• J199 - Singe et mecanique

    6–9 Dis, Panama ⋅ ⛅ 26 °C

    Nous larguons les amarres ce samedi pour tester le moteur ! Nous suivons les instructions de Nelson : nous le faisons monter dans les tours pendant trois à quatre minutes, puis nous arrêtons et recommençons. Nous avons de la chance : le ciel est bleu et la mer est calme. Nous continuons ainsi jusqu’à Linton Bay, la baie juste à côté, où nous allons passer la nuit.

    La baie est bien chargée en bateaux mais nous trouvons une petite place parfaite. Nous décidons d’aller à terre et nous en profitons pour emmener nos bouteilles de gaz, car nous avons vu qu’un petit restaurant les faisait remplir. Nous découvrons un restaurant un peu défraîchi, rempli de bizarreries, d’objets farfelus et de drapeaux en tout genre. Casa X est situé en bord de mer ; nous y amarrons notre dinghy (annexe) juste devant. Nous sommes bien accueillis, nous laissons nos bouteilles et finalement nous restons manger. Nous sommes seuls et très bien servis, il y a même une option végétarienne pour moi !

    Margaux, une bonne amie de Malo, nous appelle (l’annonce de la mise en vente de Noam a fait réagir !). On passe un bon moment au téléphone, c’est chouette. Puis nous partons pour une petite balade à terre. De petites maisons bordent la mer, les gens nous saluent poliment ; les habitations sont faites de bric et de broc, assez vétustes. Les habitants vivotent au bord de l’eau.
    Nous terminons notre balade par quelques courses dans une épicerie. Les prix sont globalement assez chers ici au Panama, presque similaires à ceux de l’Europe. Une fois rechargés, nous rentrons à bord. Nous essayons de redémarrer le moteur : il peine un peu. Nous notons tout pour faire un débriefing avec Nelson le lendemain.

    Le lendemain, nous rallumons le moteur : le bruit est toujours là, et la perte de puissance aussi. Nous écrivons à Nelson pour lui faire une synthèse. De retour à Panamarina, nous bricolons un peu sur le bateau. En fin de journée, nous partons en kayak dans la mangrove. C’est magique : l’eau est translucide, ce qui est rare pour une mangrove. Nous nous mettons à l’eau avec nos masques et tubas. Nous sommes bien abrités par les palétuviers et nous revenons par la mer, arrivant avec les couleurs de fin de journée sur Noam.

    Le soir, nous allons à bord de Maéva, le bateau de Bart et Marianne, nos amis belges, pour l’apéro. La vie de voisinage au mouillage !
    Lundi. J’ouvre les yeux aux aurores. Je fais mon yoga sur le pont, tant bien que mal, en essayant de ne pas me faire dévorer par les « yen-yen », ces petites mouches qu’on trouve aussi aux Antilles et qui nous croquent littéralement des petits bouts de peau.

    Nous allons à terre prévenir notre cher mécanicien : nous avons pris notre décision pendant la navigation d’hier, nous allons déculasser le moteur, c’est-à-dire l’ouvrir pour regarder l’état des cylindres, des soupapes, etc. C’est plus raisonnable. Il confirme que c’est la bonne chose à faire et viendra dans l’après-midi.

    Dans la matinée, nous partons en annexe jusqu’à Linton Bay en empruntant le petit labyrinthe de mangroves, toujours aussi beau. Avant d’arriver à la marina, nous nous arrêtons sur une petite île où l’on nous avait dit qu’il y avait une singe. Apparemment, elle avait été élevée par un monsieur et, à sa mort, elle a été déposée ici 🥹

    À peine avons-nous posé notre annexe sur la plage que les branches d’un bel arbre en bord de mer s’agitent : une jolie petite singe noire nous observe, puis descend de son perchoir pour venir nous saluer. Elle descend par quelques acrobaties. Lorsque Malo s’installe sur une branche, elle s’approche et l’enlace : le courant passe, on dirait ! C’est incroyable, ce regard si humain, et ses manières… Moi, elle ne me calcule pas vraiment ; je crois que Malo a une nouvelle amoureuse ! 🐵

    Après notre rencontre, nous arrivons au ponton annexe de la marina. Non loin de là, un grand magasin d’outillage nautique nous attire, mais malgré un stock important, ils n’ont pas ce dont nous avons besoin — rien d’essentiel heureusement. Nous nous baladons ensuite dans la marina : nous aimons toujours flâner dans les chantiers, observer les structures, les travaux, saluer les plaisanciers… Dans un container réfrigéré, un monsieur vend des fruits et légumes : nous faisons le plein, puis repartons en annexe.

    En chemin, nous nous arrêtons entre mer et mangrove pour nous baigner dans une eau toujours claire 🥰

    De retour à bord, Nelson arrive rapidement. Méthodiquement, il procède et continue de nous expliquer chaque étape. Il nous dit qu’il y avait déjà de l’eau de mer dans le moteur ; remonter le filtre à eau n’a pas suffi. Il faudra installer un siphon pour éviter le retour d’eau de mer. La culasse et l’échangeur, les deux blocs qui constituent le haut moteur, sont démontés. Nelson testera les injecteurs, les cylindres et les soupapes dans son atelier demain.

    Avant de partir, il met un peu de diesel au niveau des culasses pour vérifier si elles ne sont pas trop endommagées ; nous devons surveiller le niveau dans l’heure. Toujours le sourire aux lèvres, Nelson repart. À demain !

    Ce matin, mardi, nous allons voir Nelson à son atelier. Il branche un injecteur pour le tester : il était mal réglé ; il va le régler de nouveau. Pourtant, nous les avions fait réviser deux fois en Colombie ! Nous essayons de ne pas y penser : maintenant, nous avons trouvé l’homme de la situation.

    Il nous montre également l’étanchéité des soupapes : elles ne sont pas étanches, il va devoir les repolir pour améliorer leur surface. Nous le laissons travailler tranquillement : il nous dit de revenir en fin de journée ; il aura eu le temps de démonter les soupapes entièrement et d’évaluer leur état général.

    De retour à bord, nous continuons le bricolage. Olivier, un technicien, vient donner son avis sur notre frigo capricieux. Il nous conseille de raccourcir le câble d’alimentation pour le rapprocher des batteries et lui fournir plus de courant. Nous testons : Malo coupe le câble, fait le branchement, et ça semble fonctionner. À voir sur la durée.

    L’annexe de Bart et Marianne arrive : ils vont se baigner dans la mangrove et nous proposent de les accompagner. Nous rangeons un peu le bateau, sautons dans l’annexe et c’est parti. Ça fait du bien : la chaleur est écrasante l’après-midi. Leur chien, Douchi, adore l’eau et nous amuse beaucoup ! Bart a évidemment pensé à amener une petite bière fraîche : au soleil, c’est parfait.

    Après ce rafraîchissement, nous retournons vers l’atelier. Nous profitons des belles lumières pour faire un petit tour autour de la marina, entourée de jungle. Nelson nous aperçoit et nous appelle :
    « Venez, je vais vous expliquer ce que j’ai trouvé ! »
    Il nous dit avec un sourire :
    « Vous avez pris la bonne décision. Vous étiez à deux doigts de casser le moteur ! Venez, je vous montre. »
    Il nous montre les soupapes démontées. Une à une, il nous explique leur état de corrosion ; celles du troisième cylindre sont complètement abîmées, presque cassées.
    « Si elle avait cassé dans le cylindre, le moteur aurait explosé, » nous dit-il.

    Nous sommes soulagés : nous comprenons enfin le problème. C’est drôle, nous avons l’impression d’avoir un grand-père qui nous répare le moteur : il se démène avec passion pour que nous repartions avec un moteur en bon état. Il va poursuivre les étapes ; demain, nous pourrons revenir voir les différents tests.

    Il espère pouvoir trouver de nouvelles soupapes ou en réusiner grâce au superbe tour qu’il nous présente fièrement.

    Whaou… Nous avons vraiment eu de la chance de ne pas continuer à naviguer avec le moteur dans cet état. Cela aurait pu être bien plus compliqué !
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