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  • Day 96

    Arrestation du plus grand chef indigène

    June 18, 2022 in Ecuador ⋅ 🌧 19 °C

    [Emma]

    Je vais vous raconter comment je me suis faits trois cousines durant ces trois derniers jours. Initialement, je devais partir mardi 14 pour Quito afin de rejoindre mes deux españolo loco Melish et Tomish.

    Je comprends très vite que cela ne va pas forcément être possible. Effectivement, une grève nationale s’est manifestée lundi. Mais attention, on ne parle pas d’une grève de nioniotte de gilets jaunes. On nous dit que toutes les issues de la ville sont bloquées et que ceci est valable pour chaque ville de l’Equateur. On nous raconte que les peuples indigènes sont sortis de l’Amazonie pour bloquer le pays. Le coût de la vie et du carburant ne permettent plus à la population de vivre décemment. L’huile de tournesol tant idolâtrée par les équatoriens est passée de 1$ à 5$ en l’espace de quelques semaines. On parle du nouvel or jaune.

    On nous parle d’indigènes maquillés armés de lances. Je vous avoue qu’on a un peu du mal à y croire. Dans la ville de Puyo tout semble se dérouler normalement. Alors, avec Anais, on se met en quête du terminal terrestre pour voir ce qu’il en est. On s’avoue mutuellement qu’on trouve ça intéressant de pouvoir comprendre la réalité du pays et que la situation nous intrigue beaucoup. Néanmoins, Julie et Oriane ont leur vol retour dans moins de dix jours, alors, on doit revenir avec une solution.

    Aucun bus à l’horizon à notre arrivée au terminal terrestre. Un gentil policier nous explique qu’aucun bus ne circule et ne circulera dans les trois prochains jours ou plus. Rien à faire, il nous conseil de rester tranquillement ici le temps que ça se calme. Aïe c’est pas ce qui était prévu. Il nous apprend également que le chef des indigènes a été emprisonné sans motif ce jour. Les militants sont apparement très énervés.

    On rebrousse chemin et on décide avec les filles qu’on va attendre quelques jours pour voir comment la situation évolue et quelles sont les solutions qui s’offrent à nous. A savoir prendre un avion privé 250$ ou alors tenté la remonté des paros jusqu’à Quito. On réserve une chambre dans une finca. On monte dans un taxi et l’ennui c’est qu’il se pourrait que notre hostel se trouve derrière un paro. Le chauffeur accepte quand même de nous y amener.

    On passe d’abord des barrages de pierres et des bouts de routes carbonisées avant d’arriver devant le barrage d’indigènes. C’est assez intimidant. Effectivement, la plupart détiennent des lances, ils sont souvent masqués ou maquillés en noir. Je ressent un peu d’excitation mais aussi de la peur. Un attroupement se crée devant le barrage. Oriane, Anais et moi descendons du taxi pour aller voir ce qu’il s’y passe. On comprend qu’on est bien tombées et qu’à 18h, exceptionnellement, ils ouvrent le barrage pour laisser passer les travailleurs. On court chercher Julie et nos sacs.

    Je vous avoue qu’on a pas beaucoup réfléchi sur ce coup là. Je pense que dans le fond, on avait envie de voir si c’était possible de passer. La situation nous rendait curieuses. Enfin je crois que Julie aurait préféré rester dans l’ignorance.

    Voilà. On est de l’autre côté. La pression redescend et la raison refait surface. Allô Google maps. Bonjour, il vous reste 50 minutes de marche. Zuper. Nous est nos 15kg respectifs de sacs à dos nous mettons en route. On découvre alors un tout autre aspect du paro. Tous les habitants des environs se dirigent vers le paro pour appuyer les indigènes et pour festoyer. Mais les surprises ne sont pas finies puisqu’en arrivant à la finca on découvre que personne d’autres n’a pu accéder au lieu, ce qui nous laisse une immense villa pour nos quatre petits corps usés par tous ces retournements de situations.

    Durant ces quelques jours, on se reposera beaucoup, on mangera beaucoup, on spéculera beaucoup sur la suite des événements de la grève mais surtout on se liera d’amitié avec les deux chiens de la maison qui nous suivrons dans toutes nos péripéties pour rejoindre la ville. Effectivement, après avoir suivi quelques filous équatoriens, nous avons trouvé un chemin quelques peu hasardeux et boueux pour rejoindre Puyo sans barrages. L’Allé fut très facile. Le retour un peu moins. Après quelques fous rires dans la boue et on se rend vite compte que lis sommes totalement perdues. On se retrouve alors à se faire escorter par deux jeunes enfants pour cause de perte des troupes dans la nuit tombante. Pas facile de s’y retrouver dans cette forêt amazonienne.

    In fine nous prendrons la décision de la curiosité (ou de l’économie comme vous préférez): le 18 juin 2022 ce sera traversée des barrages pour les quatre sudistes. Certains nous annoncent 150 « paros » jusqu’à Quito. On part sans exclure le demi tour. Notre excuse : nous sommes quatre cousines et devons rentrer en France pour une urgence familiale. Les sud américains sont très famille. La suite dans le prochain épisode 🤡
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