• Malaisie - Louis & Hélène à la ferme

    8. oktober 2024, Malaysia ⋅ ☁️ 31 °C

    🎥🎥 Vidéo sur YouTube : https://youtu.be/-usq_gKVecM?si=Dd45GTcXfxFJt0T7 🎥🎥

    Aujourd’hui, on remplace Martine et nous vous partageons les aventures de Louis et Hélène à la ferme. Non pas qu’on se targue d’être plus intéressants que Martine, mais on n’arrive pas à se plier au format pour enfants. Pas d’obscénités, loin s’en faut (bien que certains n’ont pas manqué de remarquer la danseuse qui apparaît dans le club de Bangkok visité lors de la soirée avec Gérémy Crédeville dans la dernière vidéo), mais la simplicité ne rime pas avec Ickx…

    Bref, revenons à nos moutons… ou plutôt à nos poules, car c’est avec elles et à leur rythme que commence la journée à la ferme. Mais d’abord, plantons le décor : nous voici en Malaisie, dans le village de Tasek Gelugor. On dit village, mais on est aussi loin des irréductibles gaulois que de la poésie ligérienne ! Ici, on fait des villages en mode cité dortoir, usines et copier-coller de minuscules maisons qui pullulent en bandes dans chaque interstice urbain.

    Nous sommes accueillis par Jern et Kai, des Chinois. Eh oui, des Chinois. Enfin, des Malaisiens quand même (born and raised !) mais des Chinois aussi. La Malaisie se compose de 60 % de Malais, 30 % de Chinois (descendants de l’immigration économique chinoise du XIXᵉ et de la première moitié du XXᵉ siècle) et 10 % d’Indiens. Et tout ce petit monde se côtoie en côte-à-côtisme. Oui, le terme existe même s’il n’est pas dans le vocabulaire de Martine… Il y a le mélangisme, l’échangisme, le côte-à-côtisme… Votre perspicacité a bien deviné la définition et pour ceux qui ont besoin d’illustrations, allez voir Martine ! Ces communautés vivent sans trop se mélanger, en conservant leur culture propre et revendiquée. Cela fait de la Malaisie une culture plurielle, complexe à appréhender.

    Louis, qui s’est remis au chinois avec Duolingo depuis deux mois, laisse traîner ses oreilles pour s’entraîner et corrige ses professeurs, dont l’accent le fait grimacer. Les Sino-Malaisiens se disent Chinois, mais revendiquent leur nationalité malaisienne en remaniant leur langue ancestrale avec des expressions et intonations — ce qu’ils appellent le « fake Chinese ».

    Jern et Kai sont d’anciens ingénieurs représentatifs de la génération Y : pourquoi ci ? pourquoi ça ? Je m’ennuie ! Ça n’a pas de sens !… Ouais, comme nous et comme beaucoup (ceux qu’on vise se reconnaîtront et sachez qu’on vous aime ❤️). Ils se sont rapidement lassés de la chanson métro-boulot-dodo dans la capitale et se sont mis au Airbnb sur l’île de Penang. Notre cher.e pote COVID (écriture inclusive parce qu’on ne sait toujours pas si ce virus est mâle ou femelle) a tout fermé, ils ont tout plaqué et les voilà fermiers. À tâtons, ils ont testé une méthode puis une autre, une direction et sa contraire… Leur objectif actuel : que leur jardin nourricier leur fournisse l’autonomie alimentaire, sachant qu’aujourd’hui leur consommation autonome des légumes se limite. Ils expérimentent la food forest (forêt nourricière) en alignant leurs plantations par rangs, alternant les strates et les fonctions. Des arbres porteront des fruits, des buissons apporteront des déchets organiques en perdant leurs feuilles. La proximité et la complémentarité des espèces juxtaposées maintiennent l’équilibre des sols. Pas de pesticides ni d’engrais chimiques. Si engrais il y a, il sera animal et puant. Et allez, on y va à pleines mains pour fertiliser la terre !

    Pour éviter de fondre au soleil, on travaille en coupures en faisant l’ouverture et la fermeture de la journée. On plante, on prépare le terrain pour de futures plantations, on élague, on abat les bananiers et la canne à sucre en trop, on récolte, on construit une pergola, on ponce et repeint le portail et un banc, on réalise un lombricomposteur…

    Les journées bien occupées passent vite et doucement à la fois, rythmées de délicieux repas préparés par Kai, de nos partages culturels et philosophiques, de douches plus que nécessaires et de café en sachet. Ça, c’est la Graaaaande découverte d’Hélène. Certains découvrent l’Amérique, d’autres découvrent les sachets de café. Pas de jugement, s’il vous plaît ! Soyez bienveillants, faites comme Martine ! Mais pourquoi on n’a pas ça en France ? C’est quand même pas sorcier ! Ce n’est pas comme si on demandait à Martine d’inventer l’eau chaude ! Un peu de café moulu pas trop finement, dans un sachet comme on mettrait du thé, infusion et tadaaaa ! Pourquoi dépendre de la fichue machine payante du bureau ou du café soluble quand on peut avoir son sachet de café ?

    Au détour d’un dîner, on apprend que la scolarité de nos hôtes s’est faite dans des écoles non mixtes. Au-delà de la question du genre, l’école était aussi une question communautaire. Pour Kai, l’école était non seulement féminine mais aussi chinoise ! Venant de ce petit village qui nous accueille, sortant peu de la maison, elle a réellement compris et intégré la mixité de son pays en arrivant à l’université. Et non, la Malaisie n’est pas que chinoise… Cela pousse à la réflexion, particulièrement quand on pense aux débats sur l’immigration en France et la gestion de nos banlieues-ghettos. Est-ce que la France serait prête à accueillir une communauté ethnique ou nationale étrangère dont le nombre s’élèverait à l’équivalent de 30 % de sa population dans le cadre d’une immigration économique ?

    On profite de nos jours de pause pour explorer. On découvre les environs et le lac des grenouilles, tel que le surnomment les locaux. Les vaches s’immergent dans l’eau pour échapper à la chaleur, au point où parfois seules leurs cornes dépassent de la surface.

    Nous profitons du passage de nos hôtes sur l’île de Penang pour découvrir George Town, qui garde encore les traces de la colonie anglaise. On grimpe jusqu’au sommet de la colline de Penang en écoutant de la philosophie et en échappant de justesse aux macaques pas commodes.

    Bref, c’est l’histoire d’une parenthèse dans une parenthèse, dans une grande parenthèse que sont les petites choses de nos vies dans un univers de possibles.
    Læs mere