• Village croate

    31. juli 2023, Bosnien-Hercegovina ⋅ ☁️ 26 °C

    Après la vallée serbe, le village croate ! En revenant à Livno le matin on a pour objectif de laisser les vélos et les sacoches chez Jarko, et d'aller voir les chevaux sauvages au nord de la ville. La première patrie du plan se passe à merveille. Jarko nous accueille chez lui, on rencontre sa mère, avec qui il vit, et sa soeur. On a le droit de gouter les bakllava faits maisons c'est troooop bons ! La deuxième partie du plan tombe à l'eau : impossible d'aller voir les chevaux sauvages à pied, c'est trop loin. Il faut soit un quad, soit une moto cross soit un mountain bike. Zut zut zut ca nous disait bien ! C'est apparemment une lande très sauvage avec au moins 700 chevaux en liberté ! Mais on lui fait confiance et il nous emmène plutot dans le sens inverse, à 5km de la ville dans "seine schones gebiet". On découvre le village où il est né et a grandi. Le village s'est construit tout le long d'une rivière, transparente et froide, qui prend sa source à 7km de là. Toutes les maisons appartiennent à des cousins, des oncles, des tantes. Il nous emmène faire le tour du village, dans ses coins favoris, il dit bonjour à tout le monde. C'est vraiment un petit coin de paradis : tout est très calme, tout le monde sourit, tout le monde se dit bonjour, tous le monde nous invite ! Et nous on va rester 2 jours ici : Jarko nous donne les clefs de son petit pavillon , à deux pas de la rivière. Il veut qu'on se repose ! On va pouvoir dormir dans un lit, tous les deux, quel luxe !

    Jarko nous laisse pour nous retrouver à 15h le lendemain. Sa maman a préparé exprès pour nous un énorme burek. Tout fait maison ! On est presque géné de tant de gentillesse et on mange de bon coeur :) Puis au menu les visites de deux sources : celle de la sturba, la rivière de village, et celle de Livno, qui fournit à la ville toute l'eau potable dont elle a besoin.
    On se pose après en ville, impossible de payer la bière, on se fait tout offrir (au nom de l'hospitalité croate) et on continue notre apprentissage de la Bosnie.

    Pour le moment personne ne s'est encore présenté comme bosnien. On a rencontré des serbes dans la vallée et des croates 50km plus loin dans le village. Les drapeaux croates ont succédé aux drapeaux serbes, on est pourtant en Bosnie ! On comprend aussi que la religion va de paire avec l'identité. Être "serbe" en Bosnie veut dire être orthodoxe, être "croate" en Bosnie veut dire être catholique, être "bosnien" en Bosnie veut dire être musulman. Pas d'alternative il fait rentrer dans une de ces 3 cases.

    Les traces de la guerre sont très présentes, que ce soit les maisons détruites dans la vallée ou la séparation encore plus forte des etnies. Chaque clan s'est rapproché de son "identité" :
    - les Croates de Bosnie se sont rapprochés de l'Europe, tous les gens du village sont allés et vont toujours travailler en Allemagne, Autriche ou suisse !
    - les serbes de Bosnie se sont rapprochés de la Serbie (et donc de la Russie)
    - les "bosniens" musulmans se sont tournés vers la Turquie.

    De notre court passage on a vu des différences entre les nationalismes serbes et croates : les gens ont fuit la vallée serbe, les maisons sont détruites, très peu sont reconstruites, il n'y a plus de jeune, il n'y a plus d'école. Le ressentiment semble encore très présent !
    Les "Croates" de Bosnie ont semblé moins recentré sur eux même. Ils sont tournés vers l'Europe, ils font de l'argent en occident et reconstruisent leur maison. Ils sont plus riches, ont abandonnées pour beaucoup les cultures d'avant mais reviennent toujours pour les vacances ou la retraite, car leur pays " est le meilleur pour vivre". D'après Jarko 60% des habitants de la région vont travailler en Autriche, Allemagne et Suisse.

    Dans le "vallée serbe" quand ils comprenaient qu'on allait à Livno, ville croate, la réaction était "non n'allez pas à Livno, c'est chez les Croates, allez en Serbie ! "
    Jarko, fan de vélo et faisant des sorties tous les jours avec son vélo électrique n'allait jamais dans la vallée serbe, ni dans l'intérieur des terres en direction de Sarajevo (musulmans) mais passait volontier la frontière Croate. Et quand on lui demandait ce qu'il pensait de Sarajevo ou de trebinje (autre ville sur notre route) la seule réponse était : "Sarajevo ist Muslim, trebinje ist serbians", pas d'autres informations : il n'y va pas !

    Un mélange de religions et de cultures, de nationalismes et de mixité, on a hâte de voir Sarajevo !
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