• J195 - la tête dans le moteur !

    Dec 4–5 in Panama ⋅ ☀️ 29 °C

    Nous nous réveillons entourés de mangroves, avec les cris rauques des singes hurleurs qui résonnent au loin. Il a plu fort cette nuit, mais le soleil brille maintenant haut dans le ciel. L’objectif du jour : réussir à faire venir Nelson, le mécanicien que l’on nous a vivement recommandé.

    Nous le croisons finalement à la marina. Il nous explique qu’il passera après avoir terminé un autre bateau. Il a l’air très occupé, alors nous décidons de ne surtout pas le lâcher, histoire de ne pas perdre encore du temps avec le moteur qui nous joue des tours depuis trop longtemps!

    En attendant, je file à terre profiter d’internet. Je dois avancer sur notre portfolio : nous aimerions organiser une exposition photo à notre retour en Guadeloupe, avec les clichés de Malo et les miens. Léa ira présenter le dossier auprès des galeries pour trouver un lieu et organiser un événement autour de l’association : « préserver au travers du beau ».
    Pendant ce temps, Malo ne chôme pas sur le bateau. Il reprend quelques petites choses en attente, commence à enlever le liège un peu « vieillot » et qui a pris l’humidité il y a quelques années. L’idéal serait de le refaire proprement avant la vente.
    Nous demandons aussi le code Starlink d’un voisin pour avoir internet depuis le bateau et être certains de ne pas manquer le passage de Nelson. Malgré la chaleur lourde, nous sommes efficaces : je termine le portfolio et Malo s’attaque à l’annonce de vente de Noam… Oui, d’ici cinq mois, à notre retour, il vendra notre fidèle Noam. Il faut anticiper. On trie les photos, on se remémore tous les chantiers : ce bateau a été bichonné… et il nous a fait un peu suer aussi ! 😅

    En fin de journée, Nelson finit par monter à bord. Il a un sourrire doux et on sent l’expérience. Avant de toucher au moteur, il prend le temps de nous écouter, de comprendre l’historique complet — un luxe que nous n’avions pas eu en Colombie.

    Puis il se met au travail, il est méthodique Il démonte le coude d’échappement : tout va bien, mais le test était essentiel pour lui. En inspectant l’admission d’air, son regard glisse vers notre filtre à eau de mer. Placé plus bas que la ligne de flottaison, il a très probablement laissé l’eau remonter dans le système, passer par le coude d’échappement et finir… dans le moteur. Ce reflux peut avoir abîmé certaines pièces, notamment les soupapes. Il ouvre ensuite le haut moteur pour vérifier les soupapes : certaines sont mal réglées. Il les ajuste soigneusement et refait l’étanchéité avec du silicone haute température.

    Dès qu’il repart, Malo remonte immédiatement le filtre plus haut que le niveau de la mer.
    Sous les conseils de Nelson, nous ajoutons aussi un petit contenant externe de liquide de refroidissement pour mieux réguler la température.

    Le lendemain, Nelson revient. Il nous apporte un tuyau plus long pour finir correctement la remontée du filtre à eau. Il nous explique aussi que notre vanne d’arrivée d’eau de mer est un peu petite : ça fonctionne, mais lors du prochain changement de passe-coques, il serait préférable d’en installer une plus large.

    Une fois tout en place, il lance le moteur : il s'allume après la deuxième tentative.

    Après vérification (encore un test basique) les trois bougies de préchauffage fonctionnent, mais il nous conseille de préchauffer un peu plus longtemps pour faciliter les démarrages. Il ajoute aussi un peu d’huile et recommande un adjuvant pour limiter la consommation.

    Quand le moteur ronronne enfin, Nelson tend l’oreille. Nous aussi, nous entendons ce petit « pchh ».

    Il nous explique qu’une des soupapes ne ferme pas parfaitement : le moteur fonctionne à « 2,5 cylindres sur 3 », d’où la perte de puissance.
    Pour lui, c’est du 50-50 :
    - Soit on continue comme ça, sans danger immédiat, et la corrosion pourrait se lisser avec l’usage et permettre à la soupape de refonctionner correctement ;
    - Soit ça empire et on se retrouve avec un moteur qui tourne sur deux cylindres.

    Il nous conseille donc d’aller naviguer le week-end, de pousser les gaz, d’écouter, d’observer. Si le « pchh » diminue et que la puissance revient, parfait. Sinon, il faudra ouvrir complètement le haut moteur pour changer la soupape défectueuse.

    Il nous annonce les prix en toute transparence :
    - La grosse intervention complète : 1 000 $ (déjà un prix d’ami, dit-il, parce qu’il nous voit jeunes et un peu rincés par nos galères 😅)
    - Laisser le moteur tel quel pour le moment : 300 $

    On choisit donc de tester le moteur le week-end et de lui donner une réponse lundi. Malo, surtout pour la suite du voyage et la future vente, préfère être sûr.

    Nelson accepte, nous donne quelques conseils, puis reste discuter. Il est intarissable! À 70 ans, il a une vie incroyable : enfance en Uruguay, loin de l’école, passionné de mécanique dans les courses automobiles, puis un départ pour le Venezuela où il passe à la mécanique marine. Il nous parle du Venzuela, de la vie la bas, de la politique, c’est passionant.

    Une fois qu’il quitte le bateau, nous reprenons notre travail sur l’annonce de vente du bateau. On relit, on choisit les photos, et… on publie.
    On se regarde : whaou… ça fait bizarre. Je sens l’émotion monter chez Malo. C’est un cap 🥹

    Pour clôturer cette grosse journée, nous allons dîner au petit restaurant de la marina. Au même moment, Malo reçoit un message d’une certaine Charlotte : elle est en Guadeloupe et très intéressée par le bateau ! Ça commence… Malo planifie un appel avec elle pour demain.
    Nous passons une belle soirée : la lune est pleine, les étoiles brillent.

    Demain, nous reprenons la mer… pour aller tester ce fameux moteur !
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