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  • Day 6

    Comillas-San Vincente de la Baquerra

    September 9, 2022 in Spain ⋅ ⛅ 23 °C

    Le réveil est difficile aujourd'hui. J'ai mal partout et beaucoup plus envie de rester blottie au lit que de marcher encore des km. Heureusement, aujourd'hui m'attend une petite étape de trois heures seulement jusqu'à San Vincente de la Baquerra. Je me mets en route vers 9h30, cette fois-ci le rafistolage d'ampoule ne suffit pas. Le chemin est assez varié, pas seulement asphalté, et beaucoup plus rural que les jours précédents, il sillonne entre de minuscules villages et passe même dans une forêt. Je ne croise pas beaucoup de pèlerins sur la route aujourd'hui. Beaucoup de vaches par contre. J'ai même enfin le droit à un concert de clochettes comme il se doit. Je m'arrête dans un minuscule village pour profiter un moment de la vue, et solutionner mon hébergement du soir. Le restau-bar est fermé mais la dame me sert quand même gentiment un café. Il y a une auberge de pèlerins à San Vincente, mais je ne me sens pas de faire la queue trois heures pour essayer d'avoir un lit dans un dortoir avec 40 personnes. Ni de pousser 8km de plus jusqu'à la prochaine étape sans la certitude d'avoir un logement au bout non plus. Alors je décide de m'arrêter comme prévu à San Vincente et d'y prendre un bus pour Llanes. Cela me fera sauter quelques étapes, mais peu importe, je continuerai de là-bas. En plus, samedi pourrait être ma dernière opportunité pour une journée plage car de la pluie est annoncée toute la semaine prochaine.
    Décision prise, je me remets en route pour San Vincente. Les paysages sont vraiment magnifiques. J'aperçois enfin le village au détour d'une côte. Les derniers kilomètres me paraissent interminables, plus de pieds et plus de mental non plus à ce stade. Mais un décor de carte postale pour sûr.
    J'atterris un peu au hasard dans l'un des meilleurs restaus de la ville. Tenu pas une famille adorable. Je commande un Sorropotun, il s'agit d'un plat local (basque à l'origine) et le monsieur me dit que c'est le dernier jour de l'année qu'ils le servent car ensuite la saison du thon se termine. Je me régale de ce ragoût de thon, légumes, et patates. C'est délicieux et réconfortant. Arrosé de quelques verres d'Albarino, mon vin blanc préféré que j'avais découvert en Galice. Je ferais bien une sieste après ça... Je m'endors presque pendant les 25min de bus jusqu'à Llanes. 25min de bus qui auraient été 2 jours de marche à pied... Et me voilà officiellement en Asturies ! Je me traîne telle une mamie de 90 ans sur les 3km jusqu'à mon auberge, dans le village voisin. Les pieds sont détruis et les courbatures sont arrivées en force. Je ne peux pas plier la jambe toute seule, je dois la soulever avec mon bras... Chaque mouvement est une vraie logistique. J'arrive à la Casa Verde, ma petite auberge réservée pour 2 nuits, la proprio autrichienne m'accueille avec une grande douceur, il y a un jardin avec des canapés pour se poser, 2 chatons, et une super vue sur les Picos de Europa en arrière plan. Bref, c'est parfait. Je me rue (au ralentis toujours) à la plage, qui s'avère incroyable, une sorte de crique au milieu des falaises, eaux turquoises et calmes comme un lac. J'y reste 3heures entre sieste et bouquin, pour une récupération bien méritée.
    Petite bière au coucher du soleil puis retour à l'auberge où je rencontre mes deux collocatrices de chambre, deux hollandaises, d'environ 50 et 70 ans. On discute de nos péripéties respectives. Et puis, soudain, la soirée prend une tournure folklorique... La mamie qui se brosse les dents en culotte devant la fenêtre s'ecrie tout à coup "Il y a un pèlerin à la rue dehors !" et se précipite (toujours en culotte) à sa rescousse. Les proprios sont partis et ont visiblement oublié de laisser un portail ouvert. On se lance donc dans un sauvetage pour permettre à la pèlerine allemande d'escalader le mur. Quelques minutes plus tard c'est un homme en vélo qui se retrouve également à la rue. L'hollandaise de 50 ans s'improvise hôtesse des lieux et distribue les quelques lits restants aux nouveaux arrivants. Pendant ce temps, la mamie me raconte qu'elle en est à son 12eme camino... elle a concrètement fait tous les chemins possibles entre la France, l'Espagne et le Portugal. Je l'écoute admirative en m'endormant à moitié. Il est 23h30 (tard pour des pèlerins !), la frénésie de l'auberge semble enfin se calmer et nous sommes tous plus que prêts à dormir quand soudain un air de guitare retentit... Il s'agit de l'allemande fraîchement arrivée qui nous joue une sérénade, visiblement pas fatiguée de ses 45km de la journée ! Ultime fou rire de cette soirée mouvementée.
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