins délicieux dans les 2 cas et c’est un de mes plats préférés.

    Ces grandes rangées de tables donc, occupées par des convives avalant leur thali, sont une machine très bien huilée et fonctionnent par rotation : quand l’un a fini, l’autre prend sa place. Les petits serveurs courant partout avec leurs sceaux de sauce et riz, devaient répondre aux mains levées réclamant du rabe de riz ou de sambar, tout en débarrassant et dressant les feuilles de bananier servant d’assiettes aux nouvelles bouches impatientes.

    J’ai été invitée à prendre part au banquet à la table des végétariens ! J’étais déjà une curiosité passée la porte de la salle de cérémonie, mais voir une européenne attablée devant un thali qu’elle mange avec la main a particulièrement surpris nombre d’entre eux.

    Sur la scène ont commencé à se succéder les différentes familles invitées, apportant des présents aux jeunes mariés sous le feu des projecteurs installés pour les photos. Pas moins de 2 photographes et 2 vidéastes étaient présents pour capter chaque instant de cette grande fête. Mais toujours pas de sourire de la mariée qui semblait au contraire sombrer dans des profondeurs abyssales.
    J’ai pu croiser son regard, je lui ai souri, j’imagine avec un air compatissant, elle m’a rendu un sourire timide et a incliné la tête en signe de salut, remerciement, … c’est le seul que je l’aurai vu esquisser sur le temps où nous sommes restées.

    J’ai appris que nous n’étions qu’au début du 2ème jour du mariage qui allait en durer 3.
    J’ai alors pensé que cette jeune femme n’était qu’à la moitié de ce déballage impersonnel de bons sentiments mais surtout qu’elle n’était qu’au début de sa vie avec un mari que, visiblement, elle n’appréciait pas. L’appétit vient en mangeant paraît-il, peut-être en est-il de même avec l’amour…
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