Satellite
Show on map
  • Day 99

    Germinal à Potosì

    May 16, 2023 in Bolivia ⋅ ☀️ 12 °C

    Par Arzhêl,

    Le matin on flâne dans la ville, on passe par la place centrale témoin de la richesse de la ville à l'époque coloniale jusqu'à la Torre de la Compañia de Jésus qui nous offre un joli point de vue sur la ville.
    On se balade ensuite dans le marché où l'on se procure du bicarbonate de soude pour tenter d'en finir avec cette odeur de maroille qui nous colle aux pieds depuis des mois et de la coca au maracuya ( fruit de la passion). On y vend même des fœtus de lama séchés pour la bonne fortune, la fertilité, enfin plein de bonnes choses, peut être cela sauverait-il nos semelles.

    On part ensuite pour une visite de la mine de Potosi avec Willy, notre guide qui parle français. Ayant travaillé dans cette mine de 12 à 19 ans, il l'a quitté après y avoir perdu son père et son grand-père.
    Dans la mine on parle quechua, ils y travaillent 24h/24 par tours de 8h.

    On croise sur le chemin une manifestation de mineurs. Leurs revendications ne sont que très rarement acceptées, ils sont le plus souvent calmés avec de la bière et du foot, ou bien renvoyés si ça ne suffit pas.. La mine est gérée par des coopératives corrompues (grand retour de l'ancien président Evo Morales). Il suffit de passer un billet sous la table pour en être associé et les mineurs sont trop pauvres pour ça. Il n'ont pas non plus de contrat de travail, le flou juridique est intelligemment entretenu et lorsqu'un mineur meurt (45 l'année dernière), les compensations sont à la gentillesse de l'associé concerné.
    Souvent appartenant à une famille de mineurs, les gens sont fiers de travailler ici. On apprend aussi qu'ils sont très macho et que les femmes ne peuvent pas travailler dans la mine car cela porte malchance. En moyenne ils ont 4 à 7 enfants chacun. On croise aussi le marché minier appelé le calvaire où les mineurs achètent a leurs frais leur matériel (la dynamite est en vente libre).
    La mine est aussi un lieu de superstition. Chaque année en mai ils sacrifient des lamas dont ils aspergent le sang au dessus des portes de leurs habitations. On rencontre aussi le diable tio Georges. Brandit comme une menace par l'église pendant la colonisation espagnole (8 millions d'indigenes y sont morts), il est devenu leur ami, leur oncle (tio) auquel ils vouent un culte.
    Durant toute la visite, on porte des boissons et des gâteaux que l'on distribue aux mineurs que l'on croise. C'est selon notre guide le meilleur moyen de les aider car les donations sont le plus souvent détournées.
    Pour extraire les matières premières, un perforateur (esperance de vie: 45 ans) forre 12 à 16 points et y insère des bâtons de dynamite pour creuser un couloir d'environ 1m60 suivant un filon. La gallerie est ensuite fermée 4h le temps que la poussière retombe et que le monoxide de carbone soit évacué par une cheminée qui parcoure la mine de bas en haut. Le minerai est ensuite soulevé par des treuils qui le dépose dans des toboggans qui se déversent dans les chariots poussés par les mineurs. Les matériaux sont ensuite extraits dans des raffineries à Uyuni, Tupiza..

    On ressort à l'air libre chamboulés, plein de compassion, d'admiration pour leur courage, de respect. Willy nous explique que si l'on peut trouver ces visites ireespectueuses, ils se sentent au contraire valorisés quand des touristes à la vie bien plus facile sortent de leur confort pour s'intéresser à leur conditions de travail.

    On enchaîne ensuite avec la Casa de la Moneda où arrive à rejoindre la dernière visite en cours. L'endroit est surtout beau mais la guide très expéditive.

    On mange le soir de burritos et de la soupe de lama dans un resto assez planqué. C'est comme du bœuf avec un goût un peu plus fumé et plus caoutchouteux, c'est vachement bon!
    Read more