• J166, Cap vers les san Blas

    Nov 5–6 in Panama ⋅ ☀️ 29 °C

    Nous nous réveillons un peu fatigués de la nuit et du mouvement permanent, et nous faisons un point sur la carte. On se prépare (comme on peut) un petit truc à grignoter. Le bateau avance avec tout le génois déroulé, on a rangé la grand-voile qui ne servait pas tant. Le vent est toujours arrière. La journée oscille entre sieste, dessin et observation de la mer. Il y a pas mal de débris qui flottent, il faut garder un œil.

    La deuxième nuit débute, la lune est toujours aussi grosse : c’est beau, il fait presque jour ! Nous n’avons croisé qu’un seul cargo, bien loin de nous — sinon, nous sommes seuls sur cette immensité d’eau. Nous arrivons dans une zone avec du courant, on sent que l’on ralentit, tout comme le vent. On se décide à mettre un peu de moteur pendant deux heures pour ne pas trop perdre de temps. On enchaîne nos quarts ; je me sens un peu fatiguée, en partie à cause de la houle qui nous secoue. Difficile de faire quoi que ce soit à bord !

    Quand je retrouve Malo au petit matin, après être sortie de ma sieste, il est frustré : on n’avance pas 🤯 La zone où nous sommes n’est pas censée être soumise à un fort courant, mais pourtant le bateau peine à dépasser les 3 nœuds... C’est vrai que c’est un peu frustrant. Je propose d’ajouter la grand-voile en ciseaux pour davantage de portance. Malo hésite, mais on tente quand même. On fait la manœuvre, sans grand succès : la houle nous secoue trop et le génois se dévente. On refait la manœuvre face au vent pour affaler la grand-voile, et on reste uniquement avec le génois.

    On observe un gros nuage gris, et ça ne manque pas : tout à coup, un énorme grain s’abat sur nous ! On enroule un peu de génois car les rafales doivent bien atteindre les 30 nœuds. On range le pilote automatique et on barre à la main. Au bout d’une heure, ça se calme. On essaye de sécher comme on peut, puis on réinstalle le pilote automatique (le nouveau, ramené par Isabelle et Stéphane lors de leur venue — merci !!). Ça nous soulage bien.

    Après le grain, plus de vent, on fait le point : on va devoir remettre le moteur et tenter de traverser le courant plus tôt que prévu dans notre plan de navigation initial, le courant semble plus haut que les prévisions. Malo a un peu peur que nous n’ayons pas assez de gasoil, mais ça va aller ! C’est parti, on met cap plus au nord, direction les San Blas. On laisse la grand-voile, en se disant qu’elle pourra peut-être nous aider, mais pour le moment il n’y a pas de vent. On continue au moteur.

    Je me motive à faire cuire des pâtes pour notre repas, c’est sport ! Heureusement que la gazinière est sur vérin pour éviter que l’eau ne se renverse. Une fois repus et un peu reposés, nous allons à l’avant du bateau profiter d’une houle plus calme. Ça fait du bien ! On se dit que nos voisins doivent sûrement être déjà arrivés… Parfois, on rêve d’un bateau plus raide, mais on profite quand même 😅

    Les jolies lumières de fin de journée et une hirondelle qui vole autour du bateau : elle bat de ses minuscules ailes, elle semble perdue, ça arrive en mer. Elle essaye de se percher sur la grand-voile, s’y reprend à plusieurs reprises, finit par se poser sur la bôme, puis sur les bouts de ris. Finalement, elle réussit à se percher au-dessus de nos têtes, dans le filet de fruits et légumes. Elle est trop mignonne ! Elle va passer la nuit avec nous 🐦

    On coupe quelques crudités pour notre dîner. La lune se lève, on aperçoit un autre cargo au loin. Le ronron du moteur nous accompagne toujours : on avance doucement mais sûrement ! On devrait arriver dans la journée de demain — on croise les doigts. Malo ne tarde pas à aller se reposer avant son quart. Je profite des étoiles et des planctons bioluminescents.

    Malo vient prendre le relais. Finalement, on se rend compte qu’on avance bien : le courant n’est pas aussi fort que prévu 💪On est à 6 nœuds, on devrait arriver vers 2 ou 3 heures aux San Blas ! On est contents.

    Pour la fin de navigation, Malo se met à la barre, on allume le feu avant et je pars à la proue du bateau. Les fonds sont très peu profonds ici. On compare plusieurs cartes de navigation pour s’assurer du bon tracé. On distingue de petits îlots dans la pénombre — merci la lune ! J’observe les fonds du mieux possible, et tout à coup, une ombre : un petit requin se faufile devant le bateau 🦈 C’est magique d’arriver ici sous la lune. Nous sommes suivis à distance par un catamaran. On tâtonne pour poser l’ancre près de l’île de Porvenir — de nuit, ce n’est pas si simple… On finit par trouver notre petite place. On a hâte d’être à demain, ça semble magnifique : un petit archipel d’îles à palmiers.

    On range rapidement le bateau, on finira demain. Il est 4h30 quand on ferme les yeux. On s’endort à l’extérieur, sur les banquettes : l’air est bon 🥰

    Le matin, on se réveille la tête un peu embrumée mais le sourire aux lèvres. On regarde autour de nous : c’est magnifique ! L’eau turquoise, les petits îlots… un vrai paradis. Bienvenue chez les Kunas, peuple autochtone de ces îles panaméennes. Aujourd’hui, nous allons faire l’immigration sur la toute petite île de Porvenir, puis rejoindre nos amis du Blue Moana pour fêter l’anniversaire de Joanne, leur fille, sur l’île Chichime, située à deux milles d’où l’on est — une petite navigation de 30 minutes. C’est parti pour la découverte !

    L’archipel des San Blas, aussi appelé Guna Yala, s’étend sur près de 370 îles et îlots le long de la côte caraïbe du Panama, dont seulement une cinquantaine sont habités. Environ 40 000 Kunas y vivent, organisés en communautés autonomes qui ont su préserver leur culture, leur langue et leurs traditions malgré l’influence du monde moderne.
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